Alors qu'ils avaient signé un accord sur une candidature commune de l'opposition pour l'élection présidentielle prévue le 23 décembre, incarnée par Martin Fayulu, Félix Tshisekedi et Vital Kamerhe, respectivement leaders de l'Union pour la démocratie et le progrès social et de l'Union pour la nation congolaise, ont retiré leur signature suite à des remous de la part de leurs militants. Signe que l'opposition partira avec un certain ordre dispersé face au pouvoir kabiliste.
C'est ce qu'on appelle un coup de théâtre! Dimanche 11 novembre, les meneurs des principaux partis d'opposition en République démocratique du Congo (RDC, ex-Zaïre) étaient arrivés à se mettre d'accord pour la mise en place d'une coalition pour l'élection présidentielle, avec une candidature commune autour de Martin Fayulu, leader du parti Engagement pour la citoyenneté et le développement, voici que cet accord a du plomb dans l'aile, ce lundi 12 novembre, au lendemain même de la signature. En effet, Vital Kamerhe, leader de l'Union pour la nation congolaise, mais surtout Félix Tshisekedi, leader du principal parti d'opposition, l'Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), parti fondé par son père Étienne Tshisekedi, se sont retirés de l'accord sur la candidature commune de l'opposition (cf lien n°1).
En ordre dispersé
Qu'est-ce qui a poussé Tshisekedi fils à rétropédaler aussi rapidement? La raison qu'il invoque, et même chose pour Kamerhe, est que l'ensemble du parti, tant du côté des militants de base que du côté de l'état-major, n'acceptent pas cet accord et se sont manifestés dans la rue pour le faire savoir (cf lien n°2). En outre, par rapport à l'UDPS de Tshisekedi, le secrétaire général du parti, Jean-Marc Kabund, a mis un bon coup de pression à son leader, en l'exhortant à retirer sous 48 heures sa signature dans l'accord trouvé sur la candidature commune de l'opposition. Un message reçu 5/5, peut-on dire.
Par conséquent, l'opposition partira bel et bien en ordre dispersé faire campagne face à la majorité présidentielle, représentée par Emmanuel Ramzani Shadary, intronisé dauphin de Joseph Kabila, au pouvoir depuis 2001 et dont le second - et dernier - mandat électif aurait du être terminé depuis décembre 2016, violant de facto la Constitution de 2006. Mais déjà, que Tshisekedi signa l'accord était quelque part surprenant car au vu des premiers sondages publiés, et partagés sur les réseaux sociaux, le leader de l'UDPS était considéré comme largement en tête, et donc potentiellement futur président de la république. Maintenant, est-ce que ce rétropédalage ne va-t-il pas nuire à Tshisekedi, au profit de Fayulu, qui compte encore d'autres leaders d'opposition qui maintiennent leur signature? Est-ce que finalement, ce serait rendre service à la candidature de Ramazani Shadary, qui a beaucoup de mal à convaincre tant l'ombre de Kabila semble planer sur lui?
Ces questions connaitront des éléments de réponse dans les prochaines semaines, sachant que l'élection présidentielle, et les élections législatives, sont loin d'être définitivement assurées en raison de l'ire de l'opposition sur les machines à voter, même si l'UDPS, avant cette séquence de signature et de retrait de l'accord de candidature commune, laissait entendre qu'il participerait aux élections, même en cas de présence de ces machines à voter qui font polémique (cf liens n°3, n°4).
Bref, un sacré bordel!
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RDC: l'UDPS ira voter avec ou sans la machine à voter - RFI
L'UDPS, stratégiquement, a pris l'option de mettre Kabila devant ses responsabilités [...] L'important c'est d'aller aux élections, de mettre en place des stratégies de surveillance de ce proce...
http://www.rfi.fr/afrique/20181023-rdc-udps-machine-voter-jean-marc-kabund
RDC: machines à voter ou "machines à tricher"? La polémique bat son plein
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