Les résultats provisoires de l'élection présidentielle du 30 décembre donnent Félix Tshisekedi vainqueur, avec 38,57% des voix. Des résultats contestés notamment par Martin Fayulu, autre principal candidat, estimant qu'il y a eu un "hold-up électoral", et la France juge qu'ils sont "non conformes" à ce qui aurait été constaté.
Au bout de plusieurs jours d'attente, les résultats provisoires sont tombés. Dans la nuit du 9 au 10 janvier, la Commission nationale électorale indépendante (CENI) indique que Félix Tshisekedi, un des candidats de l'opposition, serait donné vainqueur de l'élection présidentielle du 30 décembre dernier, en République démocratique du Congo (RDC, ex-Zaïre). Le leader de l'Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) serait accrédité de 38,57% des voix, contre 34,8% pour Martin Fayulu, autre candidat de l'opposition, et 23,8% pour Emmanuel Ramazani Shadary, candidat de la majorité présidentielle sortante, à savoir, Joseph Kabila. Le tout avec un taux d'abstention de 52,44%, signe de faible légitimité ou d'incapacité de la CENI à permettre un cadre électoral clair. Mais comme il s'agit de résultats provisoires, il se pourrait bien que le taux d'abstention change, une fois les recours judiciaires faits et les résultats officiellement sûrs.
Contestation immédiate
Si du côté de Tshisekedi et de ses partisans, notamment à Kinshasa, la capitale du pays le plus peuplé de la francophonie, l'heure est à l'allégresse, dans le camp de Fayulu, la contestation est forte (cf lien n°1). Le candidat, qui serait battu selon les résultats provisoires, met en cause les données de la CENI et de son président, Corneille Naanga, de faire dans le "tripatouillage", dans le "hold-up électoral". Il accuse également la coalition sortante, le Front commun pour le Congo, soutenant Shadary, d'avoir participé à cette fabrication des résultats et appelle enfin à l'Église, à travers la Conférence épiscopale du Congo (Cenco), de révéler les résultats, sachant que la Cenco avait mis la pression sur la CENI la semaine dernière pour faire révéler les résultats des élections, tant la commission donnait l'impression de verrouiller ce qui s'est exprimé dans les urnes. D'ailleurs, la Cenco déclare elle-même que ces résultats diffèrent de ses observations, mais note qu'ils confortent le fait que cette présidentielle "ouvre la voie à l'alternance au sommet de l'État".
#RDC #Elections : la @CENCO__RDC dit ne pas avoir les mêmes données @cenirdc mais prend acte de la publication des résultats qui « ouvre la voie à une alternance au sommet de l’Etat » pic.twitter.com/EEHAjc09y0
— Sonia Rolley (@soniarolley) 10 janvier 2019
Cette prise de position de Fayulu rejoint celle de... la France. En effet, le ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, estime que les résultats "ne sont pas conformes à ce qu'on a pu observer ici ou là, parce que la conférence épiscopale du Congo a fait des vérifications et annoncé des résultats qui étaient totalement différents", ajoutant du reste que Fayulu serait sorti en tête. Mais n'est-ce pas également une imagination, comme semble le dire timidement le ministre (cf lien n°2)? En tout cas, les pays occidentaux, qui ont une implication plus ou moins grande, et généralement peu positive, suivent de près ce qui se passe et cela pourrait irriter encore plus les esprits tant le Congo-Zaïre, de par ses ressources minières, énergétiques, a toujours attisé l'appétit vorace de l'impérialisme occidental, le maintenant dans une trappe à pauvreté manifeste, et que le ressenti envers les occidentaux n'est pas négligeable en RDC.
Dans le cas où les résultats définitifs de la présidentielle confirmeraient une victoire de Félix Tshisekedi, celui-ci réussirait là où son père, Étienne Tshisekedi, fondateur de l'UDPS et figure historique importante du Congo-Zaïre, avait échoué, à savoir, occuper le poste de président de la république. Encore faut-il qu'il puisse disposer d'une majorité parlementaire. Les résultats des élections législatives, qui se sont déroulées le même jour que la présidentielle, sont toujours attendus. Et à ce moment-là, est-ce que l'alliance que Tshisekedi a faite avec Vital Kamerhe, leader de l'Union pour la nation congolaise, sera suffisante pour avoir une majorité à l'Assemblée nationale (251 sièges sur 500)? Pas si sûr, d'autant plus que trois circonscriptions (Beni et Butembo au Nord-Kivu; Yumbi dans le Maï-Ndombe), représentant plus d'un 1,25 million d'électeurs/électrices n'ont pas pu voter le 30 décembre, à cause d'un avis de la CENI. Puis la coalition pro-Kabila espère quand même avoir le contrôle de l'Assemblée nationale. Ce qui pourrait donner un scénario de grande coalition pour dégager une majorité gouvernementale.
Et cette idée-là pourrait renforcer la suspicion dans le camp de Fayulu, estimant que les forces en présence pourraient se mettre d'accord pour que Tshisekedi soit président et qu'un partisan de Kabila, si ce n'est Kabila lui-même, soit Premier ministre. Puis comme Kamerhe était un ancien partisan de Kabila avant de s'opposer à lui, à la fin des années 2000, Fayulu et ses partisans s'en méfient. Cela étant, Moïse Katumbi, ancien gouverneur de la province du Katanga et soutien de Fayulu, avait été un allié puissant de Kabila jusqu'en 2015.
Toujours est-il qu'une alternance par voie électorale semble s'opérer au Congo-Zaïre. Ce qui est une première depuis l'indépendance "cha cha" du 30 juin 1960.
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Présidentielle en RDC : Martin Fayulu dénonce un " hold-up électoral " - JeuneAfrique.com
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