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JoSeseSeko

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"Il ne faut jamais prendre les gens pour des cons, mais il ne faut pas oublier qu'ils le sont." Cette phrase résume une recherche de vérité, de développer de l'information sur une variété de sujets, notamment l'économie, la politique et l'histoire. Et ce, dans plusieurs pays du monde.


Une tentative de perquisition chez Mediapart qui souligne un danger pour la liberté de la presse et la démocratie

Publié par JoSeseSeko sur 4 Février 2019, 18:32pm

Catégories : #Économie, #Politique, #Europe, #France, #Macron, #Benalla, #Presse, #Médias, #Mediapart, #Justice, #Démocratie

Photo: Capture d'écran

Photo: Capture d'écran

Dans la matinée du 4 février, deux procureurs du parquet de Paris sont allés tenter de perquisitionner le siège du journal en ligne Mediapart, dans le cadre d'une enquête préliminaire pour violation de "la vie privée" d'Alexandre Benalla, suite aux révélations de Mediapart sur l'affaire Benalla, notamment des enregistrements audio d'échange entre Benalla et Vincent Crase. Une manœuvre d'obtenir les sources de Mediapart et donc, verrouiller l'information et s'en prendre à la liberté de la presse.

"Il est 11h10, ce lundi 4 février. La traditionnelle conférence de rédaction de Mediapart, durant laquelle il a notamment été question des récentes dérives liberticides du pouvoir sur le droit d’informer et celui de manifester, touche à sa fin. Deux procureurs du parquet de Paris, accompagnés de trois policiers, dont un commissaire divisionnaire de la brigade criminelle, sonnent alors à la porte du journal". Voilà comment s'exprime le journal Mediapart après la tentative de perquisition de son siège, lundi 4 février. La raison de cette arrivée de personnels de la police et de la justice est l'affaire Benalla. En effet, le pureplayer connu pour ses enquêtes qui font grand bruit - affaire Bettencourt, affaire Cahuzac, affaire Kadhafi-Sarkozy, etc. -, avait révélé jeudi 31 janvier de nouveaux éléments dans cette histoire d'un ancien membre du cabinet du président Emmanuel Macron, indiquant des échanges entre Alexandre Benalla et Vincent Crase fin juillet, peu après leur mise en examen pour des violences envers des manifestants le 1er mai 2018. Or, comme le rappelle le journal, ces personnes mises en examen ont interdiction de se voir durant l'enquête judiciaire. En outre, Mediapart révèle les liens entre Benalla et un oligarque russe proche de Vladimir Poutine et de la mafia via la société de sécurité dirigée par Crase. Par conséquent, le parquet de Paris est mobilisé contre Mediapart, pour qu'il révèle ses sources, car il y aurait "atteinte à la vie privée" de Benalla.

Tout le monde se paye un journaliste

Derrière cette tentative de perquisition, la question de la liberté de la presse se pose. En effet, que le parquet, organisme dépendant du ministère de la Justice, aille mener une enquête préliminaire dans un journal pour connaître les sources sur une histoire concernant un proche de l'actuel hôte de l'Élysée, c'est une atteinte à la liberté de la presse. Une liberté qui ne s'améliore guère en France ces dernières années vu le classement fait par l'ONG Reporters sans frontières. En cause, la concentration des journaux en possession d'un petit nombre de milliardaires, régulièrement en affaires avec l'État, bénéficiant ainsi d'un relais puissant auprès des décideurs politiques pour servir leurs intérêts de classe, réduisant au silence une presse alternative menacée de disparition et poussant à un certain degré de schizophrénie du lectorat. Et ce n'est pas un hasard si Macron fut d'ailleurs le candidat le plus mis en avant par les mass media durant l'élection présidentielle de 2017. Mais faut croire que Macron est un ingrat, vu que la presse a reçu dans les gencives la loi sur le secret des affaires, votée en 2018.

Vu ce paysage glauque, pas étonnant que les gilets jaunes - ils ne sont pas les seuls - aient un ressentiment très fort à l'égard de la presse. Après, qui prend? Ce sont les journalistes de terrain, reporters, pigistes, multipliant les contrats précaires, les difficultés à avoir ou à renouveler la carte de presse, qui se retrouvent exposés. Pas leurs confrères et consœurs de plateau audiovisuel, davantage assurés contractuellement et financièrement, qui disent tout et (surtout) n'importe quoi, ne se mouillent pas le maillot dehors et ne reconnaissent en aucun cas leurs erreurs en s'excusant ou, mieux, en démissionnant. Un Jean-Michel Apathie, pour donner un exemple de "chien de garde", n'agirait pas comme le journaliste allemand Claas Relotius, qui a quitté son poste au Spiegel après avoir avoué avoir bidonné plusieurs articles, par exemple.

"Dérive" autoritariste de Macron

Durant la conférence de presse du journal, cet après-midi, Edwy Plenel, directeur de la publication et cofondateur du site, a parlé de "dérive" de la part du pouvoir à travers cette tentative de perquisition. Cette dérive, que l'on pourrait qualifier d'autoritariste, peut se mesurer sous différents angles. D'un côté, l'instrumentalisation pour s'en prendre à des forces d'opposition comme les perquisitions du côté de Jean-Luc Mélenchon et de la France insoumise en octobre 2018, ce dernier se montrant d'ailleurs très remonté contre Mediapart, appelant ses partisans à se désabonner du site. De l'autre, la répression policière qui est monté en puissance ces dernières années. Il y a l'affaire Benalla, mais il y a aussi ce que subissent les gilets jaunes ces dernières semaines, et que les mass media ont mis sous silence, donnant d'ailleurs volontiers la parole aux policiers chouinant contre les violences qu'ils subissent sans mettre en contradiction avec les violences qu'ils font subir ou encore l'impunité judiciaire dont ils sont régulièrement bénéficiaires.

Et quand on pense que Macron s'insurge contre le Venezuela de Maduro, soutenant le putsch de Juan Guaido le 23 janvier dernier, dans une position similaire à celle de Donald Trump et de Jair Bolsonaro, c'est dire si ça joue le donneur de leçons qu'il n'a pas apprises de toute façon. Sans compter le mépris de classe exprimé encore récemment auprès de journalistes du Point sur le boxeur Christophe Dettinger, qui ne parlerait pas comme un gitan, selon le président, ou tenant des propos qui résonnent comme un Napoleone Buonaparte - pardon, Napoléon Bonaparte -, donc comme un anti-républicain selon le journaliste Jean-Dominique Merchet.

Tout porte à croire qu'avec Macron, il s'agit d'une république bananière ou d'une démocrature. C'est selon l'humeur de chacun!

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