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JoSeseSeko

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"Il ne faut jamais prendre les gens pour des cons, mais il ne faut pas oublier qu'ils le sont." Cette phrase résume une recherche de vérité, de développer de l'information sur une variété de sujets, notamment l'économie, la politique et l'histoire. Et ce, dans plusieurs pays du monde.


Refus d'obtempérer = permis de tuer

Publié par JoSeseSeko sur 28 Juin 2023, 09:41am

Catégories : #Fait Divers, #Europe, #France, #Police, #Racisme, #Médias

Photo: Flickr/Kim L

Photo: Flickr/Kim L

La mort de Nahel à Nanterre, suite à un refus d'obtempérer, renvoie une image de déjà-vu pour toute personne victime ou qui analyse les violences policières et le racisme institutionnel dans le cas français, ainsi que le traitement médiatique de ce genre de drame. Ce qui illustre également une inconséquence politique, notamment à gauche.

"Police milice, prêtes à tirer" chantait le groupe de métal français Trust à la fin des années 1970. C'est dire si cela reste actuel, avec la mort de Nahel à Nanterre, mardi 27 juin. Le défunt, âgé de 17 ans, roulait dans une Mercedes au moment de se faire contrôler par des policiers à moto. Étant mineur, il roulait sans permis de conduire et par conséquent, les policiers comptaient l'arrêter mais il refusa d'obtempérer. Ce faisant, il fut tué par balle et le policier tireur a été mis en garde à vue pour "homicide volontaire" quelques heures après les faits. De quoi mettre en colère la jeunesse de Nanterre, où une nuit de révolte a éclaté et ce n'est pas l'appel au calme du ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin qui changera les choses (cf lien n°1).

Un schéma continu

Les avocats de la famille du défunt ont déposé une plainte pour "faux en écriture publique" car dans les premières heures qui ont suivi ce crime policier, la version policière affirmait que le défunt aurait foncé sur les policiers au moment du refus d'obtempérer (cf lien n°2). Une version qui, comme d'habitude, a été massivement relayée par les mass media - coucou le journalisme de préfecture! -. Cependant, une vidéo prise durant l'interpellation montre que les policiers n'étaient pas face au conducteur, que ce dernier ne risquait pas de leur foncer dessus, mais surtout on entend distinctement la menace du policier prêt à tirer avec son arme de mettre "une balle dans la tête" avant de tirer à bout portant dans les deux-trois secondes qui suivent.

Ce genre d'histoire n'étonne plus tellement les banlieusard(e)s. Il y eut la série de morts après un refus d'obtempérer l'an dernier, le tabassage policier envers Michel Zecler fin 2020, les interpellations abusives - euphémisme - durant le premier confinement (printemps 2020), la mort de Cédric Chouviat à Paris en janvier 2020, la scène d'humiliation de collégiens et lycéens de Mantes-la-Jolie en décembre 2018, le décès d'Aboubakar Fofana à Nantes en juillet 2018, le viol de Théo Luhaka à Aulnay-sous-Bois en février 2017, la mort d'Adama Traoré à Persan en juillet 2016, les trépas de Zyed Benna et Bouna Traoré à Clichy-sous-Bois en octobre 2005, et tellement d'autres histoires. Mais il y a un trait commun autre que celui d'avoir subi les foudres d'une police en roue libre. C'est un traitement médiatique qui culpabilise les victimes, histoire de dédouaner les forces de l'ordre (social et racial). Et c'est d'autant plus flagrant que quand il s'agit d'autres personnes, c'est plus mesuré, comme par exemple le fils de Nadine Morano ou celui d'Eric Zemmour. Le premier ayant commis un délit de fuite avec consommation de produits illicites. Le second ayant causé un accident de la route avec abus d'alcool. Par conséquent, "tous les animaux sont égaux mais certains sont plus égaux que d'autres" (George Orwell).

Inconséquence à gauche?

Avec ce genre de drame, les réactions sur les réseaux sociaux ne se font pas attendre. Du côté de la droite et de l'extrême-droite, c'est l'apologie du crime policier qui prime, estimant que le policier tueur a fait en sorte qu'il y ait une "racaille" en moins. Preuve en est d'une américanisation de la France. À gauche, si certains disent qu'il s'agit bel et bien d'un crime policier, d'autres se montrent plus mesurés, appelant plutôt à la justice. C'est le cas de François Ruffin. Le député insoumis de la Somme s'est contenté d'indiquer que "porter l'uniforme de la République implique des devoirs". Ce qui semble être du bons sens.

Seulement, ce n'est pas la première fois que Ruffin se montre timoré sur la question des violences policières doublées de racisme institutionnel. Déjà en 2017, il refusa de se positionner sur l'affaire Adama Traoré car il n'était pas "intimement convaincu" de la ligne de défense de la famille Traoré et que ce n'est pas son "truc" de taper sur la police. C'est quelque part son impensé fraternaliste qui revient au galop. Tout comme une bonne partie de la gauche française qui considère que la question pigmentaire serait "sociétale", qu'elle "diviserait les travailleurs", alors qu'en réalité, elle fait partie intégrante de la question sociale et que "le degré d'émancipation des non-blancs fait partie des mesures naturelles du degré d'émancipation générale", pour reformuler Karl Marx et Friedrich Engels.

Bref, ils n'ont pas appris de l'avertissement lancé par Aimé Césaire en son temps. Qu'ils ne s'étonnent pas ensuite que nombre de banlieusard(e)s se méfient des partisans du socialisme, du communisme, de l'anarchisme, de l'écosocialisme, de l'écologie politique tant ils bafouillent sur les violences policières, là où même des footballeurs embourgeoisés mais originaires des banlieues - Jules Koundé (Villiers-le-Bel, 95), Kylian Mbappé (Bondy, 93) - affichent une certaine lucidité.

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