L'adoption de l'article 24 de la proposition de loi Sécurité globale par les députés, vendredi 20 novembre, illustre la pente liberticide prise par une majorité présidentielle envers les libertés individuelles et collectives, dont la liberté de la presse.
"La liberté d'expression, vaste plaisanterie" chantait le groupe IAM dans la chanson Dangereux (cf vidéo n°1). Ces paroles deviennent de plus en plus justes au fil du temps qui passe, avec un camp présidentiel qui s'affiche clairement comme une menace pour nos libertés, profitant à plein de la saison 2 du confinement, lié à la présence du Coronavirus dans l'hexagone, pour faire ce qu'il veut. La proposition de loi Sécurité globale en est le dernier exemple, avec notamment l'article 24, punissant de 45.000 euros d'amende et/ou d'un an de prison toute personne diffusant "par quelque moyen que ce soit et quel qu’en soit le support [...] l’image du visage ou tout autre élément d’identification d’un fonctionnaire de la police nationale ou d’un militaire de la gendarmerie nationale lorsqu’il agit dans le cadre d’une opération de police". Cet article, tant décrié par plusieurs mass media, seulement ces derniers jours, a été adopté par les députés vendredi 20 novembre (cf lien n°1). En tout cas, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin salue volontiers ce bras d'honneur fait à la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen sur les réseaux sociaux.
L'article 24 criminalisera la presse et renforcera une impunité à une "force publique" déjà largement impunie.
— Jonathan Baudoin (@JoBaudoin) November 20, 2020
C'est un bras d'honneur fait à la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen que vous saluez, monsieur le ministre! #StopLoiSecuriteGlobale https://t.co/GP67UgnRhj
Journalistes dans le collimateur
Il est désormais clair que les journalistes sont dans le collimateur du pouvoir et son bras armé qu'est la police (milice). Et ça n'a pas loupé car durant la manifestation du 17 novembre, notamment à Paris, où plusieurs milliers de personnes ont tenu à se mobiliser, malgré le contexte de second confinement, des journalistes ont été interpellés, matraqués, menacés par des policiers, alors qu'ils couvraient la manif comme cela se fait normalement quand on est un journaliste de terrain (cf lien n°2).
🛑COUP D'ÉCLAT TOTALITAIRE🛑 LIBÉREZ HANNAH NELSON Le bilan repressif d'hier est particulièrement lourd, notamment pour la...
Publicado por Cerveaux non disponibles en Miércoles, 18 de noviembre de 2020
Mais pour Darmanin et la police (milice), il est question de faire marcher au pas les journalistes, notamment celles et ceux qui ont réalisé ou diffusé des images de violences policières, en exigeant - sans trop le dire ouvertement -, de se déclarer en préfecture pour être accrédité et ainsi couvrir des manifestations. Bref, il se croit tout permis en étant au pouvoir, étant trop habitué à être interviewé par des chien(ne)s de garde.
Ecoutez bien cette courte déclaration de @GDarmanin qui parle de @ClementLanot journaliste menacé hier d'être interpellé en faisant son travail de journaliste sur la #Manifestation anti #PPLSecuriteGlobale avec caméra et carte de presse. 1/4 pic.twitter.com/CJpjT7jhM3
— LINE PRESS (@LinePress) November 18, 2020
Toujours est-il que l'opposition à cette proposition de loi grandit au sein de la presse puisque plusieurs mass media critiquent ouvertement ce texte, estimant qu'il menace la liberté de la presse, en écho aux déclarations venant de l'Organisation des Nations unies à ce sujet. Néanmoins, cette opposition de la part des mass media sonne comme un réveil de leur part car ils ont porté aux nues Emmanuel Macron durant l'élection présidentielle de 2017 et il a fallu qu'un journaliste de la chaine France 3 soit mis en garde à vue le 17 novembre pour que ça s'agite davantage face à cette menace intérieure (cf lien n°3).
Auparavant, la seule menace qui comptait pour la grande presse était la menace extérieure, venant d'États ou d'organisations terroristes, signe que les mass media défendent à moitié la liberté de la presse en France et qu'un nouveau schéma du maintien de l'ordre peut s'appliquer oklm. En outre, si on rappelle les vociférations envers des journalistes "militants" tels Taha Bouafs, Rokhaya Diallo, Gaspard Glanz ou David Dufresne, on montre combien une certaine hypocrisie demeure dans les directions des rédactions, ainsi qu'une méconnaissance de l'histoire de la presse en France depuis la Révolution française. Or, avec ce qui se passe depuis le 17 novembre, les mass media ne sont pas plus à l'abri que des journaux alternatifs qui avaient tiré la sonnette d'alarme depuis bien plus longtemps (cf vidéos n°2, n°3) et qu'avec un tel pouvoir qui refuse de se faire contrôler, tout le monde risque de se faire traquer (cf lien n°4).
Rendez-vous en manif, ce samedi 21 novembre!
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Des journalistes couvrant la manifestation contre la loi "Sécurité globale" en garde à vue
POLITIQUE - Les défenseurs de la loi "Sécurité globale" s'en seraient sans doute bien passés. Mardi 17 novembre dans la soirée, et alors que la manifestation contre le texte controversé (accu...
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" Nous n'accréditerons pas nos journalistes pour couvrir les manifestations "
Tribune. Responsables de rédaction, nous nous inquiétons de la volonté du ministre de l'intérieur, Gérald Darmanin, de porter atteinte à la liberté de la presse dans le cadre des manifestati...
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"Quand ils sont venus chercher les journalistes", par Aude Lancelin - QG - Le média libre
Alors on en est là. Après trois années de violences sociales et policières ininterrompues, le macronisme aura réussi la prouesse de parvenir à refaire du journalisme dans son ensemble une act...
https://qg.media/2020/11/19/quand-ils-sont-venus-chercher-les-journalistes-par-aude-lancelin/