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JoSeseSeko

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"Il ne faut jamais prendre les gens pour des cons, mais il ne faut pas oublier qu'ils le sont." Cette phrase résume une recherche de vérité, de développer de l'information sur une variété de sujets, notamment l'économie, la politique et l'histoire. Et ce, dans plusieurs pays du monde.


Une détermination affichée le poing levé contre la retraite à points

Publié par JoSeseSeko sur 25 Janvier 2020, 00:01am

Catégories : #Économie, #Politique, #Europe, #France, #Grève, #Manifestation, #Retraites, #Sécurité Sociale, #Gouvernement, #Macron, #Philippe, #Capitalisme, #Libéralisme, #Syndicalisme, #Lutte des classes

Photo: JoSeseSeko

Photo: JoSeseSeko

La mobilisation reste constante par rapport à la majorité des journées de manifestation lancées depuis le 5 décembre, si la référence est syndicale, signe que la détermination est bien là alors que se tenait le Conseil des ministres validant le projet de réforme des retraites.

Les chien(ne)s de garde, ces journalistes "militants" soi-disant objectifs dont il ne faut pas remettre en question leur biais idéologique problématique pour le pluralisme de la presse, doivent s'irriter de penser que l'opposition à la réforme des retraites ne s'effondre pas comme ils le désireraient. En effet, 249.000 (ministère de l'Intérieur) à 1.300.000 (syndicats) de personnes ont manifesté en France, vendredi 24 janvier, dont entre 31.000 et plus de 350.000 à Paris, sur un parcours allant de la place de la République à la place de la Concorde (cf lien n°1). Ce qui est une constante étonnante en matière de mobilisation dans la rue depuis le 5 décembre, excepté la manif du 16 janvier, après 51 jours de grève pour certaines personnes.

Diversité

C'est dire la détermination affichée sur le terrain, avec une certaine diversité, puisqu'en-dehors des cheminots de la SNCF et des travailleurs de la RATP, il y a des enseignants dans l'Éducation nationale et l'Enseignement supérieur, des étudiants, du personnel hospitalier, des avocats; mais aussi des journalistes qui avaient annoncé leur présence dans le cortège parisien la veille (cf lien n°2), ou des ouvriers de l'automobile (PSA Poissy, Renault Flins). Ce qui permet de voir que le secteur public, décrit comme "privilégié", "corporatiste" par le pouvoir actuel et ses relais médiatiques, n'est pas le seul à voir rouge face à cette réforme des retraites que le gouvernement lance, voulant s'inscrire dans le programme présidentiel d'Emmanuel Macron en 2017.

Cependant, est-ce que le secteur privé peut pleinement booster la grève, et faire miroiter le rêve de la grève générale, scandé par nombre de manifestants depuis près de deux mois? Le doute est permis, d'autant plus que depuis l'après-guerre, la tendance est à une baisse de la durée d'une grève, selon un article du site Reporterre (cf lien n°3), relatant d'ailleurs combien les liens entre le prolétariat des villes et la paysannerie des campagnes ont joué dans la capacité des grévistes à tenir la distance face aux injonctions des pouvoirs (politique, économique, médiatique, culturel), tronquant la citation du leader communiste Maurice Thorez lors des grèves de 1936: "Il faut savoir terminer une grève...", en omettant de préciser que Thorez terminait sa phrase ainsi "... dès que la satisfaction a été obtenue". Toujours est-il que le monde urbain et le monde rural, tous deux directement concernés par ce dépeçage des retraites, ont tout intérêt à joindre leurs forces, tout en diversifiant également leurs moyens de pression, quitte à ce que ça fasse polémique.

Illusion

Cette journée de manifestation tomba le jour de la présentation du projet de loi par le gouvernement, transmettant un dossier de plus de 1.000 pages pour les députés et que ces derniers s'y planchent pour voter dans un mois. C'est dire la cadence exigée par le pouvoir pour le coup! Et dans le concret, ça donne quoi? Selon France info (cf lien n°4), avec cette réforme, une personne née en 1990, salariée au Smic toute sa carrière, perdrait 6 euros par mois de pension en cas de départ à 62 ans, qui resterait l'âge légal de départ, mais gagnerait jusqu'à 300 euros par mois en supplément si elle retarde son départ à 65 ans, voire 67 ans. Puis dans le cas d'une personne née en 1990 avec une carrière ascendante, ce serait une perte de 14 euros sur la pension en cas de départ à 62 ans, un gain de 17 euros en cas de départ à 65 ans ou de 194 euros en cas de départ à 67 ans.

Vu comme ça, ce serait génial! Mais plusieurs faits vont indiquer que c'est une illusion de la part du pouvoir. Premier lieu, c'est une hypothèse d'une carrière linéaire! Or, tel que fonctionne le marché du travail en France, comme dans d'autres pays capitalistes, les carrières ne sont plus linéaires. Ce sont notamment des carrières hachées, avec de multiples contrats précaires et des périodes de chômage qui s'enchaînent. Et comme je suis né en 1990, je suis bien placé pour le savoir! Ensuite, cette hypothèse de carrière linéaire suppose une trajectoire d'activité économique stable. Or, le capitalisme, par essence, est instable, source de crises régulières, et tient nécessairement à soit du chômage de masse, soit à du travail sous-payé pour compresser la masse salariale, et à terme le niveau des pensions de retraite. Enfin, si le pouvoir se gausse d'une garantie sur la valeur du point, ce point fait que les pensions de retraite vont dépendre de l'ensemble de la carrière professionnelle, et non plus des 25 meilleures années (privé) ou des six meilleurs mois (public). Et comme dit ci-haut, les carrières sont hachées en raison de l'instabilité chronique du capitalisme. Puis comme le taux de chômage des 55-64 ans est élevé en France, le mécanisme de la retraite par points est tel que le niveau des pensions va chuter, et entraîner une plus grande part de pauvres parmi les retraités dans le futur. il suffit de voir la Suède, qui est la source d'inspiration du gouvernement sur ce point, où le taux de pauvreté des retraités y est plus de deux fois supérieur à celui recensé en France (cf graphique). Sans compter la volonté du gouvernement à contenir la part des pensions de retraite à 14% du Produit intérieur brut. Ce qui a d'ailleurs conduit le Conseil d'État à émettre un avis qui flingue le projet de loi (cf lien n°5).

 

En réalité, qu'est-ce que le pouvoir propose? Soit épargner un maximum, ce dont les fonds de pension et compagnies d'assurance se frottent les mains grâce à la loi Pacte votée en 2019. Soit faire exploser le nombre de travailleurs retraités sans que ces derniers aient la certitude d'être remboursés en cas d'arrêt maladie. Je parle en connaissance de cause.

En tout cas, il est bon de se souvenir qu'à vouloir sournoisement allonger le départ à la retraite avec l'âge pivot, ou l'âge d'équilibre, ça vise à empêcher les plus pauvres à jouir de leur retraite car leur espérance de vie est de 13 ans inférieure à celle des plus pauvres. Par conséquent, la mort reconnaît la lutte des classes!

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