Le retrait du projet de loi d'extradition de suspects vers la Chine continentale, source des manifestations pro-démocratie dans Hong Kong, est signe d'une victoire des manifestants sur les autorités pro-Pékin, accusées de remettre en cause l'autonomie de l'ancienne colonie britannique.
Comme quoi, la lutte, notamment quand elle devient violente par réaction à la violence du pouvoir, finit par payer. Hong Kong nous en donne un exemple avec l'annonce du retrait du projet de loi d'extradition de suspects - tant hongkongais qu'étrangers - vers la Chine continentale, ce mercredi 4 septembre, par la cheffe de l'exécutif de l'île, Carrie Lam (cf liens n°1, n°2). Ce projet de loi a déclenché une série de manifestations depuis trois mois, où plusieurs centaines de milliers, voire quelques millions de hongkongais, descendirent dans la rue pour marquer une opposition farouche, quitte à subir des violences de la part des forces de l'ordre (social).
Maintien du "un État, deux systèmes"?
Mais derrière ce projet de loi figurait l'enjeu du degré d'autonomie de Hong Kong par rapport à la Chine continentale. Lors du rattachement de l'ancienne colonie britannique à la République populaire de Chine en 1997, la formule consacrée veut que ce soit "un État, deux systèmes". C'est-à-dire, Hong Kong n'a pas de politique extérieure (diplomatie, défense) propre à elle, s'alignant de facto sur Pékin, mais pour le reste - justice, économie, institutions politiques, système éducatif, etc. -, l'île peut suivre sa propre politique, marquant une différence avec le reste de la Chine. Ce qui fait que ce projet de loi, portant sur le système judiciaire, a été immédiatement perçu comme une atteinte à l'autonomie de Hong Kong par les opposants, qui peuvent aujourd'hui penser avoir obtenu gain de cause.
Mais est-ce pour autant une reculade sérieuse de la part de Pékin? Si la crainte d'une intervention militaire semble être réduite, il n'en demeure pas moins que les autorités chinoises n'en resteront pas là et veilleront à ne pas lâcher du lest car Hong Kong sert aussi de vitrine pour la Chine auprès du reste du monde pour montrer combien l'ex-empire du Milieu est pleinement inscrit dans le cadre du capitalisme, même s'il s'agit de capitalisme d'État où le Parti communiste chinois, contrôlant le pays depuis octobre 1949 - bientôt 70 ans -, n'a de communiste que le nom. Puis des militants, des élus pro-démocratie ont été incarcérés vendredi 30 août, la veille d'une nouvelle journée de manifestation. Seront-ils libérés? En voilà une question.
De même que durant cette lutte, certain(e)s ont noté une attitude curieuse de la police envers les Triades (mafia chinoise). Un soupçon de passivité, voire de complicité des flics quand des manifestants se faisaient tabasser par les Triades. De quoi se demander si le PCC a trouvé un allié objectif avec les Triades, alors qu'idéologiquement parlant, les communistes chinois considèrent les Triades comme des ennemis et réciproquement.
Si ce retrait du projet de loi d'extradition est une victoire des manifestants, tout n'est pas totalement réglé.
A Hong Kong, le projet de loi à la source des manifestations retiré
Source de mécontentement, le projet de loi d'extradition de suspects vers la Chine a été retiré aujourd'hui. Hier, suite à cette possibilité, la bourse remonte en flèche. Ce mercredi, Carrie...