20 ans après, les attentats du 11 septembre 2001 résonnent toujours dans les esprits, d'autant plus que la situation en Afghanistan ces dernières semaines laisse un arrière-goût amer d'une intervention pour rien, sinon à prouver combien l'Occident est en panne d'inspiration et ne peut que susciter la méfiance.
Que faisiez-vous le 11 septembre 2001? C'est la question qui est revenue en boucle ces derniers jours, à l'occasion du vingtième anniversaire des attentats frappant le World Trade Center à New-York et le Pentagone à Washington, faisant plus de 3.000 morts et dont Oussama Ben Laden en revendiqua le forfait. Personnellement, je me souviens que j'étais en classe, en primaire, n'apprenant la nouvelle qu'à la sortie de l'école, quand mon père vint me chercher en voiture, mit la radio pour savoir l'évolution avant de voir les images à la télévision, dans la maison familiale. Un moment que les moins de 20 ans (et un peu plus) ne peuvent pas connaître!
Afghanistan, tombeau d'empires
Il s'avère que j'ai consacré un billet de blog, il y a cinq ans, sur cet événement qui nous fit pleinement entrer dans le 21e siècle. Ce qui permet d'éviter de se répéter intégralement et de se concentrer sur la situation présente, 20 ans après. Et ce qu'il en ressort est que la réaction militaire qui suivit ces attentats, en frappant l'Afghanistan, où Ben Laden s'était caché avec la complicité des Talibans, dirigeant le pays depuis 1996, a montré ses limites, voire même son inefficacité. En effet, si les Talibans furent vite chassés du pouvoir, ils n'étaient pas pour autant vaincus, aidés en cela par le Pakistan voisin qui les a laissé aller et venir. Et ces dernières semaines, la reprise éclair du pays, notamment la capitale Kaboul, par ces mêmes Talibans chassés près de 20 ans plus tôt, sidère les esprits tant elle a été d'une facilité sans nom, alors que l'armée afghane officielle était appuyée par du matériel militaire états-unien et formée par des militaires de l'oncle Sam. De quoi glisser une certaine ironie car le régime pro-soviétique en Afghanistan avait tenu trois ans après le départ des troupes de l'URSS avant d'être renversé.
De quoi renforcer également l'image de l'Afghanistan comme d'un pays tombeau d'empires car au 19e siècle, l'empire britannique se heurta aux Afghans, stoppant leur avancée coloniale en Asie, puis le bloc soviétique s'y cassa les dents dans une guerre qui dura 10 ans (1979-1989). Et voilà l'impérialisme états-unien qui mord la poussière dans ce même endroit! Mais si Joe Biden entérine une certaine défaite de l'oncle Sam, il ne fait qu'appliquer les négociations effectuées par son prédécesseur, Donald Trump, auprès des Talibans, afin de faire rapatrier définitivement les troupes états-uniennes encore présentes, ainsi que d'autres ressortissants, quand bien même les Talibans oublieront les promesses faites de leur côté, pour remettre leurs pratiques politiques en place (cf lien n°1).
Ces attentats ont érigé une politique occidentale agressive, avec l'intervention en Afghanistan quelques semaines après le 11 septembre, puis l'invasion de l'Irak en 2003, au nom de la lutte contre "l'axe du mal", selon le vocabulaire de George W. Bush, président à l'époque. Mais les mensonges sur les motivations bellicistes outre-Atlantique - pensez aux fake news sur les armes de destruction massives -, ou encore les tortures pratiquées par Washington et documentées notamment grâce à Wikileaks et son fondateur, Julian Assange, ont jeté un discrédit profond sur l'Occident car cela peinait à masquer des enjeux économiques - contrôle du pétrole, du gaz -, derrière le paravent de l'intervention humanitaire et démocratique. De quoi se souvenir d'une phrase du révolutionnaire Maximilien Robespierre, quand les Girondins appelaient à la guerre contre les monarchies européennes au nom de la liberté durant la Révolution française: "Personne n'aime les missionnaires armés; et le premier conseil que donnent la nature et la prudence, c'est de les repousser comme des ennemis".
Par ailleurs, les exactions commises en Irak ont permis, entre autres, la naissance de l'organisation terroriste Daech, certes rivale d'Al-Qaïda, dirigée par Ben Laden jusqu'à sa mort en 2011. Or, cette lutte contre le terrorisme islamiste a permis à ce dernier de se transformer en hydre de Lerne où même si une tête est découpée, une autre repousse quasi instantanément, rendant les efforts déployés vains (cf lien n°2). Qui n'est par Hercule qui veut!
Et si on rajoute la légende urbaine d'un "grand remplacement", faisant écho à la théorie (fumeuse) du "choc des civilisations", ce qui fait que toute personne ayant des racines extra-européennes couplées à une culture musulmane réelle ou supposée doit montrer patte blanche pour soit ne pas être amalgamée avec les terroristes, soit ne pas subir une islamophobie qui a droit de cité tant les paternalistes (droite) et les fraternalistes (gauche) sont en "union sacrée" sur ce point.
Bref, une sale période qui a commencé il y a 20 ans et qui semble loin d'être terminée.