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JoSeseSeko

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"Il ne faut jamais prendre les gens pour des cons, mais il ne faut pas oublier qu'ils le sont." Cette phrase résume une recherche de vérité, de développer de l'information sur une variété de sujets, notamment l'économie, la politique et l'histoire. Et ce, dans plusieurs pays du monde.


Tout ce qui bouge sera taxé dans l'Est du Congo-Zaïre

Publié par JoSeseSeko sur 19 Janvier 2018, 16:36pm

Catégories : #Économie, #Afrique, #Congo-Zaïre, #Fiscalité, #Minerais

Photo: IPIS

Photo: IPIS

D'après une enquête réalisée par l'ONG belge IPIS fin 2017, plusieurs centaines de barrières routières existent dans l'Est de la République démocratique du Congo (RDC), permettant aux services gouvernementaux, dont l'armée et la police, mais aussi à des forces rebelles de s'enrichir sur le dos des citoyens, perpétuant une guerre larvée qui dure depuis plus de 20 ans.

Il y a quelques jours, je lisais le mensuel Alternatives économiques et dans ce journal, je tombais sur une brève surprenante mais très intéressante. L'Institut IPIS, basé à Anvers (Belgique), a mené une enquête, avec le Danish Institute for international studies, sur des barrages routiers dans les provinces du Nord et du Sud-Kivu, en République démocratique du Congo (RDC) au courant de l'année 2017 (cf lien). Les auteurs de cette enquête ont relevé 798 barrages routiers dans ces provinces (486 au Nord-Kivu, 312 au Sud-Kivu), frontalières avec l'Ouganda, le Rwanda et le Burundi. 75% de ces barrages ont été observés par les enquêteurs, sur le terrain, le restant étant lié à des vérifications d'information par des sources locales. Néanmoins, les auteurs indiquent qu'il peut manquer un recensement d'autres barrages routiers dans le Nord-Kivu et/ou dans le Sud-Kivu. Par conséquent, il ne serait pas impossible qu'il y ait près de 900, voire 1000 barrages routiers dans cette partie du pays.

Des barrages armés

Le premier aspect que développent les auteurs de l'enquête est que ces barrages routiers est que ceux-ci sont contrôlés par des forces armées. Sur les 798 barrages recensés, 597 sont tenus par des forces armées. 379 d'entre eux sont tenus par l'armée gouvernementale (FARDC), 44 autres par la police nationale et le restant (174) est tenu par des groupes armés rebelles envers le pouvoir central congo-zaïrois ou rebelles envers un pays étranger, comme les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), rassemblant des hutus, dont certains membres seraient des acteurs lors du génocide tutsi au Rwanda en 1994. Signe que l'instabilité est chronique dans les provinces du Kivu depuis cette année-là.

Taxation lourde

Ces barrages routiers sont une source de revenus privilégiée pour les forces armées présentes dans ces provinces de l'Est du Congo-Zaïre. En tout premier lieu, l'armée car les FARDC jouent les percepteurs d'impôts dans les barrages qu'ils contrôlent (347 sur 798), en taxant le droit de passage et/ou en taxant les biens transportés (minerais, produits agricoles, bois, etc.) sur les routes ou en ville. L'IPIS relève, par exemple, que 15 agents de six compagnies de poids lourds du Nord-Kivu paient au total plus d'un million de dollars (1.714.920) par an en droits de passage sur les principaux axes routiers de la province. De même pour les minerais extraits. Par exemple, le barrage de Mulungu, dans le Sud-Kivu, contrôlé par l'armée et la police, permet à ces fonctionnaires de collecter au moins 6.600 dollars par jour selon l'IPIS, à raison de 500 à 1.000 personnes contrôlées au quotidien sur cet axe routier.

Mais les groupes armés rebelles ne sont pas en reste, et tout particulièrement aux alentours des mines d'or, de coltan, de charbon, etc. Auparavant, ça pillait sur les sites d'extraction des minerais, mais face aux multiples opérations militaires par les FARDC et les casques bleus de l'ONU présents sur place - la mission de l'ONU en RDC (Monusco) est la plus importante au monde, avec 21.000 personnes mobilisées -, ça se concentre sur les routes commerciales entre les mines et les grandes villes.

En tout cas, ça permet un financement en armes, en munitions, et une pérennisation du conflit dans cette partie du Congo-Zaïre depuis plus de 20 ans, où même des agents de l'État se servent généreusement car comme le rappelle l'IPIS, la corruption est monnaie courante dans le pays le plus peuplé de la francophonie, où la débrouille est la règle d'or en matière de fiscalité. Ce n'est pas demain la veille que la devise du pays "Justice, paix, travail" sera pleinement effective dans ces provinces orientales, qui illustrent le syndrome hollandais, à savoir un amas de richesses naturelles qui ne permet pas le développement des habitants.

P.S: l'enquête est à retrouver ici.

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