Il faut croire que tout va continuer, pour ne pas dire empirer. Aucune leçon du passé n'a l'air d'être comprise dans une Europe impopulaire.
La droite libérale-conservatrice (Parti populaire européen, dans lequel se trouve l'Union pour un mouvement populaire) sort en tête des élections européennes du 25 mai, talonnée par le centre-gauche (Parti socialiste européen, dont se trouve le Parti socialiste français). Pourtant, le PPE, comme le PSE, qui gouvernent dans la plupart des états membres de l'Union européenne, ont perdu des sièges au Parlement européen de Strasbourg. Ils connaissent une victoire à la Pyrrhus, puisque le PPE, en tête, perd 60 eurodéputés en 5 ans (de 274 en 2009 à 214 en 2014), notamment en France et en Italie. Le PSE, pour sa part, perd 7 députés sur les 5 dernières années (196 -> 189), en raison des mauvais résultats du PS français ou encore du PSOE espagnol, qui n'ont pu être compensés par les résultats en Italie ou en Allemagne. Signe d'une sanction à leur encontre par rapport aux politiques menées depuis 2008-2009.
Mais cette sanction a plusieurs traits de caractère. L'abstention, le vote nationaliste et le vote pour la gauche radicale (Gauche unitaire européenne/nordic green left). Une fois encore, l'abstention est majoritaire dans l'Union européenne, mais un poil plus faible qu'en 2009. Toujours est-il qu'elle marque la désaffection des électeurs envers l'Union européenne telle qu'elle chemine depuis plusieurs années, mais ça n'empêche pas la classe dominante de dormir tranquille. Au contraire, ça la renforce dans sa conviction d'en profiter au maximum de cette UE-ci. Comme le dit Jean-Claude Juncker, candidat du PPE à la présidence de la Commission européenne: "Le projet européen et son succès ne se mesurent pas à l'aune du taux de participation. Ne serait-ce qu'avec le traité transatlantique, en cours de négociation, les absentionnistes se mettent dans une position suicidaire. Mais il ne faudra pas se plaindre quand aux dégats que ce traité causera pour le grand nombre, quand on a pas voulu s'exprimer à travers l'élection des députés européens. Néanmoins, cela renforce également l'idée que le vote a un "cens caché", et qu'il ne porte plus une expression universelle. Le vote nationaliste, europhobe, est sorti renforcé des élections, notamment en Grande-Bretagne, en France, en Belgique, et au Danemark, où l'Ukip, le Front national, l'Alliance néo flamande et le parti populaire danois arrivent en tête. 4/28, c'est déjà fort, mais cela n'indique pas que le passéisme triomphe, tout de même. Certains, comme le FN, comptent organiser un groupe parlementaire d'europhobes et au vu des accords précédents, ce groupe (Europe liberté démocratie) serait composé de 36 élus. Mais certains, comme l'Ukip, ne veulent pas rejoindre ce groupe, ou d'autres comme Aube Dorée, parti néo-nazi grec qui a fait 10% des voix le 25 mai, sont refusés. Il y a donc du rififi à l'extrême-droite. La gauche radicale (voire extrême-gauche selon les médias "mainstream") y a gagné aussi en représentation puisque le groupe GUE/NGL passe de 35 élus en 2009 à 42 en 2014. Cette dynamique est surtout due aux PIIGS frappés par les saignées austéritaires (Portugal, Irlande, Italie, Grèce, Espagne), où les votes pour la gauche radicale ont fortement cru entre 2009 et 2014, à tel point qu'en Grèce, la coalition de gauche radicale SYRIZA, menée par Alexis Tsipras, est arrivée en tête dans un pays où c'était plutôt le bipartisme entre la Nouvelle démocratie (membre du PPE), et le PASOK (membre du PSE). En Espagne, Izquierda unida est devenue la 3ème force politique du pays, avec un faible écart derrière le PSOE; en Irlande, Sinn Féin, avec 17% des voix, revient en nombre dans le Parlement européen; en Italie, une liste de gauche radicale a réussi à faire élire des députés quand en 2009, ça n'a pas pu être le cas; au Portugal, le Parti communiste portugais et le Bloc de gauche ont progressé. Par contre, les formations de gauche radicale en France et en Allemagne (Front de gauche, Die Linke) ont connu soit une stabilisation (Front de gauche), soit un recul des voix et des députés (Die Linke).
Pour le cas français dans le détail (puisque généralement, il n'est guère bien vu de regarder au-delà du bout de son nez, preuve que le nationalisme tient à pas grand-chose), cela fera l'objet du prochain article de mon blog.
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