Pour mon 150e article publié sur mon blog, retour sur la situation du Front de gauche au sortir des élections européennes.
Formé à l'occasion des élections européennes de 2009, le Front de gauche (FG) comptabilisa 6,47% des voix et put élire 5 eurodéputés, dont Jean-Luc Mélenchon, co-président du Parti de gauche. Au sortir de celles du 25 mai dernier, l'alliance de partis de gauche radicale -Parti communiste, Parti de gauche, Ensemble!, République et socialisme, Parti communiste des ouvriers de France- a obtenu 6,61% des voix mais a perdu un eurodéputé, Jacky Hénin, non-réélu dans la circonscription Nord-Ouest. Une déception pour la coalition, d'autant plus grande que le Front national est passé en tête durant ces élections, et qu'entre ces deux élections, le FG a connu une montée en puissance, comme l'atteste le score de Mélenchon, candidat à l'élection présidentielle de 2012, avec 11,1% des voix.
À croire que le FG n'a pas su digérer ce résultat, et n'a pas su non plus changer son logiciel intellectuel sur la question européenne. Le PC, principale composante de la coalition, reste dans l'esprit "euroconstructif" de Robert Hue, ancien secrétaire général du parti, selon Aurélien Bernier. Et du coup, pour le politologue, dans l'hebdomadaire Marianne, le PC enferme le FG dans une logique de "réforme de l'intérieur de l'Union européenne" à laquelle plus grand monde ne croit. Pour aller dans ce sens, j'ai rencontré, dans un débat mené par le FG à Saint-Gratien (Val-d'Oise), l'ancien eurodéputé communiste Francis Wurtz, qui confirme son attachement à cette logique, estimant que des économistes tels Frédéric Lordon ou Jacques Sapir, qui appellent à une sortie de l'euro pour une plus grande marge de manœuvre, et aussi une question de souveraineté populaire, font plus de dégâts pour la gauche radicale et ne serviront que le FN. Et pourtant, il est quand même clair que l'euro est la boîte de Pandore de l'Europe, et que si la gauche radicale ne l'achève pas, elle sera achevée par cette monnaie. Et pourtant, le FG a porté la question du TAFTA sur le devant de la scène, mais n'a guère été compris.
La question des alliances et de la cible électorale divise au sein du Front de gauche. Comme l'analyse Bernard Langlois, fondateur de l'hebdomadaire Politis dans son blog (voir lien à la fin de l'article), il y a du gâchis fait par le PC au moment des municipales, où il a tenu à faire bisbille avec le Parti socialiste au pouvoir, et jeté un désordre qui se transforme en discrédit. En effet, comment voter pour un bloc qui critique la politique libérale du PS et lui lécher les pieds pour des places électoralistes? C'est juste illogique! Mais le PG n'est pas en reste, avec un tendance au culte du chef (Mélenchon) qui semble de plus en plus manifeste, et qui provoque un malaise en son sein.
La question des personnalités dirigeantes de la coalition fait débat. D'un côté, Pierre Laurent, secrétaire national du PC. L'esprit apparatchik se dégage dans son visage, tout comme une dépendance presque génétique au PS en font un personnage terne, lisse, mou et peu convaincant avec le temps. De l'autre, Jean-Luc Mélenchon, qui tient à mordre n'importe qui, lance des charges contre le PS, les médias, le FN. Or, ses différents numéros de matamore, qui virent à une obsession chronique, commencent à lasser, comme quoi son "parler dru et cru" n'est pas assez efficace électoralement pour le FG. Et pourtant, c'est un grand orateur, et quand son côté pédagogue prend le dessus, il sait être convaincant. 2012 l'a prouvé.
Après s'être tourné sur la forme, revenons sur le fond de l'affaire. Le FG doit revoir sa copie sur l'Europe car il devient nécessaire. Et même si ça fera grincer des dents chez les cocos, le FG doit envisager de construire un plan de sortie de l'euro, voire même de l'Union européenne, pour reformer une nouvelle UE. Il est bien plus facile de reconstruire une maison selon ses goûts, après l'avoir détruite, que de la retoucher de manière marginale. Et il n'y a pas que le FG qui doit se poser cette question, tous les partis de gauche radicale en Europe doivent faire le même processus, pour construire une UE écosocialiste, disons-le, plus soucieuse de l'emploi et de l'amélioration de la condition humaine du grand nombre, plus motivée sur la transition énergétique, et plutôt un euro comme monnaie commune, et non comme monnaie unique, du moins à court terme.
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Le Front de gauche peut retrouver le chemin du peuple
Pour le groupe de réflexion "La Gauche d'opposition", le Front de gauche a commis l'erreur, pendant ces européennes, de jouer la même musique de "l'Europe sociale" que le PS. Pour ses membres, l...
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La gauche radicale en panne sur " l'Europe "
On ne nous aura rien épargné ! D'un côté, " L'abstention, premier parti de France " et les calculs alambiqués pour rétrécir le résultat de Marine Le Pen. De l'autre, " La France devient fac...
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