Vingegaard, Pogacar et les autres

Publié par JoSeseSeko sur 17 Juillet 2023, 09:15am

Catégories : #Sport, #Cyclisme, #Tour de France, #Vingegaard, #Pogacar

Photo: AFP

Le duel entre les deux derniers vainqueurs du Tour tient toutes ses promesses, à l'approche d'une troisième semaine chargée de mettre fin au suspense pour la victoire finale, tant ils sont à part dans le peloton.

C'est le duel qu'on attendait et on est servi! Deux semaines après le grand départ lancé à Bilbao, dans le Pays basque espagnol, la 110ème édition du Tour de France connaît un suspense total entre Jonas Vingegaard, deuxième en 2021, vainqueur du Tour 2022, et Tadej Pogacar, vainqueur des Tours 2020 et 2021, deuxième en 2022. 10 secondes séparent le Danois, porteur du maillot jaune, de son rival Slovène. Nos grand-parents avaient Jacques Anquetil vs Raymond Poulidor. Nos parents avaient Bernard Hinault vs Laurent Fignon ou Greg Lemond. Notre génération a Pogacar vs Vingegaard.

Bataille de nerfs

En tout cas, les deux coureurs se livrent dans un duel serré. Mais pour l'instant, c'est Vingegaard qui a pris l'avantage, uniquement grâce à son attaque dans le col de Marie-Blanque lors de l'étape Pau/Laruns, où il mit un écart de 1'04" à Pogacar. Ce dernier prit sa revanche le lendemain en remportant l'étape Tarbes/Cauterets-Cambesque et reléguant Vingegaard à 24". Et par la suite, dès que Pogacar attaque, Vingegaard ne semblait pas en mesure de rester coller à lui jusqu'au bout et perdait quelques secondes par-ci, par-là.

Mais l'étape Amenasse/Morzine semble marquer une rupture dans la dynamique alors favorable à Pogacar car dans la dernière ascension, il comptait placer une nouvelle attaque mais il fut stoppé dans son élan par... les motos/images pour les photographes. Ce qui, indirectement, rendit service à Vingegaard qui est dans une stratégie défensive, digne d'un marquage à la culotte auprès de Pogacar et d'être encore maillot jaune. Un changement de dynamique observé à l'étape Les Gets porte du soleil/Saint-Gervais Mont-Blanc, où Pogacar plaça une attaque dans les derniers hectomètres sans parvenir, cette fois-ci, à décrocher Vingegaard de sa roue.

Ce qui donne à penser que le Danois a repris la main psychologiquement sur le Slovène, avec une troisième semaine qui demeure délicate à digérer avec le contre-la-montre, mardi 18 juillet, entre Passy et Combloux, et l'étape reine du Tour Saint-Gervais/Courchevel le lendemain, avec l'ascension du col de la Loze, où la pente affiche des passages à plus de 20%! Et si le duel entre les deux coureurs, avec leurs équipes respectives - Jumbo-Visma pour Vingegaard, UAE Emirates pour Pogacar -, reste plein de suspense au sortir des Alpes, l'étape Belfort/Le Markstein Fellering, où le peloton passera dans les Vosges, servira de juge de paix ultime dans la lutte pour la victoire finale, la veille de l'arrivée sur les Champs-Élysées.

Une troisième place courtisée

En dehors de ce duel Vingegaard/Pogacar, il y a un intérêt à suivre la lutte pour la troisième marche du podium, où trois coureurs se font face. L'Espagnol Carlos Rodriguez, le Britannique Adam Yates et l'Australien Jay Hindley. Ce dernier, vainqueur du Giro 2022 et vainqueur de l'étape Pau/Laruns, semblait solidement attaché à la troisième place. Mais victime d'une chute collective au début de l'étape Amenasse/Morzine, il en garde des séquelles et s'est vu replier à la cinquième place au classement général, à 3'45" de Rodriguez, qui a évité la chute et a gagné justement l'étape se terminant à Morzine, profitant d'ailleurs du marquage entre Vingegaard et Pogacar. Quant à Yates, coéquipier de Pogacar, l'étape Les Gets porte du soleil/Saint-Gervais Mont-Blanc lui a permis de se pointer à seulement 19" de Rodriguez, qui a craqué sur la montée finale de Saint-Gervais. Le contre-la-montre donnera une idée sur les conditions physiques de ces trois cyclistes. Notamment Hindley, s'il a pu récupérer de la chute ou pas.

Grimace française

Un Tour de France qui semblait bien parti pour les coureurs français, avec la victoire de Victor Lafay lors de la deuxième étape (Victoria-Gasteiz/Saint-Sébastien). Mais au fil des jours, celle-ci fait office d'arbre qui cache la forêt. Déjà, pour le classement général, David Gaudu et Guillaume Martin sont dans le top 10, mais à près de 9' de la troisième place et il serait étonnant qu'ils aient un bon de sortie dans les deux étapes de montagne qui restent (Saint-Gervais/Courchevel; Belfort/Le Markstein Fellering). Sans oublier que le contre-la-montre, même s'il est vallonné, ne leur est pas forcément favorable. Mais dans le cas de particulier de Gaudu, ce qui peut être rassurant, c'est la fin de l'étape Les Gets porte du soleil/Saint-Gervais Mont-Blanc, où il a pu suivre jusqu'à environ trois kilomètres de l'arrivée les quatre premiers du classement général, signe d'une amélioration, là où dans les étapes précédentes, il était vite asphyxié et que le mode diesel ne donnait pas sa pleine mesure, contrairement à l'an dernier. En parallèle, Romain Bardet a été contraint à l'abandon à la suite d'une chute dans une descente lors de l'étape Amenasse/Morzine.

Puis au niveau des victoires d'étapes, bien que des coureurs tels Julian Alaphilippe, Thibaud Pinot, Mathieu Burgaudeau ou Martin se soient glissés dans des échappées qui ont pu aller au bout, il leur manque soit le coup d'œil tactique, soit le coup de rein physique, ou les deux, pour enfoncer le clou et lever les bras en signe de victoire. Et comme les autres coureurs, y compris le duo Vingegaard/Pogacar, ne vont pas leur faire de fleur sur la dernière semaine de grande boucle qui nous attend, il va falloir puiser dans les réserves physiques et mentales, tant la fatigue est générale dans le peloton où les étapes se font à vive allure, sous la chaleur, mettant les organismes à rude épreuve.

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