Suite à une résolution de l'ONU sur l'arrêt de la colonisation de la Cisjordanie, le gouvernement critique ce positionnement de la part de l'instance internationale et envisage de réduire les relations diplomatiques avec les pays ayant voté cette résolution. Par conséquent, de nouvelles provocations tous azimuts à prévoir de la part du gouvernement de Benyamin Netanyahou, en dépit du droit international.
En cette période de fêtes de Noël, le cadeau a été très amer aux yeux du gouvernement israélien. Vendredi 23 décembre, veille de Hanoucca pour les juifs, le Conseil de sécurité de l'Organisation des nations unies (ONU), a voté une résolution condamnant une nouvelle fois la colonisation de la Cisjordanie et demandant le respect des frontières israéliennes de 1967 (sans l'annexion de Jérusalem-Est par conséquent), qui sont reconnues dans le droit international, considérant que "la vision de deux États est encore réalisable" selon Ban Ki-Moon, actuel secrétaire général de l'ONU (jusqu'au 31 décembre). Une résolution qualifiée de "honteuse" par le premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou.
Abstention des États-Unis
Mais à la différence des autres résolutions sur le conflit israélo-palestinien, celle-ci a vu 14 des 15 membres du Conseil de sécurité voter pour et surtout l'abstention des États-Unis (cf lien n°1). Un geste surprenant, mais pas non plus inédit, de la part des États-Unis envers leur allié israélien. D'habitude, Washington mettait son veto, en tant que membre permanent du Conseil de sécurité, pour empêcher toute résolution potentiellement fâcheuse pour Jérusalem, son allié le plus important au Moyen-Orient. Et même selon la chaîne israélienne i24news, le Secrétaire d'État John Kerry travaillerait pour faire reconnaître au plus vite un État palestinien officiel, qui aurait Jérusalem-Est comme capitale (cf lien n°2). De quoi bien faire enrager le gouvernement israélien. Et ce, d'autant plus que la reconnaissance de la Palestine a pris de l'ampleur ces dernières années, y compris dans des pays occidentaux comme la Suède ou la Grande-Bretagne par exemple.
Mais, quelque part, cette abstention états-unienne a davantage des motivations de politique intérieure plutôt que d'une réelle conviction diplomatique. En attendant l'intronisation de Donald Trump, élu président grâce aux grands électeurs le 8 novembre dernier, Barack Obama et leur administration soignent leur sortie, indiquant une volonté pour le premier président afro-descendant des États-Unis de laisser une trace (supplémentaire) dans l'histoire. Du moins a priori. Mais c'est vouloir couper l'herbe sous le pied à Trump en matière de politique extérieure que d'agir de la sorte et réduire son champ d'action en raison d'accords internationaux, notamment au niveau de l'ONU. Puis, avec les polémiques au sujet du rôle de la Russie dans la victoire de Trump, c'est un coup de pression de la part de Obama. Néanmoins, il y a de quoi se demander si Obama aurait agi de la même manière si Hillary Clinton avait eu la majorité des grands électeurs. Certains, sur les réseaux sociaux, émettent leurs doutes sur cette hypothèse.
Menaces, provocations
La réaction d'Israël ne s'est pas faite attendre. Netanyahou menace de ne pas suivre la résolution de l'ONU, puis compte avoir l'intention de fermer ses ambassades au Sénégal, en Nouvelle-Zélande et d'autres pays (dont la France, membre permanent du Conseil de sécurité), ou du moins faire un rappel "immédiat" des ambassadeurs présents dans les pays votant la résolution 2334. En tout cas, du côté du Sénégal, on ne s'inquiète pas outre mesure des menaces diplomatiques envoyées par Israël, et ça renforce même le gouvernement sénégalais, ainsi que le président Macky Sall, au sein de la population (cf lien n°3).
Du coup, le gouvernement israélien se permet également des provocations révélant son arrogance à la face du monde. Avigdor Lieberman, leader de l'extrême-droite israélienne et actuel ministre de la Défense, indique que son pays ne compte pas participer à la conférence de paix sur le conflit israélo-palestinien, prévue le 15 janvier à Paris (cf lien n°4). Il en profite pour oser comparer cette conférence à "une version moderne du procès Dreyfus", avec un fort soupçon accusatoire d'antisémitisme envers la France. En prolongement de cette accusation, le ministre appelle tous les Français de confession juive à quitter l'Hexagone pour rejoindre Israël. Comme si ça allait résoudre tous les problèmes, voyons!
Encore heureux qu'il y a des voix de la raison. Le JCall, par exemple (cf lien n°5), un groupement de personnalités juives appelant au respect des frontières de 1967, considère que le vote de la résolution "est une chance pour Israël, et non pas une menace". Pour l'Union juive française pour la paix, une organisation plutôt liée à la gauche radicale, c'est "un petit coin de ciel bleu dans un horizon bouché", étant donné que Trump pourrait se retrouver isolé sur cette question, dans un premier temps. Mais ça garde un goût amer, vu les opérations menées par le pouvoir israélien durant les deux mandats d'Obama, notamment l'opération "bordure protectrice" à Gaza, à l'été 2014.
En tout cas, cette résolution de l'ONU change de l'inertie du "machin" sur d'autres sujets (Syrie ou République Démocratique du Congo).
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