Né par un collectif appelant à la convergence des luttes et porté par certaines personnalités, le mouvement "Nuit debout" suit son chemin, essayant de brasser le plus largement possible, avec peut-être la possibilité de remettre en avant certains sujets plutôt minoritaires chez des citoyens se réclamant du socialisme.
La place de République pourrait-elle être la "Puerta del sol" française? C'est en tout cas une des réflexions autour du mouvement "Nuit debout", qui semble s'inspirer du mouvement des Indignés de Madrid en 2011, dont l'héritage politique fut symbolisé par le parti Podemos. Depuis le 31 mars, date de la plus importante journée de mobilisation contre le projet de "loi travail" depuis le début des mouvements contre ce projet gouvernemental, "Nuit debout" tient à servir de laboratoire de démocratie directe ou participative, avec également l'influence des réseaux sociaux (Twitter, Facebook, Periscope, etc.), pour aller au-delà de la simple question de la réforme du code du Travail.
Un mouvement qui se structure
Mardi 5 avril (ou 17 Germinal an CCXXIV), je suis allé voir comment ça se déroule, peu après une nouvelle manif contre le projet de "loi travail". Déjà, il y a du monde et même du beau monde car j'ai pu croiser du regard l'économiste Frédéric Lordon ou le trotskyste Olivier Besancenot, ancien candidat à la présidentielle du NPA (ex-LCR). L'une des premières choses à relater est que "Nuit debout" est un mouvement qui donne par moment l'impression de tâtonner. Mais ça s'explique par sa récente existence et puis c'est largement compensé par une volonté de mieux se structurer. Des ateliers sont proposés aux personnes ainsi que des conférences sont données en plein air. Divers sujets de débat sont mis sur la table par des commissions de travail, qui doivent ainsi les rapporter auprès de la commission de modération, chargée de fixer des axes prioritaires et de les transmettre pour un établissement, dans les meilleures conditions, d'une assemblée générale, qui est la phase rassemblant le plus de monde.
Dans le cas de la commission de modération qui s'est réunie mardi 5 avril, avec du monde autour d'elle, il a été question notamment d'une nouvelle forme d'organisation avec une distinction entre assemblée populaire (AP) et assemblée générale décisionnaire (AG). En ce sens que l'AP doit se tenir quotidiennement, tandis que l'AG décisionnaire se ferait deux à trois fois par semaine, afin de mieux structurer le mouvement. Mais certaines voix se sont opposées, estimant que l'AP aurait moins d'importance, or c'est elle qui doit permettre au plus grand nombre de s'exprimer sur un ou plusieurs sujets qui lui tiennent à cœur. Malgré tout, le mouvement avance, dans les villes françaises (Marseille, Lille, Nantes, Toulouse, etc.), mais aussi en-dehors de l'Hexagone (Bruxelles).
Une extension incomplète
L'objectif affiché de Nuit debout est de faire converger les luttes en cours en France, traduisant ce qui s'opérait dans plusieurs conférences. Que ce soit au sujet du projet de "loi travail", des mouvements des taxis ou des paysans, mais aussi sur les luttes antiracistes. Mais sur ce dernier point, c'est indicatif d'une faiblesse du mouvement. Comme me le fit remarquer Estelle, une citoyenne venue observer ce qui se passe à République, le mouvement est essentiellement composé de "bourgeois, blancs, masculins". Pourtant, des femmes sont présentes pour parler féminisme mais aussi intersectionnalité, le grand absent est le "non-blanc" de la banlieue.
Et pour cause! Les discussions sont rares au sujet du néocolonialisme français et occidental, alors que c'est une cause majeure de l'immigration vers l'Europe. Et comme le gouvernement ne veut pas parler de la Françafrique, c'est dire si ça tient au progrès pour quelques-uns. Puis, les nouveaux mouvements antiracistes, menés par des "racisés" eux-mêmes défraient la chronique comme le Parti des indigènes de la République, avec Houria Bouteldja qui cristallise et crispe les esprits, tandis que les propos négrophobes de la ministre Laurence Rossignol n'ont pas l'air de grandement choquer dans les partis politiques de gauche. Et ce, en dépit du fait que ces luttes, avec la Marche de la dignité par exemple, s'inscrivent dans une remise en cause des institutions, convergeant ainsi avec Nuit debout, qui tient à préparer une Constitution.
Bref, ce tâtonnement démocratique qu'est Nuit debout, a du mal à accoucher d'un internationalisme qui serait pourtant un de ses principes phares, avec l'autogestion dans les usines. Mais ça prend une tournure intéressante et positive.
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Christophe Barret est historien et spécialiste de l'Espagne. Il En novembre dernier, il avait accordé une interview à L'arène nue à ce sujet. On peut la découvrir ici. Il revient ici brièvem...
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La Nuit Debout n'est qu'un début
" Aujourd'hui nous changeons les règles du jeu ". Peut-être que d'ici trois mois cette phrase sera oubliée par tout le monde et reléguée aux oubliettes. Il se pourrait aussi que dans cent ans ...
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