Après les résultats du "Super Tuesday", où Hillary Clinton et Donald Trump ont creusé l'écart sur leurs adversaires respectifs, tout semble écrit pour qu'ils s'affrontent à la fin de l'année pour succéder à Barack Obama.
Les primaires états-uniennes tonnent tambour battant! Le premier temps fort de cette période pré-électorale est passé mardi 1er mars, avec le "Super Tuesday", où une douzaine d'États, dont l'Alabama, le Texas, la Virginie, le Massachusetts ou encore le Minnesota, désignaient leur candidat. Que ce soit pour la primaire démocrate ou la primaire républicaine, avec Hillary Clinton d'un côté et Donald Trump de l'autre.
Un scénario renforcé
Du côté des observateurs, le duel annoncé entre Clinton et Trump a de plus en plus de consistance. Au Parti démocrate, 8 des 12 États votants lors du "Super Tuesday" se sont tournés vers l'ancienne first lady (épouse du Bill Clinton, président de 1993 à 2001) face au meneur de l'aile gauche du parti, Bernie Sanders, réduisant la probabilité pour ce dernier d'avoir la majorité des délégués démocrates (2.242 sur 4.483), et d'ainsi créer un séisme politique aux États-Unis - un candidat se réclamant du socialisme, même si c'est à la sauce de la social-démocratie nordique (Suède, Finlande, etc.) - d'ici l'été. D'autant plus que les superdélégués du parti ont majoritairement pris fait et cause pour Clinton (cf lien n°1).
En face, le Parti républicain voit le coup d'essai Trump se transformer en coup de maître. Le magnat de l'immobilier a réussi à capter une majorité d'États mardi 1er mars, face à une opposition plus nombreuse (Ted Cruz, Marco Rubio, John Kasich, Ben Carson), ce qui lui permet d'avoir une avance plus confortable. Néanmoins, Trump n'est pas sûr d'avoir la majorité nécessaire (1.237 sur 2.472) pour être désigné le candidat du "Grand old party" (GOP) à l'issue des primaires, en juin. À moins d'un retrait d'un des candidats encore en lice.
Enjeu pigmentaire et social
Dans ces primaires, les candidats tiennent à se montrer influents envers différentes communautés, notamment en fonction du pigment (pour ne pas dire couleur de peau). Certains analystes montrent combien Clinton a construit essentiellement sa victoire grâce aux soutiens des communautés noires et hispaniques face à Sanders. Pour Trump, son électorat est majoritairement blanc, qu'il soit modéré tout comme ultraconservateur car des États du Nord-Est, ainsi que d'autres du "vieux Sud" qui fit la Guerre de Sécession il y a plus de 150 ans, sont séduits par l'homme d'affaires.
Quelque part, davantage qu'en 2008 (première élection de Barack Obama), la participation aux urnes sera déterminante, quoique non suffisante pour déterminer entièrement le futur locataire de la Maison-blanche. Pourquoi? En 2008, Obama avait su mobiliser autour de sa personne les afro-descendants, plus certains latinos, pour que ces derniers aillent voter à un niveau vu comme élevé (plus de 57% de participation), alors que c'est près d'un états-unien sur deux qui s'abstient. Huit ans plus tard, vu comment les afro-descendants se font tirer dessus, victimes d'un "racisme institutionnel" toujours aussi vivace, il serait étonnant d'aller les voir voter massivement en novembre prochain.
Les latinos, ciblés par certains discours de Trump, notamment sur la question migratoire que ce dernier croît maitriser alors qu'il est à l'ouest, trouveraient-ils une motivation supplémentaire pour renvoyer ce dernier vers l'immobilier ou seraient-ils tentés de préparer leur départ en boudant les urnes? D'ailleurs, depuis mardi, plusieurs journaux relatent des recherches Google sur un départ vers le Canada, vu que l'hypothèse Trump a pris de la consistance. C'est dire l'importance prise par le trublion dans la société états-unienne. Du coup, l'électorat blanc, plus précisément, les WASP (white anglo-saxon protestant) retrouve une relative force. Beaucoup de ces WASP ont un regard nostalgique sur la "grandeur de l'Amérique", Obama ayant amorcé, selon eux, une phase de déclin de leur pays, alors que c'est un certain retour vers l'isolationnisme prôné par la doctrine Monroe, tout en gardant les Amériques comme chasse gardée. Puis économiquement, ce sont eux qui sont les mieux lotis puisqu'ils forment l'essentiel de la classe bourgeoise états-unienne, tolérant des nouveaux bourgeois latinos ou afro-descendants dans la mesure où ils alièneront les esprits des prolos qui ont le même fragment pigmentaire, comme les bourgeois blancs le font à l'égard des prolétaires blancs. Pourtant, ces WASP restent inquiets car la dynamique démographique leur est défavorable. Devenant jour après jour minoritaires, leur salut ne passe que par leur capital accumulé depuis des décennies. Et ce, d'autant plus que les candidats aux primaires, excepté Sanders, ont recours à des soutiens massifs de milliardaires, à moins qu'ils soient eux-mêmes suffisamment riches pour financer leur campagne, à l'instar de Trump.
En bref, le "melting-pot" (coexistence harmonieuse ou du moins pacifique entre plusieurs communautés aux États-Unis), tant véhiculé depuis des années au sujet de l'oncle Sam, est en vérité, une image d'Épinal pittoresque!
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