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JoSeseSeko

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"Il ne faut jamais prendre les gens pour des cons, mais il ne faut pas oublier qu'ils le sont." Cette phrase résume une recherche de vérité, de développer de l'information sur une variété de sujets, notamment l'économie, la politique et l'histoire. Et ce, dans plusieurs pays du monde.


Le panafricanisme est dans le désert

Publié par JoSeseSeko sur 3 Août 2023, 15:04pm

Catégories : #Économie, #Politique, #Afrique, #Tunisie, #Racisme, #Panafricanisme, #Immigration, #Néocolonialisme, #Impérialisme

Photo: AFP

Photo: AFP

La négrophobie institutionnelle en Afrique du Nord, avec les images d'hommes, femmes, enfants condamnés à mourir dans le Sahara montrent combien l'unité du continent africain a du plomb dans l'aile, alors qu'elle fait partie des solutions pour sortir d'une trappe à pauvreté, causée par le néocolonialisme, qu'il provienne d'Occident ou d'ailleurs.

Une question de survie. Depuis un mois, des travailleurs, des exilé(e)s ou des étudiant(e)s originaires de l'Afrique subsaharienne et vivant en Tunisie sont dans le collimateur du pouvoir tunisien et de la police tunisienne. Pour nombre d'entre eux, l'expulsion vers des pays limitrophes comme la Libye conduit en réalité à une condamnation à mort dans le désert, sans même avoir de bouteille d'eau sur soi. D'où une crise humanitaire qui ne cesse de prendre de l'ampleur, avec une dénonciation de la part d'Organisations non gouvernementales (Human rights watch, Refugees in Libya) de la politique négrophobe opérée par le pouvoir tunisien (cf liens n°1, n°2). De même que des artistes du monde de la musique tels Gims ou BigFlo & Oli ont annulé ou reporté leurs concerts prévus en Tunisie, afin de marquer leur solidarité avec les exilé(e)s expulsé(e)s et laissé(e)s à l'abandon (cf lien n°3).

Lâcheté africaine

Mais est-ce que les présidents ou autres dirigeants africains, en l'occurrence ceux de l'Afrique subsaharienne, sont montés au créneau pour accuser la négrophobie institutionnelle de la Tunisie, voire plus généralement l'ensemble de l'Afrique du Nord qui est a ce racisme spécifique chevillé au corps? Manifestement non. D'ailleurs, il n'y a pas eu d'annonce de rappel des ambassadeurs des pays d'Afrique subsaharienne à Tunis. Ce qui aurait été un indicateur de l'indignation collectivement partagée sur le continent africain, d'une volonté de sanctionner et d'isoler diplomatiquement la Tunisie.

Mais que nenni! Ce qui est une preuve de lâcheté de la part des chefs d'État africains, qu'ils fussent élus démocratiquement ou fussent profiteurs d'un coup d'État. Une lâcheté qui peut s'expliquer par le fait que le pouvoir politique local ne vaut pas grand-chose face aux structures économiques et sociales qui sont aux mains de sociétés extra-africaines. Qu'elles soient originaires de pays occidentaux - France, Royaume-Uni, États-Unis, Belgique, Allemagne, Italie, etc. - ou non-occidentaux - Russie, Chine, Inde, etc. -. Ce qu'on appelle communément le néocolonialisme. Et à partir de là, une des raisons de l'exil de milliers d'Africains de leur pays natal et une minorité d'entre eux visant l'Europe, quitte à se ruiner financièrement et risquer sa vie pour passer en Afrique du Nord puis la mer Méditerranée. Ce qui oblige à rappeler que le phénomène migratoire est essentiellement Sud-Sud, que le néocolonialisme appliqué envers l'Afrique est une démonstration de l'impérialisme pratiqué par un pays extra-africain. Et comme l'impérialisme est "le stade suprême du capitalisme", si l'extrême-droite dans les pays occidentaux clame l'arrêt de l'immigration, il faudrait stopper le néocolonialisme, et forcément en finir avec le capitalisme. Ce qui entre en contradiction au sein de l'extrême-droite, qui est une roue de secours du capitalisme, soit dit en passant.

Non-alignement africain

Bref, l'Afrique reste, dans les grandes largeurs, un continent vu comme une proie facile pour des rapaces capitalistes, d'où qu'ils viennent, sachant qu'ils peuvent compter sur des soutiens locaux, parfois achetés - SOS Corruption, j'écoute?! - pour s'assurer de leur servitude volontaire. Néanmoins, depuis quelques années, un vent de dénonciation des impérialismes monte au sein des jeunesses du continent. Notamment en Afrique francophone, où la question de la Françafrique demeure et peut servir à des personnes cherchant à prendre le pouvoir politique par la force, comme ce fut le cas avec le coup d'État au Niger le 26 juillet dernier, interrogeant du reste les manquements de la démocratisation des pays africains (cf lien n°4), profitant en fait à des rentiers, des bourgeois, illustrant le concept de cens caché. Mais est-ce qu'au nom de rejeter un pays extra-européen, il faut forcément se jeter dans les bras d'un autre comme la Russie de Poutine, qui tient à séduire dans le contexte de la guerre qu'elle mène en Ukraine (cf lien n°5)? Une question qui est délicate pour tout esprit panafricain.

En vérité, l'issue la plus honorable pour les dirigeants africains serait de réduire leur dépendance économique auprès des pays extra-africains, notamment au niveau de l'alimentaire, comme le sous-entend le chef d'État burkinabé Ibrahim Traoré dans son discours au sommet Afrique-Russie de Saint-Pétersbourg (cf vidéo). Ce qui doit se traduire par une politique continentale de non-alignement géopolitique. Ce qui tend à être observé dans le cas de la guerre russo-ukrainienne (cf lien n°6). Mais il faudrait également traduire cette réduction de la dépendance économique par du protectionnisme africain, dans le sens où le commerce intra-africain devrait être majoritaire pour chacun des pays du continent. Ce qui n'est absolument pas le cas à l'heure actuelle. Et la mise en place d'une Zone de libre-échange continentale africaine depuis 2019 montre combien les dirigeants africains suivent par paresse intellectuelle ce qui est mené par les pays européens, sans se rendre compte des problématiques présentes sur ce sujet en Europe.

Bref, sur la négrophobie, sur le protectionnisme continental, il serait bon de ne plus prêcher dans le désert!

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