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JoSeseSeko

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"Il ne faut jamais prendre les gens pour des cons, mais il ne faut pas oublier qu'ils le sont." Cette phrase résume une recherche de vérité, de développer de l'information sur une variété de sujets, notamment l'économie, la politique et l'histoire. Et ce, dans plusieurs pays du monde.


Kanye West ou un nouvel adorateur d'Hitler, la mauvaise conscience d'un Occident capitaliste et raciste

Publié par JoSeseSeko sur 2 Décembre 2022, 10:54am

Catégories : #Polémique, #Amériques, #États-Unis, #West, #Histoire, #Hitler, #Nazisme, #Racisme, #Capitalisme

Photo: Capture d'écran

Photo: Capture d'écran

Dans une interview donnée à un média d'extrême-droite, le rappeur étasunien clame son amour pour Hitler et les nazis, considérant qu'ils ont fait "aussi" de bonnes choses et qu'il serait un tort de les diaboliser.

"J'adore Hitler", "j'adore les juifs et les nazis". Ces propos du rappeur Kanye West, alias Ye, sont issus d'une interview qu'il a accordée au média d'extrême-droite Infowars, jeudi 1er décembre. Ce qui suscite une vive polémique outre-Atlantique et provoqué une nouvelle suspension de son compte Twitter, alors qu'il venait à peine d'y être réintroduit sur le réseau social (cf lien n°1). Signe qu'Elon Musk n'a pas envie de se mettre davantage en difficulté qu'il ne l'est depuis son rachat de Twitter en octobre dernier et ses plans de restructuration qui mettent à mal le modèle économique de la société.

Oncle Tom

Ce n'est certes pas la première fois que West a des discours qui vont dans le sens de l'extrême-droite, donc du capital poussant le racisme institutionnel encore plus profondément. Souvenons-nous qu'en 2018, le rappeur en était venu à affirmer que l'esclavage négrier était, à terme, un "choix" de la part des afro-descendant(e)s qui subissaient ce système d'exploitation. Mais de la part d'un Oncle Tom qui s'est enrichi sur le dos des afro-descendant(e)s écoutant sa musique, est-ce si étonnant? Non. Et ce, d'autant plus que dans l'interview qui fait polémique actuellement, il a rappelé combien il soutient Donald Trump et qu'il souhaiterait être son colistier pour l'élection présidentielle de 2024 pour laquelle Trump a lancé officiellement sa candidature.

Et en octobre dernier, West a écrit plusieurs messages sur Twitter considérés comme antisémites, essentialisant les juifs comme tous riches - cliché qui a la vie bien dure -, sur l'utilisation de t-shirts avec la mention "White lives matter" plus un dénigrement au sujet de la mort de George Floyd, ce qui lui a fait perdre bien des collaborations avec des sociétés comme Adidas ou Balenciaga (cf lien n°2). Mais renforcé le soutien qu'il a de la part de l'extrême-droite étasunienne, tant il tient son rôle d'oncle Tom à la perfection.

Hitler, un démon parmi d'autres?

Parmi les fans afro-descendant(e)s de West, beaucoup le défendent sous l'angle que West dirait des vérités qu'il ne faut pas dire, concernant les juifs, le nazisme et que l'Occident omet d'autres tortionnaires, voire les porte aux nues, tels Napoleone Buonaparte (pardon, Napoléon Bonaparte) ou Léopold II. C'est là qu'on peut se dire que l'aliénation par le capitalisme a pleinement marché car ces gens-là suivent sans réfléchir une approche individualiste des choses, de l'histoire et en ont oublié combien une approche systémique sur Hitler était développée bien avant et d'une meilleure manière que Kanye West. Ne serait-ce qu'à travers l'exemple d'Aimé Césaire et de son Discours sur le colonialisme, retraçant les liens entre l'esclavage, la colonisation et le capitalisme, dans la lignée de Karl Marx et de C.L.R James, dans lequel il souligne l'hypocrisie occidentale par rapport à Hitler, défenseur extrême du capital (coucou Krupp!) à travers le paragraphe suivant:

  • "Oui, il vaudrait la peine d'étudier, cliniquement, dans le détail, les
    démarches d'Hitler et de l'hitlérisme et de révéler au très distingué, très humaniste, très chrétien bourgeois du xxe siècle qu'il porte en lui un Hitler qui s’ignore, quHitler l'habite, qu'Hitler est son démon, que s'il le vitupère, c'est par manque de logique, et qu'au fond, ce qu'il ne pardonne pas à Hitler, ce n'est pas le crime en soi, le crime contre l'homme, ce n'est pas l'humiliation de l'homme en soi, c'est le crime contre l'homme blanc, c'est l'humiliation de l'homme blanc, et d'avoir appliqué à l'Europe des procédés colonialistes dont ne relevaient jusqu'ici que les Arabes d'Algérie, les coolies de lInde et les gres d'Afrique. [...]
    J'ai beaucoup parlé d'Hitler. C'est qu'il le mérite : il permet de voir gros et de saisir que la société capitaliste, à son stade actuel, est incapable de fonder un droit des gens, comme elle s'avère impuissante à fonder une morale individuelle."

Là où un Napoléon, foncièrement négrophobe, anti-France et par moments déserteur, ciblait les noirs dans ses élans exterminateurs à travers les expéditions de rétablissement de l'esclavage dans les Caraïbes, puis un Léopold II se fit coupeur de mains au Congo et génocidaire à grande échelle envers les noirs - 10 millions de morts - pour l'exploitation du sol congolais, qui souffre de martyre de la part du capitalisme d'ailleurs, Hitler ne se limitait pas uniquement aux noirs et industrialisait la marche vers la mort. Et le nazisme continue à laisser des traces dans le quotidien de nos sociétés capitalistes, comme le souligne l'historien Johann Chapoutot sur la question du management qui aurait des inspirations des méthodes d'encadrement opérées chez les nazis. Ce qui est fortement débattu dans la sphère académique et dans le champ médiatique.

Et cette défense de West de la part de ses fans afro-descendant(e)s montre également combien n'ont pas lu les écrits de leurs aînés et leur mise en garde. Je pense tout particulièrement à Frantz Fanon, qui rapportait un souvenir de propos de son professeur de philosophie dans Peau noire, masques blancs:

  • "Quand vous entendez dire du mal des juifs, dressez l'oreille, on parle de vous [...] j'ai compris qu'il voulait simplement dire: un antisémite est forcément négrophobe"

Et vu les rappels faits tantôt au sujet de West sur l'esclavage ou sur l'antisémitisme, c'est que ses fans afro-descendant(e)s sont bien aliénés, défendant un mode de production qui les broie institutionnellement car capitalisme et racisme sont profondément imbriqués ensemble. In fine, ils se bercent d'illusions car un West qui s'est embourgeoisé sur eux - il n'est pas le seul, d'ailleurs! - ne viendra jamais les défendre et s'appuiera toujours, comme c'est le cas actuellement, sur des nazis qui sont des négrophobes.

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