Ces dernières semaines, des intellectuels, des politiques, des parents d'élèves et des professeurs s'étripent sur les modalités de la réforme du collège menée par le ministère de l'Éducation nationale.
La réforme des programmes du collège sent le soufflé qui va vite retomber. Comme beaucoup d'autres réformes concernant l'Éducation nationale depuis près de 50 ans, celle-ci connait un vent fort de remontrances de la part de plusieurs groupes (élus, parents d'élèves, profs, pseudo-intellectuels, etc.) qui pourrait réduire à néant les ambitions du projet de la ministre Najat Vallaud-Belkacem. Et pourtant, le sujet en question mérite d'être revu, pour l'intérêt des élèves français, qui seront de futur(e)s citoyen(ne)s.
À en perdre son latin?
Le grand point de la polémique concerne les cours de latin (et de grec ancien). Beaucoup disent que cette réforme va supprimer les cours de ces langues mortes, qui forment pourtant la base de la langue française, telle qu'elle l'est au jour d'aujourd'hui. Ce à quoi le ministère répond par la négative, affirmant que le latin et le grec feront partie d'un ensemble de choix dans les enseignements pratiques interdisciplinaires (EPI), "obligatoires pour tous les élèves".
Cette problématique autour du latin ne peut laisser indifférent beaucoup de monde, moi y compris. Je me souviens que durant mes années au collège, il y a environ 10 ans de cela maintenant, je suivais cette langue morte, qui est pour l'instant une option. Qui dit option dit choix de ne pas la suivre, surtout si on connait des faiblesses en français. Perso, comme j'étais à l'aise en français, et poussé par la famille, je cherchais à perfectionner indirectement mon niveau de français par les cours de latin. Et ce n'est pas une démarche unique. Beaucoup de mes camarades latinistes de l'époque ayant un bon niveau de français furent incités par leurs familles à suivre cette option. Très peu de latinistes suivaient ce cours en ayant un niveau moyen, voire médiocre en français. De facto, l'option latin correspond à un certain élitisme des collégiens, ceteris paribus.
Langues et cultures étrangères
Un des autres axes de la réforme qui a fait grand bruit est la gestion des langues vivantes (anglais, espagnol, allemand, etc.). Il était évoqué une suppression de classes bilingues existant en 6e, notamment les classes bilingues allemand. Ce qui a fait sortir de leurs gonds plusieurs profs d'allemand et d'élus, dont l'ancien Premier ministre Jean-Marc Ayrault, lui-même ancien prof d'allemand. Sur cette question des langues vivantes, la LV2 serait enseignée dès la 5e, et non plus dès la 4e. Ce qui semble être un progrès. Mais il y aurait seulement 1h30 de cours par semaine qui y serait consacré, si j'ai bonne mémoire des articles de presse évoquant cette partie de la réforme. Pas sûr que cela suffise pour que les collégiens apprennent la conjugaison, la grammaire et certains aspects culturels de la langue en question.
Pas touche à l'histoire officielle
Dernier sujet d'affrontements, les programmes d'histoire. Les opposants à la réforme indiquent que l'histoire médiévale chrétienne serait mise au second plan, au profit de l'histoire du monde arabo-musulman du début du Moyen-Âge, pesant ainsi de lourds soupçons sur la ministre, en raison de ses origines marocaines. De même que ces derniers déplorent que l'image de Napoléon Bonaparte donnée par les cours serait de plus en plus dégradante, et mensongère pour eux. Or, ceux qui disent ça sont des bien-pensants, tenant à une histoire officielle qui consiste, comme l'écrivit la philosophe Simone Weil (1909-1943), "à croire des meurtriers sur parole", préférant ainsi colporter une légende dorée de Napoléon Bonaparte, le négrophobe le plus célèbre de l'histoire de France, tout en maintenant une légende noire à Maximilien Robespierre, l'Incorruptible défenseur des pauvres, des esclaves. D'ailleurs, même si Napoléon a moins de place dans les programmes, sa légende dorée est loin d'avoir disparue dans ces cours qui lui sont consacrés et la vérité sur Robespierre est loin d'être enseignée.
Bref, cette réforme, de la part de Vallaud-Belkacem, tend à s'écrouler, maintenant pour le plaisir des bien-pensants, une certaine bêtise à enseigner auprès des enfants.
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Avec presque 4 500 signatures recueillies par notre pétition au moment de la rédaction de ces lignes, les lecteurs de "Marianne" se sont massivement mobilisés contre la réforme du collège prop...
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