Les élections législatives anticipées, dimanche 7 juillet, ont permis à la droite de revenir au pouvoir, quatre ans après sa défaite, au profit du parti de gauche radicale Syriza et son leader, Alexis Tsípras. Si la défaite de Syriza est moins forte que présumée, il n'en reste pas moins que faire une volte-face politique ne paie pas, à terme.
Il est coutume d'employer le proverbe "mieux vaut préférer l'original à la copie" quand il s'agit de politique. Le résultat des élections législatives grecques, dimanche 7 juillet, semble donner raison à ce proverbe, en raison de la victoire des conservateurs de Nouvelle démocratie (ND), avec 39,85% des voix. En outre, avec le système électoral grec, qui fait que le parti sortant en tête à la Vouli bénéficie d'un bonus de 50 sièges, la ND a la majorité absolue (158 députés sur 300) et que comme elle compte s'inscrire dans la droite ligne des programmes d'austérité imposés à la Grèce depuis 2010, ça a le mérite d'annoncer la couleur.
Syriza = Pasok
Mais qui est la copie de la ND, dans ce contexte grec? C'est Syriza! Le parti de gauche radicale, mené par Alexis Tsípras, était arrivé au pouvoir en janvier 2015, suscitant de l'enthousiasme en Grèce comme ailleurs dans l'Union européenne (UE). Mais cet enthousiasme ne pouvait qu'effrayer la classe dominante et ses relais politiques conservateurs dans l'UE, tirant à boulets rouges contre le gouvernement de Tsípras, pour obliger ce dernier à capituler et signer un mémorandum supplémentaire. Or, Tsípras a utilisé l'arme du référendum, le 5 juillet 2015, pour mieux s'y coucher dessus une semaine plus tard et accepter un nouveau programme d'austérité que ne voulaient pas les grecs. Ce qui est, de fait, une trahison, qui se définit comme suit: "manquement à la parole donnée, à un engagement, à un devoir de solidarité". Ce n'est pas de la psyché, comme le raconte stupidement l'éditorialiste de Libération Laurent Joffrin.
Et même si Syriza avait gagné les élections anticipées de septembre 2015, il n'en demeure pas moins que ce parti a affiché sa droitisation, se transformant en nouveau Pasok, le parti socialiste grec qui était hégémonique dans la gauche grecque depuis les années 1970 jusqu'au début des années 2010, payant sa mise en place des premiers plans d'austérité. D'ailleurs, la défaite de Syriza aux élections locales et européennes de mai dernier avait poussé Tsípras à lancer ces élections anticipées, espérant réussir son coup de septembre 2015. Raté!
En dépit de réformes sociales soucieuses de lutter contre les inégalités, comme la revalorisation du salaire minimum et d'un recul du taux de chômage - de 24,9% de la population active en 2015 à 19,3% en 2018 selon Eurostat -, cette défaite de Syriza reste symbolique d'une politique d'austérité frappant la pauvreté (cf lien n°1), puis illustre un non-dit du côté de la gauche radicale dans l'UE. C'est celui concernant l'euro. Si le référendum de juillet 2015 ne parlait pas explicitement de sortie de la Grèce de la zone euro, voire même de l'UE, les adversaires du pouvoir grec à ce moment-là, ainsi que les marchés financiers, avaient présenté la chose comme une remise en cause de l'euro comme monnaie unique. Et avec sa capitulation, Tsípras a poussé à ce qu'à gauche, certain(e)s se disent que l'euro est en couple avec l'austérité et qu'une offre politique qui se veut en rupture avec le capitalisme n'a aucune chance d'espérer être appliquée dans le cadre institutionnel européen existant.
Pendant un temps, la France insoumise (FI), autour de Jean-Luc Mélenchon, semblait avoir tiré une leçon de cette tragédie grecque en développant la dialectique "plan A-plan B" durant l'élection présidentielle de 2017. Mais depuis, ce "plan B", consistant en principe à une possibilité de sortie de la zone euro et de l'UE par référendum, a été progressivement vidé de sa substance dans un contexte de tensions internes entre plusieurs courants de la FI, revenant, quelque part, à la stratégie de la "réforme de l'UE de l'intérieur". De quoi répliquer avec ces paroles de la chanson d'IAM, Demain c'est loin: "Mais c'est toujours la même merde derrière la dernière couche de peinture".
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