Les révélations sur les passeports diplomatiques d'Alexandre Benalla, ancien chef adjoint du cabinet du président Emmanuel Macron, puis le comportement du député Joachim Son-Forget indiquent combien la France - pardon, la start-up nation - s'affiche en mode république bananière, où tout est permis quand on est proche du pouvoir, et que la répression policière s'en donne à cœur joie face au mouvement social des gilets jaunes.
"Votez Macron pour faire barrage au FN et sauver la démocratie". C'était, en gros, le leitmotiv lancé durant l'entre-deux-tours de l'élection présidentielle, au printemps 2017. On peut dire qu'un an et demi après cette victoire à la Pyrrhus, où l'abstention, plus les votes blancs/nuls, représentaient plus du tiers des électeurs inscrits, sans compter le vote Macron par défaut, on voit que la démocratie a évolué vers la démocrature en France. Le mépris de classe de Macron est digne d'un délinquant multirécidiviste (ouvrières "illettrées" de l'usine Gad en Bretagne; "les gens qui ne sont rien" dans les gares; les aides sociales qui coûtent "un pognon de dingue"; "il suffit de traverser la rue pour trouver un emploi"; etc.), puis son arrogance s'affiche au grand jour quand il clame "qu'ils viennent me chercher" à propos de l'affaire Benalla, durant l'été dernier.
Affaire Benalla, acte II
D'ailleurs, cette affaire Benalla, du nom d'Alexandre Benalla, ancien chef adjoint du cabinet de l'Élysée, et barbouze du président, connait un deuxième acte ces derniers jours, car plusieurs journaux - Mediapart, Le Monde, etc. - indiquent les activités de Benalla en Afrique francophone, au service de sociétés privées, allant rencontrer des chefs d'État africains. Mais là où c'est troublant, c'est sa visite au Tchad, rencontrant le président Idris Déby, peu avant la visite de Macron dans cette ancienne colonie française, où une base militaire s'y trouve, pour y passer le réveillon de noël, rencontrer les soldats puis son homologue tchadien. Or, Benalla est encore en cause dans la répression de la manifestation du 1er mai, sur le jardin des Plantes et la place de la Contrescarpe. Et surtout, selon Le Monde et d'autres journaux (cf lien n°1), Benalla bénéficie de passeports diplomatiques émis le 24 mai, peu après sa mise à pied consécutive à son rôle de barbouze répressif le 1er mai.
De quoi encombrer l'Élysée, mais aussi le ministère des Affaires étrangères, qui pourraient envisager des poursuites judiciaires à l'égard de cet ancien collaborateur gênant de Macron. Mais c'est une occasion pour l'opposition d'exiger plus de clarté de la part du pouvoir, tant Benalla semble flou dans ses affirmations et qu'il pourrait bien être en contradiction par rapport à ses propos lors de son audition au Sénat (cf lien n°2). Sans compter le fait, selon Mediapart, que l'alter ego de Benalla, Vincent Craze, aurait reçu plusieurs centaines de milliers d'euros de la part d'un oligarque russe alors qu'il servait encore pour l'Élysée. Bref, un panier de crabes digne d'une république bananière.
Dans cette start-up nation, tout semble être permis. Il n'y a qu'à voir ce qu'écrit le député de la 6ème circonscription des Français de l'étranger (REM), Joachim Son-Forget, sur Twitter. Lundi 24 décembre, il s'en était pris au physique de la sénatrice Esther Benbassa en parlant de "pot de maquillage" qu'elle se mettrait "sur la tête". Du sexisme en bonne et due forme qui me fait penser que Macron avait fait de la lutte contre les violences faites aux femmes la priorité de son quinquennat.
#MeToo. Il y a à l'AN un député #LREM obscur & inactif. Le pire, c'est les soirs de réveillon. Là, pour tromper son oisiveté, c'est + fort que lui, il m'insulte sur mon physique & me harcèle: 50 twits en 97mn. @GillesLeGendre doit d'urgence lui trouver une occupation pour le 31. pic.twitter.com/SYqn67yQjZ
— Esther Benbassa (@EstherBenbassa) 25 décembre 2018
Mais encore, il enfonce le clou. Plusieurs députés, ainsi que le délégué général de la République en marche, Stanislas Guérini, lui demandaient de calmer le jeu ou qu'il allait recevoir une lettre d'avertissement, Son-Forget, en roue libre, envoie balader tout ceci et balance plusieurs tweets incendiaires contre son propre camp dans la nuit du 27 au 28 décembre (cf lien n°3). En tout cas, au prix d'une nuit blanche, le député s'est montré très actif sur Twitter, à défaut de l'être au sein de l'Assemblée nationale, où il brille davantage par son absence (cf lien n°4). Mais la morale de cette histoire est que ce partisan forcené de Macron quitterait la majorité, pour rejoindre les députés non-inscrits. En tout cas, un de ses derniers tweets semble l'indiquer.
"J'ai fait la guerre pour habiter rue de la paix" #Booba #demissionLREM pic.twitter.com/cYeYMi5GF2
— 𝙹𝚘𝚊𝚌𝚑𝚒𝚖 𝚂𝚘𝚗-𝙵𝚘𝚛𝚐𝚎𝚝 💡 (@sonjoachim) 29 décembre 2018
Et comme la France est, au besoin, une république bananière ou une démocrature, le corollaire est une violence policière qui s'exprime sans coup férir quand on est opposé au pouvoir en place. Les gilets jaunes l'apprennent depuis le 17 novembre, vu qu'ils se font gazer, tirer dessus au flashball, subissent des interpellations et des gardes à vue. Par conséquent, il est juste de dire que les forces de l'ordre social sont un danger pour la France elle-même, d'autant plus qu'elles sont incapables de protéger le pays. Mais le ministère de l'Intérieur pourra dire que c'est de la faute des gilets jaunes si des fusillades se produisent, comme à Strasbourg, le 11 décembre dernier. Puis si ce n'est pas le pouvoir qui le dira, nombre de mass media s'en chargeront, abusant volontiers d'image de la violence des gilets jaunes à l'égard des flics mais mettant une certaine sourdine à l'égard des violences policières, pourtant authentifiées à travers les réseaux sociaux ces dernières semaines, comme lors de la journée de manifestation du 22 décembre, sur les Champs-Élysées, où l'image de gilets jaunes se rapprochant de trois policiers à moto, obligeant l'un d'eux à sortir son flingue pour mettre en joue, est la conséquence de l'envoi gratuit de gaz lacrymogène de la part de ces flics envers des gilets jaunes.
D'ailleurs, en ce moment, se déroule l'acte VII de la mobilisation des gilets jaunes en France. Et là encore, des violences policières y sont répertoriées comme à Rouen, où un journaliste est menacé à bout portant par un policier, tandis qu'un autre le frappe aux jambes.
La vidéo complète via @RevPermanente : un journaliste qui filme des violences policières à #Rouen est menacé avec un flashball à bout portant par un policier de la bac puis frappé aux jambes par un membre des CSI/CDI. Ils sont totalement irresponsables. #ActeVII pic.twitter.com/OimRoGm7Fp
— Benoit Deverly 🔻📸🏳️🌈 (@deverly_b) 29 décembre 2018
De quoi se demander "Qui nous protège de la police"?
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