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JoSeseSeko

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"Il ne faut jamais prendre les gens pour des cons, mais il ne faut pas oublier qu'ils le sont." Cette phrase résume une recherche de vérité, de développer de l'information sur une variété de sujets, notamment l'économie, la politique et l'histoire. Et ce, dans plusieurs pays du monde.


À bas la France ou à bas la Françafrique?

Publié par JoSeseSeko sur 1 Août 2023, 15:22pm

Catégories : #Économie, #Politique, #Europe, #France, #Afrique, #Niger, #Françafrique, #Énergie, #Nucléaire

Photo: AFP

Photo: AFP

Le putsch mené au Niger, condamné entre autres par la France, réveille le ressentiment anti-français en Afrique francophone qui a pris de l'ampleur ces dernières années et montre combien la France et l'Afrique francophone doivent faire évoluer leur relation.

Depuis près d'une semaine, la tension diplomatique est forte entre la France et le Niger. Et pour cause, un coup d'État venant de la garde présidentielle a renversé le président nigérien Mohamed Bazoum, mercredi 26 juillet, et que le général Omar Tchiani, chef de la garde présidentielle et initiateur du putsch, s'est mis au pouvoir. En outre, le dimanche 30 juillet, des manifestants ont cassé les vitres de l'ambassade de France à Niamey, capitale du Niger (cf lien n°1). Si Paris condamne le coup d'État, des contacts ont été établis avec les putschistes afin d'évacuer les ressortissants - ou émigrés - français, comme ceux d'autres pays européens, qui désirent quitter le Niger dans le contexte ambiant (cf lien n°2).

Enjeu militaire et... nucléaire

Il faut dire que le Niger est un pays qui compte dans la géopolitique française. En premier lieu, c'est une ancienne colonie de l'Hexagone, avec des liens inscrits dans le temps. Ce qui rend d'autant plus fort le ressentiment de plusieurs nigériens, soutenant le putsch, envers l'ancienne puissance coloniale qui la joue donneuse de leçons manifestement pas apprises de toute façon, comme nous le verrons plus tard. Mais il y a surtout deux enjeux actuels pour la France au sujet du Niger. Le premier est d'ordre militaire. 1.500 soldats français sont postés au Niger, avec une base aérienne située à proximité de Niamey, symbolisant une présence militaire française en repli sur le continent africain. Imaginer que le Niger ne permette plus la présence de l'armée française sur son sol serait un coup dur pour le pouvoir français (Emmanuel Macron), devant trouver une solution de sortie le cas échéant. Pis, que ce serait la Russie qui renforcerait son influence sur le continent, et notamment dans la région du Sahel, indiquerait une pente supplémentaire dans le non-alignement de nombre de pays africains sur l'Occident dans le contexte de la guerre russo-ukrainienne en cours.

Le deuxième enjeu est économique. Et plus précisément, sur le nucléaire. Comme le nucléaire est à base d'uranium et qu'il n'y en a pas en France, comme dans d'autres pays européens produisant de l'électricité à base de nucléaire, il faut importer. Et le Niger fait partie des principaux fournisseurs d'uranium à destination des pays de l'Union européenne, dont la France, à hauteur de 24% (cf lien n°3). Ce n'est pas négligeable, y compris en France. Et si les putschistes nigériens, en réaction aux sanctions économiques annoncées par la France et d'autres pays (cf lien n°4), se mettaient à ne plus fournir d'uranium à ces pays-là, la capacité de production d'électricité à base de nucléaire en serait ébranlée, en dépit des discours sur le stockage de l'uranium et que le Niger serait un partenaire mineur. Et le ressentiment des Nigériens sur le sujet du nucléaire est profond, s'expliquant par exemple par la pollution générée par l'exploitation de la mine d'uranium d'Arlit par une filiale d'Oraneo (ex-Areva), avec 20 millions de tonnes de déchets radioactifs à l'air libre, dans une zone fortement exposée au vent (cf lien n°5).

Francophobie en Afrique francophone

Mais au-delà du cas du Niger, il y a une double tendance que l'on observe ces dernières années. En l'occurrence, une recrudescence de coups d'État militaires et une francophobie croissante, ou du moins une critique de plus en plus exprimée de l'État français et de sa politique en Afrique (Françafrique), en Afrique francophone. Il y a eu la Guinée-Conakry et le Mali en 2021, deux coups d'État successifs au Burkina Faso l'an dernier. Celui du Niger ces derniers jours suit la même logique car ces pays d'Afrique de l'Ouest sont des pays francophones et que les putschistes usent du ressentiment des peuples locaux envers la France et, en vérité, envers sa politique qu'on appelle la Françafrique, visant à un intérêt exclusivement tourné à l'avantage de Paris, quitte à maintenir une trappe à pauvreté au niveau de ces pays-là, aggravée à travers le Franc CFA, qui reste encore en place malgré la critique économique sur le sujet. En outre, historiquement parlant, tout dirigeant affichant une divergence avec Paris risquait de voir une vie politique raccourcie. L'exemple du Burkinabé Thomas Sankara, assassiné en 1987, est dans les esprits.

Et sous la présidence de Macron, cette critique de la politique française est massivement partagée par les peuples d'Afrique francophone et soit les dirigeants répriment, soit ils en font écho. Dans le premier cas, on peut citer le Sénégal de Macky Sall, vu comme un valet de la Françafrique par nombre de sénégalais. Ces derniers semblent se tourner vers l'opposant Ousmane Sonko, au discours critique envers la Françafrique, mais qui a plusieurs procédures judiciaires à son encontre, pouvant l'empêcher de se présenter à l'élection présidentielle de 2024 (cf lien n°6). Élection à laquelle Sall ne se représentera pas pour tenter un troisième mandat consécutif, respectant (a minima) la Constitution et voulant (surtout) éviter de nouvelles révoltes comme en juin dernier. Dans le second cas, on pourrait citer le président congolais (ou congo-zaïrois) Félix Tshisekedi, au moment où Macron terminait à Kinshasa, début mars, sa tournée en Afrique centrale et la conférence de presse entre les deux présidents était bien aigre. Le président français arguant que les problèmes de la RDC sont liés seulement à l'incapacité des dirigeants et son homologue et hôte lui rétorquant sur la Françafrique, la position du pouvoir français au sujet de son élection contestée, fin 2018, etc. Et ce, d'autant plus que la France apparaît comme le pays occidental ayant le moins d'opinion favorable selon les Congo-zaïrois interrogés dans un sondage fait fin février. Peut-être en lien avec le réchauffement des relations diplomatiques entre la France et le Rwanda, pays considéré comme le principal responsable de la guerre larvée dans l'Est du Congo-Zaïre.

Mais ceci est une autre histoire...

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