Il y a bien plus intéressant et plus sérieux que de s'occuper des bisbilles pour la présidence du parti d'opposition UMP, que convoite l'ancien président de la République Nicolas Sarkozy entre autres. Tournons-nous vers Dakar.
Ce week-end a lieu dans la capitale sénégalaise, le 15e sommet de la Francophonie. D'ailleurs, à cette occasion, l'Organisation internationale de la francophonie (OIF), qui recense (si on peut dire) les pays où la langue de Molière figure en tant que langue officielle (à quelques exceptions près), va changer de tête. En effet, l'actuel secrétaire général de l'OIF, Abdou Diouf, ancien président du Sénégal de 1981 à 2000, va passer la main. Mais aussi, ce sommet intervient en pleine période de craintes pour les populations locales, avec le virus Ebola frappant l'Afrique de l'Ouest, en grande partie francophone (Guinée, Côte d'Ivoire, Mali, etc.).
Engagements contre Ebola
L'occasion pour le président français, François Hollande, de renouveler des engagements de la part de la France dans la lutte contre ce virus qui a franchi en novembre le cap des 5.000 morts, essentiellement des pauvres qui ont un accès aux soins déficient, contrairement aux riches qui bénéficient de meilleurs services de santé. D'autant plus que la France n'est pas le seul pays qui met ou qui cherche à mettre des moyens financiers et humains. Cuba, par exemple, envoie des médecins sur le continent africain, non sans risques pour eux, mais en signe de solidarité, ce qui n'est pas une première de la part de l'île caribéenne en Afrique.
Une présence décadente en Afrique
Quelque part, avec l'exemple d'Ebola, la France veut montrer dans ce sommet de la Francophonie qu'elle reste influente sur le continent, à travers ses anciennes colonies notamment. Ce qui laisse un arrière-goût très amer d'assister à un sommet Françafrique, alors que d'autres pays francophones ne sont pas issus du continent africain (Canada, Haïti, Vietnam, Belgique, etc.).
Puis, c'est malgré tout le dernier grand vestige conservateur de la présence de l'Hexagone en Afrique, où elle recule, comme le Royaume-Uni avec les pays membres du Commonwealth (équivalent anglophone de la Francophonie), face aux États-Unis et à la Chine, qui s'intéressent au potentiel économique de la région. En témoigne un billet du site de la radio Cameroonvoice (voir lien à la fin de l'article), qui ne mâche pas ses mots sur la Francophonie, pion de la Françafrique maintenant une influence française dans la partie francophone du continent.
Potentiel économique et culturel
Mais sur cette question du potentiel, la France estime qu'elle peut y jouer puisque des cabinets anglo-saxons et français estiment que le français pourrait être parlé par près de 750 millions de personnes dans le monde à l'horizon 2050, dépassant même l'anglais (ce qui flatterait l'orgueil du français chauvin de base). Et pour une raison bien simple: la croissance mondiale se fait essentiellement en Afrique (y compris dans l'Afrique francophone, avec plus de difficultés), et le continent a une partie de sa population qui s'embourgeoise, aspirant à s'informer, à consommer.
Un effet d'aubaine dont la France veut avoir sa part, grâce à la langue. Par exemple, dans la presse, les rédactions françaises ou internationales organisent une division "Afrique" complètement autonome. La chaîne audiovisuelle du service public britannique BBC a une division intitulée BBC Afrique, où les articles sont écrits en... français. De même que l'hebdomadaire Le Point a lancé depuis quelques mois sa division "Afrique", autonome du reste de la rédaction du journal, ou encore le site Slate avec Slate Afrique par exemple. Néanmoins, dans ce domaine de la presse écrite (ou en ligne), le pionnier demeure Jeune Afrique, et cela fait un demi-siècle que ça dure.
Question de Constitution
Un autre sujet qui pourrait être évoqué durant ce sommet est la question du pouvoir des dirigeants africains. En effet, ce sommet intervient après les événements du Burkina Faso, qui ont poussé Blaise Compaoré au départ, lui qui s'était accroché au pouvoir comme un skieur à son tire-fesses. Et d'autres pourraient lui emboîter le pas, tels Joseph Kabila au Congo-Zaïre, ou Denis Sassou Nguesso au Congo-Brazzaville. Les populations, notamment la jeunesse, affichent une plus grande vigilance sur le respect de la Constitution de la part des élus, et vont de moins en moins hésiter à montrer leurs désaccords avec le pouvoir en allant dans la rue. Et si l'armée fraternise, c'en est fait de la présidence d'un tel ou tel homme (ou femme, peu d'entre elles sont élues présidentes, hélas) au sommet de l'État.
Même s'il ne faut pas forcément s'attendre à de grands bouleversements géopolitiques immédiats, ce sommet pourrait indiquer des contours d'un changement profond et de long terme des mentalités, notamment dans l'Afrique francophone.
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