Après avoir été refusé par ASO de participer au Tour de France en raison d'un contrôle anormal lors du Tour d'Espagne 2017, le quadruple vainqueur de la Grande boucle a été blanchi par l'UCI, l'autorisant à participer à cette épreuve. Toujours est-il que son image n'en ressort pas grandie et suscite de la division dans le peloton et auprès du public.
L'Union cycliste internationale (UCI) a tranché, Christopher Froome pourra participer au Tour de France 2018. Le cycliste britannique, quadruple vainqueur de l'épreuve, notamment lors de la dernière édition, en 2017, peut se lancer dans la course à une cinquième victoire dans la Grande boucle, au départ de Noirmoutier, samedi 7 juillet, ce qui lui permettrait d'égaler Miguel Indurain, Bernard Hinault, Eddy Merckx et Jacques Anquetil au palmarès de cette épreuve. Cette décision de l'UCI prise lundi 2 juillet s'oppose à celle d'Amaury sport organisation (ASO), organisateur du Tour, qui avait décidé, dimanche 1er juillet, d'écarter Froome de l'édition 2018 du Tour, comme le révélait le journal Le Monde ce jour-là.
Suspicion
Qu'est-ce qui a mis le feu aux poudres? C'est l'histoire d'un contrôle antidopage "anormal" au salbutamol, un médicament utilisé dans le traitement de l'asthme, le 7 septembre 2017, à l'issue de la 18e étape du Tour d'Espagne, épreuve qu'il a remportée au final. Or, ce médicament peut être considéré comme un produit dopant dans la mesure où d'autres coureurs tels Alessandro Pettachi ou Diego Ulissi avaient été suspendus par l'UCI pour une concentration de salbutamol dans les urines supérieure à la limite autorisée par le passé. Et depuis des mois, les experts de chaque camp ferraillaient pour déterminer s'il y a cas de dopage ou pas, et pendant ce temps-là, Froome a pu participer à plusieurs compétitions, dont le Tour d'Italie en mai dernier, qu'il a remporté sur la fin après avoir semblé être largué lors des deux premières semaines de course. Et désormais, l'UCI a décidé de classer l'affaire, sans suite.
De quoi renforcer un sentiment de suspicion auprès du public, qui est devenu de plus en plus hostile à l'égard du coureur britannique. Ses performances au Tour ont fait régulièrement l'objet de polémiques, notamment lors des étapes de montagne, par rapport à la puissance qu'il peut dégager tout en restant sur sa selle par exemple. Ce qui a parfois conduit des personnes à injurier Chris Froome en chemin, voire même de se faire asperger d'urine par des spectateurs sur la route. Mais dans le peloton, ça ne sera pas forcément mieux. Par exemple, Romain Bardet, un des principaux rivaux de Froome pour le Tour, n'a pas caché son agacement sur cette affaire qui donne une mauvaise image du cyclisme. Et ce, d'autant plus qu'on approche du 20e anniversaire de l'affaire Festina, un des plus grands scandales de dopage dans le cyclisme, durant le Tour de France 1998.
Toujours est-il qu'il y a un arrière-goût amer avec cette décision de l'UCI, qui fait songer à la morale de la fable Les animaux malades de la peste de Jean de La Fontaine:
- "Selon que vous soyez puissant ou misérable, les jugements de cour vous rendront blanc ou noir"