En raison d'un cambriolage dans lequel de l'argent en espèces était caché sous un canapé et d'accusations de corruption, le président sud-africain est sous une procédure de destitution. Même si elle n'aboutit pas, elle fragilise sa position au sein de l'ANC, à l'approche du congrès du parti dont son issue donnera le nom de la personne qui en sera à tête lors des élections générales de 2024.
Est-ce Cyril Ramaphosa peut être destitué de son poste de président de la république? Constitutionnellement parlant, c'est possible si une procédure de destitution obtient la majorité du Parlement. Mais vu que le président sud-africain a su resserrer les rangs au sein du Congrès national africain (African national congress, ANC), dont il est à la tête et qui a la majorité absolue au Parlement (cf lien n°1), l'affaire semble close et Ramaphosa peut envisager le congrès de l'ANC, se déroulant du 16 au 20 décembre prochain, avec sérénité.
Corruption endémique
Mais comment en est-on arrivé là? C'est suite à un rapport judiciaire revenant sur un cambriolage du ranch Phala Phala, appartenant à Ramaphosa, début 2020. Dans cette histoire, 4 millions de dollars en liquide étaient cachés sous un canapé lors du cambriolage. Ramaphosa rétorque qu'il s'agit de 560.000 dollars. Mais quel que soit le montant, il n'avait pas été déclaré par le président lors du constat du cambriolage. Ce qui a conduit, ces derniers jours, à des accusations de fraude fiscale et de corruption à son encontre. Ce dont il s'en défend, même si sa défense au sujet de cet argent liquide sous le canapé demeure bancale - vente de buffles - et que sa présence sous le canapé pose question.
Au-delà de cette affaire, c'est un exemple supplémentaire de la corruption endémique qui est présente au sein de l'ANC depuis son arrivée au pouvoir en 1994. D'ailleurs, Jacob Zuma, prédécesseur de Ramaphosa à la présidence de l'Afrique du Sud, a eu de multiples scandales politico-judiciaires durant ses deux mandats présidentiels - accusations de pot-de-vin auprès de l'entreprise française Thales; liens avec le clan Gupta; accusations de viol; accusations de détournement d'argent public; etc. - menant à une tentative de destitution en 2017 puis poussant à sa démission en 2018, au profit de... Ramaphosa, qui prit fin 2017 la tête de l'ANC et était vice-président de l'Afrique du Sud à ce moment-là.
Le maintien de la confiance en Ramaphosa par les caciques du parti de Nelson Mandela montre combien le parti se referme sur lui-même car en parallèle, le chômage de masse et la criminalité demeurent structurellement importants dans la nation arc-en-ciel (cf lien n°2), où plus de 30% de la population active est au chômage dans l'ensemble, et que c'est même au-dessus de 50% pour les 15-24 ans.
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De quoi avoir une certaine désillusion envers l'ANC. D'ailleurs, l'effet de long terme de ce chômage de masse, couplé des scandales dans le parti est un recul du vote pour l'ANC aux élections. Même s'il demeure majoritaire dans le pays, le parti de Nelson Mandela voit sa majorité s'amenuiser au fil du temps, comme en atteste les élections générales de 2019, avec une victoire à 57,5% des voix - pour la première fois à moins de 60% - et que le taux d'abstention a dépassé les 30% pour ces élections-là. Une première depuis l'établissement des élections multiraciales en 1994. In fine, l'ANC tend à ne plus avoir la majorité absolue à terme. Mais est-ce dès 2024, ce serait le cas? La question reste posée.
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