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JoSeseSeko

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"Il ne faut jamais prendre les gens pour des cons, mais il ne faut pas oublier qu'ils le sont." Cette phrase résume une recherche de vérité, de développer de l'information sur une variété de sujets, notamment l'économie, la politique et l'histoire. Et ce, dans plusieurs pays du monde.


Pour réduire la dette publique, il faut compter (hélas) sur l'inflation

Publié par JoSeseSeko sur 20 Avril 2023, 15:27pm

Catégories : #Économie, #Europe, #France, #Dette Publique, #Austérité

Photo: AFP

Photo: AFP

En présentant le programme de stabilité ce jeudi auprès de la Commission européenne, le gouvernement, via le ministre de l'Économie et des Finances Bruno Le Maire, veut assurer qu'il mènera une politique d'austérité, estimant (à tort) que celle-ci permettra de réduire la dette publique.

Est-ce qu'après le "quoi qu'il en coûte" déployé tous azimuts, c'est l'austérité à tous crins qui pend au nez la France? C'est ce à quoi on peut s'attendre avec l'envoi du programme de stabilité du gouvernement auprès de la Commission européenne, ce jeudi 20 avril, sur la gestion des finances publiques (cf lien n°1). Le ministre de l'Économie et des Finances Bruno Le Maire tient à souligner que celle-ci sera orientée vers un désendettement de la France, de telle manière à ce que la dette publique, correspondant à 111,6% du Produit intérieur brut (PIB) fin 2022 selon l'Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), passe à 108,3% du PIB en 2027. Sachant qu'en parallèle, Bercy mise sur une réduction du déficit public, établi à 4,7% du PIB en 2022 selon l'Insee (cf lien n°2), en l'amenant à 2,7% en 2027.

Où réduire les dépenses?

C'est bien beau de vouloir désendetter le secteur public, mais par quel procédé? Selon Le Maire, la piste privilégiée est une réduction de la dépense publique, correspondant à 58,1% du PIB en 2022 selon l'Insee. Avec comme arrière-pensée de continuer à véhiculer la légende urbaine chantée par les économistes orthodoxes comme quoi le secteur privé est dominé par le secteur public, qui serait une ponction de la création de richesse. Or, plusieurs économistes hétérodoxes rappellent l'imbrication du secteur public et du secteur privé dans la création de richesse, que le secteur public est donc productif, mais aussi le fait que les rémunérations du personnel du secteur public ont une proportion qui stagne depuis les années 1980 (cf lien n°3). D'où le fait qu'Emmanuel Macron ait annoncé, dans son déplacement dans l'Hérault, une hausse des salaires nets pour les enseignants, quelle que soit leur période de carrière (cf lien n°4).

Alors, s'il ne faut pas couper dans les rémunérations, qui ont été bien gelées ces dernières années, sur quoi le gouvernement compte-t-il faire de l'austérité? Ce sera sur les dépenses sociales, probablement. Et le premier galop d'essai est le dépeçage des retraites (pardon, la réforme des retraites), passé en force via le 49.3 et validé par le Conseil constitutionnel vendredi 14 avril, au prix de manifestations record dans l'histoire récente du pays. Il faudra s'attendre à de nouveaux dépeçages - pardon, de nouvelles réformes - sur l'assurance-chômage, ou plus généralement sur la Sécurité sociale. C'est-à-dire un pan de l'économie qui échappe au capital et dont le pouvoir actuel, qui est son serviteur, veut lui permettre de s'en donner à cœur joie.

Mais si ça veut réduire véritablement les dépenses publiques, le gouvernement pourrait casser toutes les aides cumulatives aux entreprises - notamment les plus grandes -, s'exprimant par le biais de subventions, d'exonération de cotisations sociales au niveau du Smic de type CICE, etc, qui représentaient 157 milliards d'euros en 2019 (avant la crise Covid). Mais "prendre l'argent là où il est", ce serait impensable de la part du pouvoir.

L'inflation réduit (partiellement) la dette

La logique de réduction des dépenses publiques pour réduire la dette publique paraît rationnelle, quand on regarde les choses à la surface et qu'on se laisse aliéner par les gouvernants et les économistes orthodoxes (libéraux, néo-libéraux, etc.) qui véhiculent les idées de la classe dominante (bourgeoisie). Mais déjà au niveau de la réflexion intellectuelle, cela est battu en brèche. Par exemple, les économistes orthodoxes Kenneth Rogoff et Carmen Reinhart avaient défendu l'idée qu'au-delà du seuil de 90% de dette publique, un pays entrait en récession (-0,1% en moyenne), justifiant alors le fait de mener des politiques d'austérité. Patatras, l'économiste Thomas Herndon signale que sur ce même seuil de dette publique, un pays pouvait connaitre de la croissance (2,2% en moyenne) et non une récession, car Rogoff et Reinhart ont omis quelques pays dans leur calcul économétrique. Et souvenons-nous des politiques d'austérité en Grèce durant la décennie 2010 qui ont littéralement saigné l'économie grecque sur cette même période, faisant exploser la dette publique.

Or, d'autres moyens sont utiles pour réduire la dette publique. L'un d'entre eux est l'inflation. Il est communément admis que l'inflation réduit le poids réel de la dette, dans la logique keynésienne d'euthanasier les rentiers. Et il fort probable que la baisse actuelle de la dette publique en France soit davantage liée à la spirale inflationniste qu'à une baisse des dépenses publiques. Néanmoins, l'inflation actuelle pose problème. D'une part, elle n'est pas issue d'une boucle prix-salaires mais d'une boucle prix-profits qui est au désavantage des prolétaires. Et d'autre part, son effet sur le désendettement est limité par les emprunts indexés sur l'inflation, qui se retrouvent renchéris par l'inflation, surtout qu'en France, les emprunts indexés sur l'inflation sont majoritairement alignés sur l'inflation de la zone euro, qui est supérieure à l'inflation en France. Pas étonnant alors que les intérêts de la dette représentent un poste de dépenses important pour l'État (cf lien n°5).

Enfin, l'option rachat direct de titres de dette publique, qui s'est opérée en Europe comme ailleurs dans les pays développés après la crise de 2008, à travers les politiques d'assouplissement quantitatif, a de quoi séduire. Mais cela est au prix de gonfler les bilans des banques centrales, sans pourtant pousser vers de l'inflation, ou très marginalement. Puis cela enlève du pouvoir aux ménages riches, aux institutions financières, qui sont des gros détenteurs de dette publique, en plus de connaître une tendance à la baisse de la pression fiscale sur eux. Ce qui permet de rappeler que "la dette, c'est de la redistribution à l'envers!"

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