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JoSeseSeko

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"Il ne faut jamais prendre les gens pour des cons, mais il ne faut pas oublier qu'ils le sont." Cette phrase résume une recherche de vérité, de développer de l'information sur une variété de sujets, notamment l'économie, la politique et l'histoire. Et ce, dans plusieurs pays du monde.


Soutien critique à Aya Nakamura, point barre!

Publié par JoSeseSeko sur 14 Mars 2024, 12:47pm

Catégories : #Racisme, #France, #Nakamura, #Jeux Olympiques, #Médias

Photo: Flickr/Jérôme Pouille

Photo: Flickr/Jérôme Pouille

Le défouloir négrophobe à l'égard de la chanteuse Aya Nakamura par rapport à sa participation à la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques en juillet prochain pour reprendre des chansons d'Édith Piaf pousse naturellement à ce qu'elle soit soutenue. Quitte à mettre en sourdine ses positionnements passés pour le moins légers sur la question du racisme en France.

Et voilà la polémique du moment! En l'occurrence, la participation d'Aya Nakamura à la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques de Paris, le 26 juillet prochain, reprenant des chansons d'Édith Piaf. De quoi ulcérer l'extrême-droite et plus largement les négrophobes en France, bien relayés par les médias appartenant notamment à Vincent Bolloré le françafricain et ses chiens de garde comme Cyril Hanouna par exemple, pour s'en prendre à la chanteuse française la plus écoutée dans le monde, actuellement. En tout cas, Nakamura peut compter sur le soutien de ses fans, notamment ses fans afro-descendants, pour faire face.

Le précédent Sy

Néanmoins, une question me taraude, personnellement, au vu de la tournure de ce défouloir négrophobe: Faut-il soutenir inconditionnellement ou de manière critique Nakamura? Certain(e)s militant(e)s afro-descendant(e)s, notamment au sein de l'afroféminisme, peuvent trouver cette question saugrenue, voire même déplacée vu le contexte actuel. Or, elle est nécessaire pour savoir qui agit en cohérence avec son état d'esprit ou qui agit en mode mouton de Panurge. Cela repose sur le fait que Nakamura se défend contre les attaques racistes parce qu'elle est visée personnellement. Mais quand elle n'est pas ciblée par l'extrême-droite, son positionnement est plus ambigu sur la question du racisme. Pour preuve, en mai 2019, durant une interview sur la chaine France 5, elle déclara: "Je ne dis pas que la France est raciste, loin de là", en réponse à une question sur le fait que son succès en tant que femme noire passe mal auprès d'un certain public dans l'Hexagone (cf vidéo). Or, cela faisait près de trois ans qu'Adama Traoré mourut dans une caserne de gendarmerie à Persan (Val-d'Oise), plus de deux ans que Théodore Luhaka fut violé via un coup de matraque dans l'anus de la part d'un policier à Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), et quelques mois après une interpellation massive de 151 collégiens en mode "voilà une classe qui se tient sage" à Mantes-la-Jolie (Yvelines). Nakamura ne pourrait pas faire comme si ces histoires, illustrant un racisme institutionnel à la française, n'avaient pas existé.

Toujours est-il que ce n'est pas sans rappeler un précédent concernant Hapsatou Sy. En septembre 2018, alors chroniqueuse dans l'émission "Les terriens du dimanche" de Thierry Ardisson sur C8, appartenant à Bolloré d'ailleurs, elle reçoit une remarque raciste de la part d'Éric Zemmour sur son prénom, jugeant que la mère d'Hapsatou Sy a eu "tort" de la prénommer ainsi. Là aussi, spontanément, lui apporter un soutien inconditionnel semblait aller de soi. Mais non car Sy, en plus d'un état d'esprit individualiste, capitaliste, était venue au secours de Willy Sagnol quand ce dernier, alors entraîneur des Girondins de Bordeaux, déclarait que le joueur africain serait "pas cher", "physique", sous-entendant qu'il ne serait pas "technique", sachant qu'il devait anticiper des départs de joueurs pour la Coupe d'Afrique des nations en 2015.

Par conséquent, au risque d'attirer la critique des militantes afroféministes, ma position est celle d'un soutien critique à Nakamura car si on décide de faire fi du passé, peut-être du passif, cela montre que la recherche d'avancées vers l'égalité patauge et que peu de leçons furent tirée de plusieurs exemples historiques venus d'ailleurs - le mouvement des droits civiques aux États-Unis par exemple -, qui n'ont pas hésité à lutter tout en ayant des critiques sur les modalités utilisées et les soutiens apportés à telle ou telle figure artistique.

France ridiculisée

Il n'empêche, à travers cette polémique, le Comité d'organisation des JO de Paris a jeté en pâture Nakamura, qui n'avait rien demandé à la base soit dit en passant, et offre un spectacle ridiculisant - une fois de plus - l'image de la France dans le monde. Les unes dans la presse étrangère montrent combien la France peine à admettre que la partie de sa population ayant des racines extra-européennes, et tout particulièrement africaines (du Nord au Sud du continent), compte véritablement à ses yeux. Puis le choix de reprendre des chansons de Piaf par Nakamura peut sembler curieux au premier abord. Mais à y réfléchir, ce n'est pas forcément incongru. Nakamura est la chanteuse française la plus écoutée au monde, comme je l'ai rappelé ci-haut. Piaf était, en son temps, notamment après la Seconde guerre mondiale, la chanteuse française la plus écoutée au monde. Notamment outre-Atlantique. D'ailleurs, ce n'est pas un hasard si le film La Môme, retraçant la vie de la chanteuse, fut un succès aux États-Unis en 2008, permettant à Marion Cotillard d'obtenir l'Oscar de la meilleure actrice en jouant le rôle-titre.

Après, on aurait pu suggérer qu'au lieu de reprendre du Piaf, le COJO demande à Nakamura de reprendre les chansons de Joséphine Baker. Ce qui aurait permis d'imaginer une certaine filiation puisque Baker, née aux États-Unis, fit l'essentiel de sa carrière de chanteuse en France, à partir des années 1920, faisant face à la négrophobie ambiante de l'époque, notamment autour de l'hypersexualisation de la femme noire, dont elle fut la cible; puis œuvrant pour la Résistance gaulliste durant la Seconde guerre mondiale, Baker fut honorée par la République au point d'avoir ses cendres transférées au Panthéon en novembre 2021. La dernière panthéonisation avant celle de Missak et Mélinée Manouchian, en février dernier, marquant la reconnaissance envers la Résistance communiste et immigrée.

À bon entendeur!

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