La manifestation à Gaza et la répression menée par l'armée israélienne illustrent la pente nationaliste prise par le pouvoir israélien, appuyé par les États-Unis dans ses actes. De quoi aggraver la mauvaise image d'Israël dans une grande partie du monde.
Alors que j'étais en train d'écrire un billet sur le 70e anniversaire de la fondation de l'État d'Israël, une manifestation se déroulait à Gaza, où plusieurs milliers de Palestiniens protestaient contre cet anniversaire, mais aussi contre le déplacement de l'ambassade des États-Unis de Tel-Aviv à Jérusalem décidé par Donald Trump en décembre dernier. L'armée israélienne s'est chargée de la réprimer, sans faire de quartier. À l'heure actuelle, le bilan est de 58 morts et de plus de 1350 blessés. Mais il faut craindre que ça ne s'alourdisse car Gaza, sous blocus israélien depuis plusieurs années, a difficilement accès aux besoins de première nécessité, sans compter les problèmes d'électricité qui compliquent la tâche des hôpitaux dans la ville.
Indignation à géométrie variable
À l'annonce de ce massacre perpétré par Tsahal, les réactions diplomatiques n'ont pas tardé à venir, distinguant deux types d'indignation. Soit, une indignation partielle, par peur de ne pas trop critiquer Israël et les États-Unis. Soit par indignation totale, avec suspension de relations diplomatiques. Dans le premier cas, les pays développés développent cette rhétorique. La France, par la voix du ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, appelle "de nouveau les autorités israéliennes à faire preuve de discernement et de retenue dans l’usage de la force qui doit être strictement proportionné". Une réaction bien timide et qui peut être interprétée comme un signe de soumission, tant la politique extérieure de l'hexagone s'aligne sur celle des États-Unis depuis Nicolas Sarkozy, et qu'Emmanuel Macron poursuit auprès de Trump, alors qu'elle est source de danger pour le pays.
Dans le second cas, ce sont des pays émergents qui se montrent plus virulents. Le ministère des Affaires étrangères de l'Afrique du Sud a fermement condamné l'attaque israélienne sur Gaza, liée à ce qu'il appelle une "provocation" qu'est l'inauguration de l'ambassade états-unienne à Jérusalem, rappelant immédiatement son ambassadeur en Israël, manifestant ainsi une coupure dans les relations avec Israël jusqu'à nouvel ordre. De même que l'Afrique du Sud appelle à une enquête indépendante, auprès des Nations unies, sur ce massacre et les responsabilités à faire endosser. Preuve en est que Cyril Ramaphosa, actuel président sud-africain, n'a pas oublié cette phrase de son illustre prédécesseur, Nelson Mandela: "Notre liberté est incomplète sans la liberté des Palestiniens".
Une fois encore, à travers les échanges sur les réseaux sociaux, beaucoup de citoyens estiment qu'il y a un sentiment d'impunité de la part d'Israël, tant il picore jour après jour les territoires palestiniens, avec une ONU amorphe, de par le veto des États-Unis, qui protègent leur meilleur allié dans le Moyen-Orient. Le problème avec cette politique, c'est qu'elle alimente un antisémitisme qui visera essentiellement la diaspora juive dans le monde, notamment dans les pays développés. Ce qui permet de dire que ce sont les politiciens libéraux-conservateurs qui importent le conflit israélo-palestinien de par leur soutien zélé (ou implicite) à un pouvoir israélien colonialiste, impérialiste. Et non pas des politiciens socialo-communistes, accusés de cautionner le terrorisme du Hamas, en raison d'un positionnement vu comme pro-palestinien.
Toujours est-il que les antisémites ont de quoi se réjouir de cette actualité fort macabre et que les Palestiniens ne doivent pas être laissés à l'abandon.
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