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JoSeseSeko

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"Il ne faut jamais prendre les gens pour des cons, mais il ne faut pas oublier qu'ils le sont." Cette phrase résume une recherche de vérité, de développer de l'information sur une variété de sujets, notamment l'économie, la politique et l'histoire. Et ce, dans plusieurs pays du monde.


Des statues occidentales dans le collimateur

Publié par JoSeseSeko sur 11 Juin 2020, 16:18pm

Catégories : #Amériques, #États-Unis, #Europe, #Royaume-Uni, #Belgique, #France, #Histoire, #Esclavage, #Colonisation, #Racisme

Photo: Flickr/Heidenseek

Photo: Flickr/Heidenseek

Ces derniers jours, des déboulonnements de statues de personnages historiques occidentaux sont observés dans plusieurs pays. En France, certains activistes veulent en faire de même, suscitant des cris d'orfraie de toutes parts.

Peut-on parler de retour de boomerang symbolique? Ces derniers jours, dans le prolongement des manifestations contre les violences policières et le racisme (institutionnel), consécutif à la mort de George Floyd à Minneapolis, le 25 mai dernier, des statues de personnages historiques se font déboulonner, voire détruire, dans certains pays occidentaux. Aux États-Unis, la statue de Christophe Colomb, "découvreur de l'Amérique", à Boston, a été décapitée. Au Royaume-Uni, la statue d'Edward Colston, un négociant ayant fait fortune dans l'esclavage négrier, a été jetée dans une rivière à Bristol. En Belgique des statues du roi Léopold II, colonisateur du Congo-Zaïre et exploiteur des congolais, ont été vandalisées à Bruxelles et l'une d'entre elles a dû être déboulonnée à Anvers (cf liens n°1, n°2, n°3).

Indignation hypocrite

En France, nombre de statues de personnages sulfureux - euphémisme - sont présentes dans l'espace public. Celles de Louis XIV, de Jean-Baptiste Colbert, de Napoléon Bonaparte, de Louis Faidherbe, de Jules Ferry, de Thomas Robert Bugeaud en sont quelques exemples. Et certains militants antiracistes visent actuellement la statue de Colbert présente au niveau du Palais Bourbon, siège de l'Assemblée nationale, à Paris, en raison de son implication dans la rédaction du Code Noir, promulgué en 1685 par Louis XIV (cf lien n°4). Certains bien-pensants estiment que ces activistes se trompent parce que Colbert mourut en 1683, deux ans avant. Mais l'essentiel du Code Noir était déjà rédigé par Colbert et son fils, le marquis de Seignelay, paracheva le travail de son père en 1685. Puis le fait de déboulonner des statues n'est pas une importation états-unienne. Avant la mort de Floyd, deux statues de Victor Schœlcher, principal artisan de l'abolition de l'esclavage en 1848, ont été déboulonnées en Martinique le 22 mai dernier et cela fit un écho bien relatif, alors que le personnage est fort différent d'un Colbert ou d'un Napoléon.

Face à cette tendance, l'union sacrée des paternalistes de droite et des fraternalistes de gauche jure que c'est finalement de la barbarie faite par des minorités non-blanches, qui plus est, dans une sphère de civilisation qu'est l'Occident. C'est dire s'ils ont une méconnaissance de leur propre histoire, notamment les fraternalistes de gauche (cf lien n°5). Ces derniers parleraient-ils de la même manière à propos des révolutionnaires qui détruisirent la statue de Louis XIV à la place Vendôme en 1792? Et quand la Commune de Paris, le 16 mai 1871, détruisit sur cette même place, la colonne Vendôme, avec une statue de Napoléon à son sommet, auraient-ils poussé des cris d'orfraie, à l'instar des Versaillais? Poser de telles questions, c'est y répondre. En tout cas, ça ne s'était pas scandalisé au sujet des diverses statues de Lénine déboulonnées dans les pays d'Europe de l'Est lors de la chute du bloc soviétique, au tournant des années 1990. Ou bien il y avait de l'indifférence quand la statue du général Thomas-Alexandre Dumas, premier général afro-descendant de la République en 1793, père de l'écrivain Alexandre Dumas, fut détruite sous l'Occupation.

Barbarie occidentale

Enfin, pour ces gens-là qui jurent que c'est prendre à des statues de tortionnaires de l'humanité, c'est s'en prendre à une civilisation, il serait bon de leur rappeler que la civilisation qu'ils chérissent tant est une civilisation barbare. Seulement, elle s'est toujours déployée ailleurs, au nom d'une pseudo-supériorité pigmentaire (pour ne pas dire raciale) en usant des conditions matérielles pour l'affirmer puis s'appuyer sur des théories pour s'en justifier. Ce faisant, cette civilisation occidentale, tel Attila, rasa tout (ou presque) sur son passage dans d'autres régions du monde pour plusieurs siècles, colonisant, esclavagisant, exterminant toute civilisation extra-occidentale.

Et la seule fois où la civilisation occidentale fut mise à mal dans ses profondeurs, au 20e siècle, c'est par un des siens qui industrialisa la barbarie, l'extermination, dans son continent. Je veux parler d'Adolf Hitler. Il a poussé à l'extrême la décadence occidentale et éveillé un traumatisme profond en Occident. Ce qui fait que le Discours sur le colonialisme d'Aimé Césaire, et je terminerais là-dessus, est encore plus frappant, notamment les passages suivants.

  • Il faudrait d'abord étudier comment la colonisation travaille à déciviliser le colonisateur, à l'abrutir au sens propre du mot, à le dégrader,à le réveiller aux instincts enfouis, à la convoitise, à la violence, à la haine raciale, au relativisme moral, et montrer que, chaque fois qu'il y a au Viet-Nam une tête coupée et un œil crevé et qu'en France on accepte, une fillette violée et qu'en France on accepte, un Malgache supplicié et qu'en France on accepte, il y a un acquis de la civilisation qui pèse de son poids mort,une régression universelle qui s'opère, une gangrène qui s'installe, un foyer d'infection qui s'étend et qu'au bout de tous ces traités violés, de tous ces mensonges propagés,de toutes ces expéditions punitives tolérées, de tous ces prisonniers ficelés et«interrogés», de tous ces patriotes torturés, au bout de cet orgueil racial encouragé, de cette jactance étalée, il y a le poison instillé dans les veines de l'Europe, et le progrès lent, mais sûr, de l'ensauvagement du continent.
  • Et alors, un beau jour, la bourgeoisie est réveillée par un formidable choc en retour: les gestapos s’affairent, les prisons s’emplissent,les tortionnaires inventent, raffinent, discutent autour des chevalets. On s'étonne, on s’indigne . On dit: «Comme c’est curieux! Mais, bah! C'est le nazisme, ça passera!» Et on attend, et on espère; et on se tait à soi-même la vérité,que c'est une barbarie, mais la barbarie suprême, celle qui couronne, celle qui résume la quotidienneté des barbaries; que c'est du nazisme, oui, mais qu'avant d'en être la victime, on en a été le complice; que ce nazisme-là, on l'a supporté avant de le subir,on l'a absous, on a fermé l'œil là-dessus, on l'a légitimé, parce que, jusque-là, il ne s'était appliqué qu'à des peuples non européens; que ce nazisme-là,on l'a cultivé,on en est responsable,et qu'il sourd, qu'il perce,qu’il goutte, avant de l'engloutir dans ses eaux rougies, de toutes les fissures de la civilisation occidentale et chrétienne.
  • Oui ,il vaudrait la peine d'étudier, cliniquement, dans le détail, les démarches d'Hitler et de l'hitlérisme et de révéler au très distingué, très humaniste, très chrétien bourgeois du xxe siècle qu'il porte en lui un Hitler qui s’ignore, qu’Hitler l'habite, qu'Hitler est son démon,que s'il le vitupère, c'est par manque de logique, et qu'au fond, ce qu'il ne pardonne pas à Hitler, ce n'est pas le crime en soi, le crime contre l'homme,ce n'est pas l'humiliation de l'homme en soi, c'est lecrime contre l'homme blanc, c'est l'humiliation de l'homme blanc, et d'avoir appliqué à l'Europe des procédés colonialistes dont ne relevaient jusqu'ici que les Arabes d'Algérie, les coolies de l’Inde et les nègres d'Afrique. Et c'est là le grand reproche que j'adresse au pseudo-humanisme: d'avoir trop longtemps rapetissé les droits de l'homme, d'en avoir eu, d'en avoir encore une conception étroite et parcellaire, partielle et partiale et, tout compte fait, sordidement raciste.
  • J'ai beaucoup parlé d'Hitler. C'est qu'il le mérite: il permet de voir gros et de saisir que la société capitaliste, à son stade actuel,est incapable de fonder un droit des gens, comme elle s'avère impuissante à fonder une morale individuelle. Qu'on le veuille ou non: au bout du cul-de-sac Europe, je veux dire l'Europe d'Adenauer, de Schuman, Bidault et quelques autres, il y a Hitler. Au bout du capitalisme, désireux de se survivre, il y a Hitler. Au bout de l'humanisme formel et du renoncement philosophique, il y a Hitler.

À bon entendeur.

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Le lycée Florent-Schmitt change de nom<br /> https://www.leparisien.fr/hauts-de-seine-92/le-lycee-florent-schmitt-change-de-nom-30-09-2004-2005333747.php<br /> <br /> Des habitants de Saint-Cloud veulent débaptiser un lycée <br /> https://www.lemonde.fr/archives/article/2002/05/03/des-habitants-de-saint-cloud-veulent-debaptiser-un-lycee_274118_1819218.html
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