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JoSeseSeko

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"Il ne faut jamais prendre les gens pour des cons, mais il ne faut pas oublier qu'ils le sont." Cette phrase résume une recherche de vérité, de développer de l'information sur une variété de sujets, notamment l'économie, la politique et l'histoire. Et ce, dans plusieurs pays du monde.


Les belles paroles du pape François à Kinshasa

Publié par JoSeseSeko sur 2 Février 2023, 16:37pm

Catégories : #Économie, #Écologie, #Religion, #Pape, #François, #Capitalisme, #Lutte des classes, #Socialisme, #Communisme, #Écosocialisme, #Afrique, #Congo-Zaïre

Photo: AFP

Photo: AFP

En visite du côté de la République démocratique du Congo, le souverain pontife lance des discours de dénonciation des atrocités que subit la RDC depuis des décennies. Néanmoins, cela reste en surface de la part du meilleur allié du capital.

"La RDC et l'Afrique méritent d’être respectés et écoutés, ils méritent espace et attention. Cessez d’étouffer l’Afrique: elle n’est pas une mine à exploiter ni une terre à piller. Que l’Afrique soit protagoniste de son destin!" Cette phrase pourrait provenir d'un quelconque partisan du socialisme, du communisme, de l'anarchisme, de l'écologie politique ou de l'écosocialisme, en restant à la surface. Mais elle vient du pape François, présent depuis mardi à Kinshasa, capitale de la République démocratique du Congo (RDC, ex-Zaïre). Une visite d'État initialement prévue depuis 2022 mais le souverain pontife avait des soucis de santé retardant ce voyage.

Prendre par les bons sentiments

Depuis son arrivée, la foule est massive pour accueillir le pape dans la capitale congo-zaïroise (cf lien n°1). Il faut dire que le Congo-Zaïre est le pays comptant le plus de catholiques en Afrique, mais également celui où ses habitants sont parmi les plus pauvres au monde. On y reviendra. En tout cas, le pape François affiche son soutien auprès du peuple congo-zaïrois (cf lien n°2), subissant des crimes depuis plusieurs décennies, notamment à l'Est du pays, dans les provinces du Nord et Sud-Kivu, frontalières avec le Rwanda; ce pays soutenant ou ayant soutenu diverses rébellions semant la mort et le pillage dans cette partie du pays depuis 1996.

Derrière cet accueil de "rock star", comme la presse l'écrit à ce sujet, et les discours allant dans le bon sens, le pape François reste dans sa ligne de conduite opérée depuis le début de son pontificat, illustrée par l'encyclique Laudato si' de juin 2015, et qu'on peut résumer ainsi: prendre les gens par les bons sentiments. Et tout particulièrement la classe dominante. Après tout, le pape tient des propos mesurés à l'égard des capitalistes et surtout, ce discours est bien retardataire. Les écologistes le disent, avec plus de virulence critique depuis 50 ans. Des penseurs et révolutionnaires tels Karl Marx, Lénine, Mikhail Bakounine, Pierre Kropotkine, Rosa Luxembourg l'ont également dénoncé et combattu fondamentalement il y a 100-150 ans.

En vérité, le pape François se comporte comme un de ses prédécesseurs, en l'occurence Léon XIII et son encyclique Rerum Novarum (1891) qui dénonçait - a minima - l'exploitation du prolétariat par la bourgeoisie. Par conséquent, il faut lire entre les lignes et la véritable arrière-pensée du pape, et donc de l'Église se décline comme suit: "Messieurs les capitalistes. Messieurs les impérialistes. Soyez raisonnables. N'approfondissez pas la misère des prolétaires, qui sont ma clientèle allant à la messe le dimanche! Sinon, cela renforcera les voix prônant la subversion et poussera les esprits à vouloir détruire l'ordre social dans lequel je suis votre fidèle allié". Ce qui donne un écho à une phrase de Jean Jaurès, qui est la suivante: "L'Église ne s'est tournée vers les faibles que le jour où ils ont commencé à être une force. Elle a été comme ces parents hautains et durs, qui sont pris soudain de tendresses et d'égards pour un parent pauvre en apprenant qu'il va faire un gros héritage."

Martyr du capitalisme

Comme je l'ai rappelé plus haut, la RDC est le pays comptant le plus de catholiques en Afrique et que la pauvreté y est massive. Bien que le lien de causalité reste à déterminer, la corrélation entre la puissance de l'Église catholique, ainsi que d'autres religions présentes dans le pays, et la trappe à pauvreté maintenue envers les congo-zaïrois est très forte. Et pour cause, l'Église au Congo-Zaïre est héritière de la colonisation belge car elle lui permit d'aliéner les esprits, rendant ainsi service au capital. Au moment de l'indépendance, le 30 juin 1960, elle n'était pas rassurée de voir le gouvernement de Patrice Lumumba et la ligne panafricaine, avec une pente socialiste de plus en plus visible chez ce dernier, soutenant ainsi la dictature de Joseph-Désiré Mobutu avant de prendre quelques distances avec le temps.

Ce qui fait que l'institution religieuse contribue à ce que le Congo-Zaïre soit un martyr du capitalisme, du fait que le sous-sol congolais, riche en matières premières (cobalt, coltan, cuivre, zinc, étain, manganèse, diamant, bauxite, or, pétrole, fer, charbon), au point qu'on parle de "scandale géologique". Ce qui ne peut qu'attirer les convoitises voraces des capitalistes, pouvant compter sur une guerre larvée comme celle dans l'Est du pays depuis 1996 pour extraire les ressources naturelles à moindre frais, en passant par l'exploitation des enfants envoyés dans les mines.

Finalement, cette visite papale permet de vérifier la profonde aliénation des prolétaires africains en général, et des prolos congo-zaïrois en particulier et qu'il va falloir du boulot du côté des socialistes, des communistes, des anarchistes ou des écologistes, au Congo-Zaïre comme ailleurs en Afrique, pour désintoxiquer les esprits et les inciter à reprendre, dans une logique matérialiste et dialectique, le contrôle de leur destinée et aboutir à l'émancipation du continent de toute tutelle extra-africaine, quel que soit l'angle (politique, économique, spirituel, etc.). Mais si cela venait à arriver, notamment au Congo-Zaïre, alors on pourra penser à cette phrase de Frantz Fanon: "l'Afrique a la forme d'un revolver dont la gâchette se trouve au Congo".

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