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JoSeseSeko

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"Il ne faut jamais prendre les gens pour des cons, mais il ne faut pas oublier qu'ils le sont." Cette phrase résume une recherche de vérité, de développer de l'information sur une variété de sujets, notamment l'économie, la politique et l'histoire. Et ce, dans plusieurs pays du monde.


L'Europe joue avec le feu

Publié par JoSeseSeko sur 24 Mai 2016, 14:55pm

Catégories : #Politique, #Europe, #Autriche, #Élections, #Van der Bellen, #Hofer, #Verts, #FPÖ

Photo: Georg Hochmuth/AFP

Photo: Georg Hochmuth/AFP

L'élection à l'arrachée du candidat écologiste à la présidence de l'Autriche, face à l'extrême-droite, symbolise bien une rupture entre les dirigeants européens et les populations européennes. Un signal d'autant plus fort pour la France, à moins d'un an du premier tour de l'élection présidentielle.

Pour montrer un exemple pratique d'une victoire à la Pyrrhus, il faut aller en Autriche. Le second tour de l'élection présidentielle a vu l'élection du candidat des Verts Alexander Van der Bellen, d'une courte tête - environ 31.000 voix d'écart sur 4,6 millions d'électeurs ayant voté -, face au candidat du Parti de la liberté d'Autriche (FPÖ, extrême-droite) Norbert Hofer. Sachant que, comme l'indique La Tribune (cf lien), sans le vote des Autrichiens de l'étranger via le vote par correspondance, M. Hofer aurait été président de l'Autriche. Soit le premier chef d'État issu (officiellement) de l'extrême-droite en Europe depuis 1945. Le tout avec une faible abstention (27,3% selon le ministère de l'Intérieur autrichien).

Un clivage socio-professionnel net

À la suite de l'annonce des résultats de l'élection, qui s'est déroulée dimanche 22 mai, mais officiels seulement le lendemain, dans l'après-midi, le sentiment de soulagement s'est posé dans les cercles de pouvoir. D'abord en Autriche car le gouvernement de coalition, gouverné par le social-démocrate Christian Kern, qui peut respirer jusqu'aux prochaines élections législatives de 2018. Néanmoins, son parti, le Parti social-démocrate d'Autriche (SPÖ, centre-gauche), ainsi que le partenaire conservateur qu'est le Parti populaire autrichien (ÖVP), ont de quoi rester inquiets dans la mesure où les candidats de ces deux partis n'ont pas passé le premier tour de l'élection présidentielle. Une sorte de 21 avril 2002 autrichien, en fait! Dans le reste de l'Union européenne (UE), le soulagement est fortement hypocrite car le résultat électoral illustre combien l'UE n'inspire plus grandement confiance au sein des populations des pays membres.

À l'inverse, le FPÖ peut se réjouir d'avoir failli gagner, car il démontre que l'Autriche est bien coupée en deux désormais, et il envoie un signal aux autres partis nationalistes, tels le Front national (FN) en France, Alternative für Deutschland (AfD) en Allemagne, Ukip au Royaume-Uni, etc. La porte du pouvoir est toute proche, avec un ralliement du bas pour ce genre de parti. Un nombre qui va en faire pâlir plus d'un. Sur 100 ouvriers autrichiens ayant glissé un bulletin dans l'urne le 22 mai, 86 d'entre eux l'ont été pour M. Hofer. De l'autre côté, la grande majorité des cadres a voté pour M. Van der Bellen. La fracture sociale s'exprime dans le vote des Autrichiens, qui renvoie à un sentiment que l'UE est davantage un méfait pour la classe défavorisée.

Un signal supplémentaire

Il n'empêche, le quasi tremblement de terre autrichien est une réplique de grande ampleur sur un phénomène de droitisation extrême de la vie politique en Europe, et du vote des électeurs. Et ce, avec une critique acerbe de l'UE, sous l'angle d'un fédéralisme et d'un libre-échange à rejeter pour ces eurosceptiques d'extrême-droite, reprenant leur verve nationaliste qui tend à payer. En France, le FN est en progression constante, formant désormais une triade avec les Républicains (ex-UMP) et le Parti socialiste, avec les dernières élections régionales. En Allemagne, le parti AfD a fait une percée non-anticipée lors d'élections dans plusieurs Länder en mars 2016 avec un discours ouvertement xénophobe depuis l'été 2015 et la crise des réfugiés. Au Royaume-Uni, le référendum sur l'avenir d'Albion dans l'UE divise le Parti conservateur au pouvoir, entre David Cameron, Premier ministre qui ne le souhaite pas mais qui utilise le référendum comme une menace, et Boris Johnson, l'ancien maire de Londres, appelant au Brexit, de même que l'Ukip de Nigel Farage.

Aux abonnés absents

Mais qu'en est-il de la gauche (hors sociaux-démocrates ou sociaux-libéraux)? Elle semble être aux abonnés absents! Voire même, elle se retrouve à jouer les pompiers d'une UE libérale qu'elle critique par ailleurs. L'exemple britannique est saisissant puisque Jeremy Corbyn, leader du Parti travailliste depuis septembre et pourtant eurosceptique de gauche, doit se positionner pour le maintien du Royaume-Uni dans l'UE pour l'unité de son parti et de celle du pays car en cas de Brexit, les Écossais, europhiles devant l'éternel, referont le coup du référendum pour leur indépendance, comme en 2014.

En outre, la tragédie grecque de l'été 2015, transformant le parti de gauche radicale SYRIZA en un nouveau PASOK, aurait du servir de leçon quand à la mise en évidence de la nature de l'UE, avec l'euro au centre des problématiques. Une espèce "d'inconséquence" à gauche, qui la condamne à capituler, aux yeux d'un Frédéric Lordon ou autre penseur de gauche radicale. Toujours est-il que le paysage politique européen n'inspire pas la sérénité.

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