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JoSeseSeko

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"Il ne faut jamais prendre les gens pour des cons, mais il ne faut pas oublier qu'ils le sont." Cette phrase résume une recherche de vérité, de développer de l'information sur une variété de sujets, notamment l'économie, la politique et l'histoire. Et ce, dans plusieurs pays du monde.


Patrick Drahi, un homme d'affaires aux dents longues

Publié par JoSeseSeko sur 28 Novembre 2015, 13:40pm

Catégories : #Économie, #Médias, #Presse, #Sport, #Football, #Drahi, #Altice, #Droits télé, #Premier League, #Royaume-Uni

Photo: REUTERS/PHILIPPE WOJAZER

Photo: REUTERS/PHILIPPE WOJAZER

Avec l'acquisition des droits télé du championnat d'Angleterre de football de 2016 à 2019, Patrick Drahi frappe un grand coup envers Canal+ et son patron, Vincent Bolloré. L'homme d'affaires franco-israélien affiche une volonté de puissance controversée pour ses détracteurs.

"Altice gagne la bataille d'Angleterre", titrait le journal sportif l'Équipe, vendredi 27 novembre. Pour cause, la société dirigée par Patrick Drahi vient de remporter les droits télévisuels pour la diffusion en France des matchs du championnat d'Angleterre, pour la somme record de 300 millions d'euros de 2016 à 2019. Soit 100 millions par an (cf liens n°1 et 2). Un coup venu de nulle part! En tout cas, Canal+, jusqu'à présent acquéreur historique des droits TV de la Premier league anglaise, déboursait 63 millions d'euros par an pour les matchs ayant lieu outre-Manche.

Affirmation de la puissance anglaise

Ces 100 millions annuels venant de France à partir de la saison 2016-2017 vont s'ajouter aux 2,3 milliards de droits TV prévus par les chaînes britanniques dès la saison prochaine également. Cette vague inflationniste pour la diffusion des matchs outre-Manche, et donc l'enrichissement de clubs comme Manchester City, Manchester United, Arsenal, Chelsea, ou Liverpool n'est pas uniquement en provenance des pays européens, rappelle le quotidien sportif français. Les autres continents font également des offres croissantes, tant en Asie que dans les Amériques (la chaîne états-unienne NBC propose 62M€ aujourd'hui, soit +270% par rapport à 2010-2013, par exemple).

Et comme "l'argent attire l'argent" selon la formule, ça va renforcer la concentration des meilleurs joueurs sur une seule zone et au nom de la concurrence, un oligopole britannique sera en marche, à moins que les autres championnats, dont celui de France, fassent de la surenchère pour espérer résister. En tout cas, Albion a une grosse longueur d'avance financière qui peut lui permettre de vampiriser le football européen, ou du moins le football français, quitte à ce que l'équipe d'Angleterre soit perdante à terme.

Coup dur pour Bolloré

Dès l'été prochain, il faudra zapper sur Ma chaîne sport, filiale du groupe Altice de Drahi, pour voir les clubs anglais jouer. Un coup très dur pour Canal+, diffuseur historique du foot anglais en France, qui s'est fait avoir sans coup férir, déjà qu'il est concurrencé par la chaîne beIN Sports pour la diffusion de la Ligue 1. Mais c'est surtout son président, Vincent Bolloré, qui subit une défaite personnelle supplémentaire. Depuis sa prise de fonctions à la tête de la chaîne cryptée en juin 2015 - étant en plus président du conseil de surveillance de Vivendi, la maison-mère -, l'homme d'affaires français suscite la polémique à son sujet.

L'envie de supprimer l'émission humoristique Les guignols de l'Info est mal passée auprès du public ou de certains cadres de Canal+ l'été dernier, poussant ce proche du président François Hollande et (surtout) de son prédécesseur, Nicolas Sarkozy, à reculer en décidant de faire passer cette émission symbolique de "l'esprit Canal" en crypté, alors qu'elle était en clair depuis ses débuts (1988). Conséquence, une chute incroyable du nombre d'abonnements depuis le début de l'année 2015 (88.000), en dépit des investissements lancés. Et cette perte des droits télé du foot anglais va accélérer ce plongeon.

Un appétit d'ogre

Depuis près de deux ans, la stratégie d'investissements tous azimuts de Drahi fait que l'homme d'affaires franco-israélien est désormais reconnaissable partout. Il faut dire que la troisième fortune de France et cinquante-septième mondiale, selon le magazine états-unien Forbes, démontre un appétit d'ogre, avec sa société Altice. Premier coup d'éclat, il rachète l'opérateur téléphonie SFR pour 13,6 milliards d'euros en 2014. Par la suite, il enchaîne sur la presse écrite avec les rachats du quotidien Libération, de l'hebdomadaire L'Express, incluant les autres titres de ce groupe de presse (L'Expansion, Mieux vivre votre argent, L'Étudiant, etc.), de même qu'en plus d'avoir pris des parts dans le groupe NextRadioTV (BFMTV, RMC Info) pour le reprendre totalement d'ici 2019, il a lancé depuis 2013 la chaîne d'info israélienne i24news. Tout ceci témoigne de l'intérêt que représente une presse écrite multiforme, mais dont l'environnement peut être schizophrène par moments.

Mais pour pouvoir se lancer dans des acquisitions ou des lancements pareils, Drahi fait de l'endettement sur les marchés financiers, via les banques. Une méthode assez sophistiquée car ce ne sont pas ses deniers personnels qui sont directement concernés, mais considérée comme très risquée. Bon nombres d'articles de presse montrent des signes d'inquiétude de la part des investisseurs envers l'appétit gargantuesque de Drahi. Il faut dire que la taille de son groupe est passée en un trimestre de 13 à 24 milliards d'euros selon l'hebdomadaire Challenges (cf lien n°3)! Du coup, la cotation Altice subit une certaine chute, mais l'annonce de l'acquisition des droits TV anglais va peut-être booster le cours de l'action. Néanmoins, selon Les Échos (cf lien n°5), Altice pourrait avoir une dette consolidée de 45 milliards d'euros en 2015, pour un profit brut de 9 milliards. Un ratio de 5 démesuré, "bien éloigné des 3 ou 3,5, décrit par la plupart des analystes comme la ligne rouge à ne pas franchir", d'après le quotidien économique.

Attention à ne pas avoir la Folie des grandeurs!

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