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JoSeseSeko

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"Il ne faut jamais prendre les gens pour des cons, mais il ne faut pas oublier qu'ils le sont." Cette phrase résume une recherche de vérité, de développer de l'information sur une variété de sujets, notamment l'économie, la politique et l'histoire. Et ce, dans plusieurs pays du monde.


Un renouvellement et un retour aux sources pour sortir le Parti communiste de sa marginalité

Publié par JoSeseSeko sur 30 Décembre 2020, 16:23pm

Catégories : #Politique, #Europe, #France, #PC, #Communisme, #Socialisme, #Histoire, #IIIe République, #IVe République, #Ve République, #Marxisme, #Lutte des classes, #Fraternalisme

Photo: Flickr/Théo

Photo: Flickr/Théo

À l'occasion du centenaire de sa fondation, l'occasion est bonne pour regarder le rôle du Parti communiste dans l'histoire, de ses réussites, de ses échecs, de sa constance, de ses contradictions et de ce qui pourrait lui permettre de redonner une crédibilité face à un capitalisme ravageur.

Un centenaire sous pandémie capitaliste! Une sacrée ironie du sort pour célébrer les 100 ans de la fondation du Parti communiste français (PCF). Né à l'issue du congrès de Tours de la SFIO (25 décembre-30 décembre 1920), le parti se faisait l'avant-garde de la révolution, s'inspirant des communistes russes qui avaient pris le pouvoir avec la Révolution d'octobre 1917, et étant progressivement inféodé à Moscou, notamment à partir de l'ère de Joseph Staline, entraînant une "bolchevisation" du parti au milieu des années 20, avec les départs ou exclusions de membres fondateurs tels Fernand Loriot, Boris Souvarine ou Ludovic-Oscar Frossard par exemple.

Fidélité (ou soumission) à Moscou

S'il faut commencer par quelque chose qui fâche, c'est la fidélité (ou la soumission, c'est selon) à Moscou, régulièrement affichée de la part du PC. Il faut dire que ça correspond à l'une des 21 conditions d'adhésion à la IIIe internationale, appelant à un soutien sans réserve auprès de la Russie, bientôt Union des républiques socialistes soviétiques (URSS). Une ligne politique poussant à des purges au sein du parti, et source de polémiques, notamment par rapport au pacte germano-soviétique signé entre Staline et le nazi Adolf Hitler en août 1939. Et entre août 1939 et juin 1941, rares étaient les communistes qui se montraient critiques envers ce pacte et appelaient à la résistance, même si un Charles Tillon lança un tract à Bordeaux appelant à l'action contre le "fascisme hitlérien" le 17 juin 1940, la veille de l'appel à la résistance du général Charles De Gaulle lancé depuis Londres. Mais à partir du moment où l'Allemagne attaqua l'URSS, le PC, entré dans la clandestinité depuis septembre 1939, œuvra grandement dans la résistance et en fut récompensé au sortir de la guerre en devenant le premier parti politique français en 1945-1946, ou le premier parti de gauche jusqu'à la fin des années 1970.

En tout cas, l'alignement du parti auprès de Moscou fut continu durant la guerre froide avec le départ des communistes du gouvernement en 1947, la non-dénonciation des crimes staliniens et le silence devant la répression soviétique en Hongrie en 1956, le bilan "globalement positif" des pays socialistes en 1979. Même si, par moments, il y eut des prises de distance avec l'URSS, notamment en condamnant la répression soviétique du Printemps de Prague en 1968, et le développement de la stratégie eurocommuniste dans les années 1970, avec le Parti communiste italien (PCI) et le Parti communiste espagnol (PCE). Enfin, cet alignement du PCF auprès de Moscou peut avoir une explication financière car à une époque où le contrôle des financements des partis politiques était presque inexistant, le PCF, comme le PCI ou le PCE du reste, reçut des financements de la part de l'URSS jusqu'à la fin de l'existence du pays (1991). Et critiquer un soutien financier n'est pas chose aisée.

Ouvriers et intellectuels: "Je t'aime, moi non plus"

Maintenant, voyons ce qui est à l'actif du PC. Pendant plusieurs décennies, le parti promeut des ouvriers au sein de son comité central, à travers les figures de Tillon, évoqué ci-haut, de Maurice Thorez, de Benoît Frachon, de Jacques Duclos, de Marcel Paul, d'Ambroise Croizat, de François Billoux ou de Georges Marchais et certains d'entre eux, à la Libération, devinrent ministres. Notamment Croizat, structurant la Sécurité sociale en 1945, Thorez instaurant le régime de la fonction publique en 1946 ou Paul organisant la création d'EDF-GDF la même année. Le travail fait par ces personnes issues du prolétariat, dans l'immédiat de l'après-guerre, a de quoi forcer le respect et montrer l'enracinement profondément populaire du parti (cf liens n°1, n°2). Autre grande force, c'est d'avoir su attirer des intellectuels, des artistes dans ses rangs ou en mode compagnon de route, tels Jean-Paul Sartre, Roland Barthes, Louis Althusser, Roger Garaudy, Louis Aragon, Aimé Césaire, Pablo Picasso, Lucien Sève, etc. Mais cette relation entre ouvriers et intellectuels était loin d'être idyllique et certains d'entre eux quittèrent le parti, non sans raisons liées aux contradictions du parti envers un prolétariat hétérogène et la question coloniale, notamment pour Césaire.

Toujours est-il qu'il y a de quoi mesurer des effets positifs apportés par le PC depuis un siècle. Dans nombre de villes de banlieue, longtemps dirigées par des maires communistes, formant une "ceinture rouge" entourant Paris, la culture fut mise en avant, avec des créations de lieux culturels, d'événements culturels, en pouvant s'appuyer sur la proximité d'artistes, d'intellectuels auprès du parti, comme évoqué ci-haut, mais aussi le fait que la culture passe par l'écrit, avec une presse communiste foisonnante durant les 30 Glorieuses. Bien entendu, il y a le journal l'Humanité, ainsi que la fête de l'Huma, mais on peut ajouter Les lettres françaises, la BD Pif Gadget, etc. Ce qui contribue à lutter contre l'hégémonie culturelle de la bourgeoisie, pour reprendre le concept du philosophe marxiste italien Antonio Gramsci et d'offrir une autre grille de lecture du monde.

Renouvellement et retour aux sources

Mais à partir de la fin des années 1970, mais surtout depuis la chute de l'URSS, le PC a connu une érosion quasi continue, visible notamment à travers la chute du lectorat de l'Humanité ou de la présence amoindrie de prolos à la fête de l'Huma, se transformant en parti d'élus déconnectés des réalités économiques et sociales d'un prolétariat qui ne se reconnaît plus dans ce parti, préférant s'abstenir la majeure partie du temps, ou se met à voter pour le Rassemblement national. Et de la même manière qu'il était inféodé à l'URSS, le PCF s'inféode auprès du Parti socialiste, qui a montré depuis longtemps qu'il agit comme un parti bourgeois, comme l'eût fait son ancêtre la SFIO dans les années 1950, grattant quelques places électorales pour espérer continuer de vivre, affichant une certaine capitulation face au capitalisme vu comme triomphant et indépassable.

Mais les crises économiques depuis celle de 2008, en comptant l'impact économique de la crise du Coronavirus, en cours, offrent une opportunité à ce parti de conjuguer un renouvellement de sa pensée et un retour aux sources. Retour aux sources en remontant à la surface tout un langage marxiste (lutte des classes, capitalisme, bourgeoisie, prolétariat, classe laborieuse, exploités, exploiteurs, socialisation, autogestion, communisme, conditions matérielles d'existence, salaire à vie, etc.) qui reste pleinement mobilisable auprès de jeunes générations qui sont nées au moment de la chute du bloc soviétique ou après. Mais certains membres des jeunes générations s'engagent sur des luttes (écologie, antiracisme, anti-impérialisme, féminisme) qui sont historiquement imbriquées avec la lutte des classes (cf lien n°3). Ce dont le PC n'a guère fait attention par le passé et qu'un Césaire, par exemple, le lui reprocha vertement en quittant le parti en 1956, considérant que ce dernier agissait comme les partis bourgeois à l'égard des non-blancs, des extra-européens, à la nuance près qu'il ne s'agit pas de paternalisme, mais de fraternalisme. L'enjeu, pour le PC, comme pour d'autres forces de gauche, c'est de traduire l'imbrication de ces luttes sociales en une offre politique permettant de dépasser le capitalisme, qui est malade et qui rend malade ce qui l'entoure, et la pandémie de Coronavirus en apporte divers éléments (virage autoritariste, destruction du travail, suicides, etc.), montrant combien la lutte des classes n'est pas morte et que les autres luttes y sont associées.

Voilà un défi pour le prochain siècle d'existence d'un parti prônant le communisme!

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