À l'approche de l'investiture de son mandat, Donald Trump donne des signes de changement sur l'ensemble de la politique états-unienne. Non sans provoquer des tensions de toutes parts avec ses déclarations tous azimuts.
L'heure de l'investiture approche pour Donald Trump. Élu uniquement grâce aux grands électeurs le 8 novembre dernier, le magnat de l'immobilier va devenir le 45e président des États-Unis. Et vu l'image qu'il a donnée de lui durant la campagne électorale face à Hillary Clinton, il se montre plus clivant que son prédécesseur, Barack Obama, qui bénéficie d'une aura importante, notamment dans les mass media. Ce qui édulcore un bilan de huit ans au pouvoir pourtant bien contrasté.
Provocations médiatiques
Ce qui caractérise Trump ces derniers mois, c'est sa capacité à être provocateur avec les médias, qui le lui rendent bien. Les multiples casseroles du milliardaire ont été étalées dans plusieurs journaux tels le Washington Post, le New York Times, CNN ou BuzzFeed, afin d'indiquer aux lecteurs combien ce personnage n'est guère fiable pour assurer le pouvoir de la première puissance mondiale - pour combien de temps encore? - durant quatre ans. En réponse, Trump les accuse de vouloir duper les gens car ils seraient représentatifs du système qu'il faudrait combattre. Mais comme Trump en fait également partie et qu'il en joue à sa guise, ce serait cocasse s'il n'était pas question de sa (future) présence dans le bureau ovale de la Maison-Blanche.
Provocations diplomatiques
Ses provocations avec les mass media pourraient s'arrêter seulement à ce niveau-là, mais la diplomatie est également concernée. Bien évidemment, depuis des mois, les observateurs rappellent inlassablement les liens entre Trump et la Russie. Ce qui permet au moins d'anticiper un changement de paradigme dans la diplomatie de Washington, d'une méfiance traditionnelle à l'égard de Moscou depuis la guerre froide. D'ailleurs, les services secrets (FBI, CIA, NSA, etc.) ne cachent pas leur opposition par rapport à la ligne du nouveau président et d'ailleurs, le directeur de la CIA demande à Trump de se "discipliner", au nom de la sécurité de l'État (cf lien n°1). Autre provocation de la part de Trump, c'est la nomination de David Friedman, connu pour défendre la politique coloniale du pouvoir israélien en Cisjordanie, comme ambassadeur des États-Unis en Israël. Et ce, d'autant plus que lors de son investiture, le nouveau président devrait annoncer le déplacement de l'ambassade de Tel-Aviv (capitale reconnue au niveau international) à Jérusalem-Est, suscitant l'inquiétude des palestiniens colonisés. Néanmoins, peut-il faire encore plus pour Benyamin Netanyahou? Pas sûr, vu l'abstention des États-Unis lors d'une résolution de l'ONU le 23 décembre dernier sur la colonisation israélienne en Cisjordanie.
Mais la plus grande provocation de la part de Trump est adressée à la Chine, qui fait figure d'ennemi à ses yeux. Et ça passe par Taïwan. En décembre dernier, Trump a échangé des coups de fil à la présidente de l'île, Tsai Ing-wen, laissant poindre l'idée d'une reconnaissance de Taïwan comme un État souverain aux yeux de l'oncle Sam, abandonnant de facto "la politique d'une seule Chine". Ce qui signalerait un revirement complet de la politique des États-Unis à l'égard de la Chine, qui s'est améliorée au fil des décennies. En tout cas, les propos de Trump sur Taïwan ne font pas du tout plaisir aux autorités de Pékin, qui seraient prêtes à lancer des menaces à l'égard de Washington sur cette île revendiquée par la République populaire de Chine depuis 1949 et la victoire des communistes chinois, autour de Mao Zedong, sur les nationalistes de Tchang Kaï-chek (cf liens n°2, n°3).
Renforcement de l'isolationnisme
Finalement, le grand objectif de Trump, durant son mandat, s'il n'est pas réélu en 2020 - hypothèse à prendre en compte -, c'est de renforcer l'isolationnisme états-unien qu'Obama avait tout de même entamé sur ses deux mandats, avec pour exemples le retrait des soldats états-uniens d'Afghanistan et d'Irak ou le retour de capitaux états-uniens alors placés dans des économies émergentes qui rentrèrent aussitôt en crise et des paradis fiscaux décriés (sauf l'État du Delaware). Cet isolationnisme sous-jacent rime avec un protectionnisme affiché de la part de Trump, à destination d'entreprises prestigieuses outre-Atlantique (Ford, General Motors, etc.) à qui il leur promet l'enfer (droits de douane élevés en cas de production en-dehors des États-Unis) ou le paradis (allègement massif de l'impôt sur les sociétés). Ce qui semble marcher pour le moment, vu les annonces de relocalisation dans l'industrie automobile.
Néanmoins, cet isolationnisme poussé à l'extrême peut mener à des reculades progressives. Durant sa campagne, le magnat de l'immobilier s'était engagé à faire construire un mur le long de la frontière avec le Mexique pour lutter contre l'immigration, ou du moins le terminer vu qu'il avait été initié par George W Bush au milieu des années 2000 et qu'un certain Barack Obama avait voté pour à cette époque. Mais surtout, Trump assénait à la foule (surtout) blanche que ce mur serait financé par le Mexique, ce que le président Enrique Peña Nieto a aussitôt rejeté. Maintenant, une évolution s'est faite car Trump n'évoque plus un financement par le Mexique mais à la place, un remboursement de la construction du mur à finir par le Mexique. Une nuance qui compte car ça signifie bien que le contribuable états-unien, y compris blanc, devra payer la note, en attendant un hypothétique remboursement qui semble loin d'être faisable.
Ce qui permet de conclure que Trump connait bien la morale des dominants: "Il ne faut jamais prendre les gens pour des cons, mais il ne faut pas oublier qu'ils le sont".
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