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JoSeseSeko

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"Il ne faut jamais prendre les gens pour des cons, mais il ne faut pas oublier qu'ils le sont." Cette phrase résume une recherche de vérité, de développer de l'information sur une variété de sujets, notamment l'économie, la politique et l'histoire. Et ce, dans plusieurs pays du monde.


Quand la Ligue 1 s'embourgeoise

Publié par JoSeseSeko sur 2 Août 2017, 16:37pm

Catégories : #Économie, #Sport, #Football, #Ligue 1, #PSG, #ASM, #OL, #OM, #LOSC, #Lutte des classes

Quand la Ligue 1 s'embourgeoise

La probable arrivée de Neymar au Paris Saint-Germain semble illustrer un pas de plus dans l'embourgeoisement du foot français. Et par conséquent, une intolérance accrue envers les supporters prolétaires, qui sont les victimes de la dérégulation du foot en Europe depuis plus de 20 ans.

"Panem et circenses" disaient les Romains de leur temps. Le proverbe se vérifie encore aujourd'hui, avec le football. Depuis plusieurs semaines, il est question du transfert du joueur brésilien Neymar du FC Barcelone vers le Paris Saint-Germain (PSG), sachant que la clause libératoire fixée par le Barça est de 222 millions d'euros (cf lien n°1). Un montant que semble mettre à disposition le club parisien, dirigé par le Qatar depuis 2011, à travers un montage financier qui se veut sophistiqué pour ne pas s'attirer les foudres de l'Union des associations européennes de football (UEFA) et son instrument, le fair-play financier, qui vient pourtant, avec ce transfert annoncé, son inefficacité à empêcher que des montants de transferts record s'établissent d'année en année. Dans d'autres secteurs économiques, ce serait signe d'une bulle spéculative qui ne peut qu'éclater et provoquer une crise générale. Le jour où ce sera le cas, les dirigeants devront mettre un cierge s'ils ne veulent pas subir la furie des supporters qu'ils auront aliénés depuis tant d'années.

Attractivité d'un côté...

Il n'empêche, pour le moment, les supporters se réjouissent d'une telle venue. Sachant qu'avant Neymar, le PSG avait recruté un de ses compatriotes, le défenseur Dani Alves, qui compte apporter son immense expérience et son palmarès (deux Ligues des champions; deux Ligues Europa, ex-Coupes de l'UEFA; six titres de champion d'Espagne; un titre de Champion d'Italie; une Copa América; Deux Coupes des Confédérations; etc.) auprès de joueurs parisiens ayant essentiellement des titres de champions de France et des Coupes de France. Pas de quoi le blâmer pour ça. L'AS Monaco, champion de France en titre, a agi de même il y a quelques années, avec les arrivées de Ricardo Carvalho ou Éric Abidal par exemple, pour redresser le club de la principauté. L'Olympique de Marseille suit une stratégie semblable, avec les renforts de Luiz Gustavo ou d'Adil Rami, dont le palmarès n'est pas ridicule (Ligue des champions pour le milieu brésilien; Ligue Europa pour le défenseur français).

Là, on parle des joueurs, mais l'attractivité de la Ligue 1 peut également se mesurer au niveau des entraîneurs. À Nantes, ça reçoit l'entraineur italien Claudio Ranieri, dont la réussite à Leicester - champion d'Angleterre 2016 - a surpris du monde et fait plaisir à voir, il faut le dire, tandis qu'à Lille, l'attraction est le nouvel entraineur du Losc, à savoir l'Argentin Marcelo Bielsa. Ces deux coachs ont déjà connu le championnat de France (Ranieri à l'ASM; Bielsa à l'OM) et ils n'ont pas eu le même impact sur la Ligue 1. Malgré une deuxième place en 2013-2014, derrière le PSG, Ranieri quitta l'ASM, non reconduit dans son contrat et sans faire trop de bruit. Par contre, le départ de Bielsa du banc phocéen, au début de la saison 2015-2016, a été tonitruant, tant le style de jeu hyper offensif prôné par l'Argentin envers son équipe avait fait rameuter les supporters au Stade Vélodrome durant la saison 2014-2015. Bref, plusieurs ingrédients sont réunis pour que la saison 2017-2018 soit passionnante dans l'ensemble.

Répression de l'autre...

Néanmoins, qui pourrait prendre part à ce spectacle qui semble si prometteur? Pas tous les supporters! En effet, il vaut mieux montrer patte blanche maintenant dans les stades, car dans le cas contraire, les CRS ne trainent pas loin et la Ligue de football professionnel (LFP) est plus prompte à vouloir taper sur les supporters que de développer une culture du foot, qui est historiquement plus faible en France qu'ailleurs. Ce qui fait que les clubs se retrouvent à devoir sanctionner leurs supporters plutôt que les soutenir et de les appeler à être plus louvoyants. Par exemple, un ami a relevé l'attitude de la direction de l'OM à suivre la sanction de la LFP en fermant pour le match contre Dijon, ce dimanche, la partie du virage sud du Vélodrome car c'est là où se place le groupe de supporters les South Winners, visé par cette instance du foot français, ce "pompier pyromane" comme l'écrit, à raison, cet ami. De même qu'on peut rappeler combien les groupes de supporters parisiens demeurent suspects aux yeux des autorités et que la direction du PSG peine à les faire revenir au Parc des princes.

Il faut dire que les supporters de clubs de foot sont les plus à-mêmes de savoir ce qu'est l'État d'urgence. Depuis des années, certains d'entre eux, issu du mouvement ultra, importé d'Italie dans les années 80 avec le Commando Ultra 84 à l'OM, en sont les cobayes, avec interdiction de stade pendant une période, fichage abusif, etc. Et bien entendu, au niveau médiatico-politique, ça crie "haro sur le baudet", présenté comme un sauvage qui ne saurait qu'être violent dans un stade. Et comme les mouvements ultras sont essentiellement composés de supporters prolétaires, habitant dans les quartiers populaires, c'est du mépris de classe affiché de la part des instances dirigeantes du foot français envers ce qui est la vache à lait et l'origine de ce sport, le supporter prolo. Bref, c'était l'instant #LibertePourLesUltras (cf liens n°2 et 3).

Affluence faible

Conséquence de cette répression qui frôle le ridicule, l'affluence dans les stades de Ligue 1 demeure faible. Et ce, bien qu'il y ait l'essor des footix, ou supporters-consommateurs, issus des classes moyennes ou de la bourgeoisie, qui ne supportent le club qu'en cas de résultat positif. Comme pour les joueurs, la notion de fidélité est quelconque chez ces supporters-là. Du coup, les clubs sentent bien qu'il y a une perte d'identité et une ambiance morne. Au PSG, malgré l'accumulation des titres, l'identité s'est perdue en raison de la répression envers les supporters prolos plus la politique de tarifs qui deviennent prohibitifs pour eux dans leur accès au stade. Alors la LFP peut se targuer de voir une hausse de l'affluence sur la saison dernière, mais elle reste faible, d'autant plus que les capacités ont été revues à la hausse, suite à la construction ou à la rénovation (+ agrandissement) des stades pour l'Euro 2016 qui s'est déroulé dans l'Hexagone. Pas de quoi faire le fanfaron, surtout face à l'affluence des autres championnats européens, qui devancent largement celle de la France - à l'exception de l'Italie, où c'est plus serré - (cf lien n°4 + graphique).

 

Mais cette moyenne dépend fortement des résultats des clubs en mesure d'attirer du monde. Par exemple, l'OM a vu son stade Vélodrome se vider au fil de la saison 2015-2016, en raison de l'atmosphère de fin de l'ère Louis-Dreyfus et le début de l'ère McCourt motive timidement des supporters olympiens qui reviennent peu à peu, sans forcément une grande conviction derrière. Mais comme les supporters du club marseillais sont ciblés par les autorités pour sanctionner par une tribune vide ou un match à huis clos, ça en rajoute. Et que la LFP ne vienne pas chialer sur le manque de remplissage!

Arrêt Bosman = cadeau du foot bourgeois

Mais cette évolution du foot en tant que jeu collectif, prolétaire, vers un enjeu individuel, bourgeois, ne s'est pas faite par hasard. Elle s'est construite sur plus de 20 ans. L'acte fondateur est l'application de l'arrêt Bosman, du nom d'un joueur belge qui s'est senti victime d'une injustice en ne pouvant pas partir du FC Liège à Dunkerque car au début des années 90, la politique de quotas était appliquée par l'UEFA. Il fallut une intervention de la Cour européenne de justice, utilisant le traité de Rome sur l'angle de la liberté de mouvement des travailleurs et de la libre concurrence entre les entreprises pour que cette politique de quotas soit abandonnée. Le transfert de Neymar résulte de cette ouverture à la concurrence dite "libre et non faussée" et en bout de course, il y a l'installation pérenne d'un oligopole où certains clubs peuvent truster les trophées d'année en année. Vous pensez que je suis rabat-joie? Sachez que depuis l'application de l'arrêt Bosman, une seule Ligue des champions a été glanée par un club qui ne soit pas issu d'un des quatre grands championnats (Allemagne, Angleterre, Espagne, Italie), et qu'auparavant, sous le régime des quotas, des clubs roumains, ex-yougoslaves, néerlandais ou français avaient pu gagner la "coupe aux grandes oreilles". Ce qui veut dire que les quotas peuvent mener à une concurrence réelle et à un niveau homogène entre les championnat nationaux d'une part. Et que la concurrence fictive conduit à une hétérogénéité entre les championnats nationaux d'autre part. Enfin, il faut rappeler que l'an dernier, les grands clubs des quatre principaux championnats ont fait passer une réforme de la Ligue des champions qui fait qu'à partir de 2018, sur les 32 places qualificatives pour la phase de poule, la moitié sera exclusivement réservée aux quatre premiers issus de ces quatre pays-là.

Bref, le discours libéral qui a droit de cité depuis quelques décennies, prouve qu'il est une blague dans les faits, devant nous inciter à mobiliser des économistes comme Karl Marx ou Joseph Aloïs Schumpeter, qui avaient pensé la question de la concurrence menant à l'oligopole, voire au monopole, en leur temps.

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