Tenu pour responsable du Brexit par la majorité des députés de son parti, Jeremy Corbyn est poussé vers la démission par ces derniers, mais il compte sur l'appui des syndicats et des militants du parti pour rester à son poste face à une opposition interne qui sort les couteaux.
Jeremy Corbyn "a perdu la confiance de son parti" écrit le journal Le Monde, à la suite d'une motion de défiance voté contre lui par 172 députés du Parti travailliste sur 225, mardi 28 juin. Le groupe parlementaire travailliste (Parliamentary Labour party, PLP) tient son leader pour responsable du Brexit, en raison d'un faible soutien pour le camp du remain, au moment du référendum du 23 juin dernier, et qu'avec lui, le Labour ne serait plus capable de revenir au pouvoir. Néanmoins, le député de Islington-nord assure qu'il ne démissionnera pas de son poste.
La revanche des blairistes
Cette motion de la part du PLP sonne comme une revanche pour l'aile droite du parti. En effet, l'élection de M. Corbyn à la tête du Labour en septembre 2015 par 59,5% des voix, dès le premier tour, a passablement scandalisé les cadres du parti car il s'agit d'une victoire de l'aile gauche travailliste, qui se revendique du socialisme ou du moins d'une social-démocratie plus soucieuse du prolétariat britannique. Elle a résonné comme l'échec de la voie sociale-libérale, initiée par Tony Blair dans le milieu des années 1990, faisant fuir les électeurs ouvriers et n'arrivant pas à convaincre les classes moyennes et les cadres.
Du coup, le Brexit est un prétexte tout trouvé pour l'aile droite, notamment pour la députée Angela Eagle, pour reprendre le pouvoir globale au sein du Labour via une manœuvre politique d'une assez grande bassesse. Comme l'indique le site d'information francophone sur l'actu outre-Manche Grey Britain (cf lien n°1), tous les eurodéputés travaillistes se positionnent contre M. Corbyn, tout comme Ed Miliband. L'ancien leader travailliste, vaincu lors des élections générales de mai 2015, appelle son successeur à démissionner. Par ailleurs, l'aile droite du Labour a reçu un soutien de poids en la personne du conservateur David Cameron. Le Premier ministre démissionnaire en raison du Brexit prononcé par un référendum qu'il a initié, exhorte son opposant numéro 1 (chef du shadow cabinet) à s'en aller: "Pour l'amour du ciel, mon vieux, partez!"
Syndicats et militants au soutien
En tout cas, il est singulier pour le journal Le Monde de résumer un parti politique à ses députés. Et les militants dans tout ça? En fait, le quotidien n'en parle guère car les militants travaillistes soutiennent largement leur chef, qu'ils ont élu en septembre 2015. D'ailleurs, lors des délibérations du PLP, dans le quartier de Westminster, plusieurs milliers de militants travaillistes se sont positionnés face au Parlement, pour apporter leur soutien à M. Corbyn (cf lien n°2).
Mais ils ne sont pas les seuls. Les syndicats britanniques, traditionnels soutiens financiers du parti, défendent également l'actuel leader travailliste, qui a été leur candidat en septembre 2015. Néanmoins, veulent-ils aller jusqu'à l'explosion du parti? Vu l'attitude des blairistes, cette éventualité n'est pas à écarter a priori.
Défections et recomposition
Dans cet intervalle de troubles au sein du Parti travailliste, le shadow cabinet connait des défections. Une majorité des membres s'en est allée dans les jours qui ont suivi les résultats du référendum, notamment celle de Mme Eagle, obligeant M. Corbyn à essayer de rallier certains travaillistes "modérés" pour recomposer le cabinet, où il reste une partie de ses alliés de l'aile gauche du parti, dont John McDonnell, Chancelier de l'Échiquier fantôme. Il reste encore des postes vacants, notamment pour l'Écosse et le Pays de Galles. Ce qui est fortement problématique à l'heure où Édimbourg entend bien prendre son indépendance.
En tout cas, le Labour s'écharpe en son sein, suite à un vote provoqué par les Tories, et dont il subit les conséquences.
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