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JoSeseSeko

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"Il ne faut jamais prendre les gens pour des cons, mais il ne faut pas oublier qu'ils le sont." Cette phrase résume une recherche de vérité, de développer de l'information sur une variété de sujets, notamment l'économie, la politique et l'histoire. Et ce, dans plusieurs pays du monde.


Une guerre d'usure au sujet des retraites

Publié par JoSeseSeko sur 8 Février 2023, 16:27pm

Catégories : #Économie, #Politique, #Europe, #France, #Gouvernement, #Macron, #Borne, #Retraites, #Capitalisme, #Libéralisme, #Syndicalisme, #Lutte des classes, #Manifestation, #Grève, #LR, #RN, #NUPES

Photo: JoSeseSeko

Photo: JoSeseSeko

Si l'ampleur des grèves et manifestations a stagné le 7 février, il n'en demeure pas un signal massif sur l'opposition populaire envers la réforme des retraites proposée par le gouvernement, en discussion à l'Assemblée nationale.

"Fluctuat nec mergitur". Le mouvement contre la réforme des retraites a adopté, pour la journée du 7 février, la devise de la ville de Paris, tant moins de monde a été recensé dans les rues de France. Selon les syndicats, presque 2 millions ont battu le pavé en France, dont 400.000 à Paris. Le ministère de l'Intérieur recense, pour sa part, 757.000 personnes dont 57.000 à Paris. En dépit de ces données belles et bien à la baisse par rapport au 31 janvier, il n'en demeure pas moins que depuis les grèves de novembre-décembre 1995, il n'y a plus eu autant de monde dans la rue. Ce qui motive bien les syndicats, actant déjà une cinquième journée de mobilisation le 16 février (cf lien n°1), sachant que la quatrième est prévue pour le 11 février prochain. Celle-ci montrera d'ailleurs si la journée d'action du 7 février était une pause pour nombre de grévistes et manifestants, dans un contexte inflationniste pesant sur leurs ressources monétaires avant de remettre un coup de collier pour bien faire démentir les chiens de garde du pouvoir, prompts à parler d'essoufflement.

Taper au portefeuille?

Si l'unité syndicale, une première depuis 2010, a un aspect sympathique dans lequel des manifestants et/ou grévistes non-syndiqués s'y greffent, certaines stratégies soulignent une fracture syndicale. Par exemple, l'idée de mener des actions de blocage dans des secteurs stratégiques (raffineries, ports, transports, etc.) pour taper au portefeuille divise clairement entre d'un côté, principalement la Confédération générale du travail (CGT) et Solidaires, unitaires et démocratiques (SUD), qui soutiennent cette stratégie; de l'autre, la Confédération française démocratique du travail (CFDT) et l'Union nationale des syndicats autonomes (UNSA) notamment, qui s'y opposent.

Or, si les syndicats veulent parvenir à faire retirer ce dépeçage des retraites, cette question du blocage, tout comme celle de la grève reconductible deviendra essentielle car si leurs syndiqués et les non-syndiqués souffrent - la grève n'est pas gratuite, c'est un sacrifice financier -, l'enjeu est que le patronat en souffre davantage pour que ce dernier, qui est écouté par le pouvoir politique parce qu'il mène une politique de classe au profit du patronat, appelle à stopper cette réforme tant elle risque de le fragiliser avec le coût économique des grèves à répétition. En attendant, diverses marches voire manifestations "sauvages" se sont lancées ces derniers jours et vont continuer ainsi entre deux grosses journées de mobilisation classique.

LR en crise interne

En parallèle, depuis le 6 février, l'Assemblée nationale planche dans son intégralité sur la "réforme". Et un groupe politique fait office de point de bascule dans l'adoption ou non du texte par l'Assemblée, c'est le parti Les Républicains (LR). Le parti de droite est clairement dans le viseur du bloc macroniste, ne serait-ce que le gouvernement a révisé le relèvement de l'âge légal de départ à la retraite de 65 ans à 64 ans, car LR défend cette limite d'âge-là. Mais depuis les premières manifestations contre la réforme des retraites, des divisions se font jour dans le parti.

Pourquoi? Pour la raison suivante. L'ampleur des manifestations ne concerne pas uniquement les grandes villes (Paris, Marseille, Lyon, Toulouse, Bordeaux, Nantes, Rennes, Lille, Strasbourg, Montpellier, etc.). Mais des recensements record depuis 1995, voire même antérieurement, de manifestants dans des villes "moyennes" (Orléans, Bourges, Cahors, Castres, Lorient, Vannes, Bayonne, Poitiers, Auch, etc.). Et ces dernières ont des maires LR pour une bonne partie d'entre elles. Il serait judicieux de ne pas se mettre à dos des administrés locaux, aux yeux de certains députés LR, notamment Aurélien Pradié, député du Lot, qui est la figure de droite opposée à la réforme proposée, même si les raisons qu'il invoque tendent à masquer les retours de terrain faits ces dernières semaines (cf lien n°2).

Le RN remercie la Nupes

Enfin, avant la présentation à l'Assemblée du projet gouvernemental de réforme des retraites, il a été question du dépôt d'une motion référendaire. La coalition Nouvelle union populaire écologique et sociale (Nupes), comportant la France insoumise, le Parti communiste, Europe écologie-les Verts et le Parti socialiste, avait déposé une motion référendaire, sous initiative communiste soit dit en passant, pour émettre l'idée d'organiser un référendum sur les retraites. Le Rassemblement national (RN, ex-Front national), en a déposé également une, après celle de la Nupes, tout en indiquant qu'elle serait prête à voter la motion référendaire de gauche. Et lors d'un tirage au sort qui fait planer le doute sur la sincérité de la teneur, ce fut la motion référendaire RN qui a été désignée comme la seule pouvant être présentée au Palais-Bourbon. De quoi enrager les députés Nupes, estimant que le bloc Renaissance+Modem choisit son "opposition de confort".

Signe que la coalition de gauche ne votera pas la motion référendaire d'extrême-droite, les députés quittèrent leurs bancs au moment de la présentation de la motion référendaire, lundi 6 février. Le RN peut dire "merci la Nupes" car le parti d'extrême-droite peut passer pour la principale opposition au bloc macroniste et la Nupes viendrait, in fine, sauver les miches du pouvoir en refusant un référendum. Et la communication politique étant faite d'images, celle du 6 février avec la politique de la chaise vide risque d'être contre-productive auprès des citoyen(ne)s excédé(e)s par le pouvoir actuel. Et à vouloir jouer les puristes, le manque de vice pourrait se payer lourdement pour l'avenir à gauche. Dans le cas contraire, cela aurait poussé le RN à se dévoiler encore plus et indiquer ce qu'il compte proposer politiquement pour la société française. Et ainsi, la coalition Nupes aurait pu piéger le RN. Mais non. Occasion manquée!

Reste que la discussion parlementaire sera houleuse de bout en bout.

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