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JoSeseSeko

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"Il ne faut jamais prendre les gens pour des cons, mais il ne faut pas oublier qu'ils le sont." Cette phrase résume une recherche de vérité, de développer de l'information sur une variété de sujets, notamment l'économie, la politique et l'histoire. Et ce, dans plusieurs pays du monde.


Un Royaume uni jusqu'à quand?

Publié par JoSeseSeko sur 17 Septembre 2022, 17:28pm

Catégories : #Économie, #Politique, #Europe, #Royaume-Uni, #Charles III, #Elizabeth II, #Tories, #Labour, #Écosse, #Irlande du Nord, #Inflation, #Grève, #Lutte des classes, #Truss, #Johnson, #Capitalisme

Photo: AFP

Photo: AFP

La mort d'Elizabeth II offre un moment d'unité outre-Manche, dans un contexte de tensions économiques liées à la guerre russo-ukrainienne. Mais une fois la période de deuil passée, le roi Charles III et le gouvernement conservateur de Liz Truss devront faire face à une série de grèves, ainsi qu'aux revendications écossaises et nord-irlandaises.

"God save the queen, the fascist regime" chantaient les Sex Pistols en 1977, 25e année de règne pour Elizabeth II. Cette chanson demeure d'actualité avec le trépas de la reine du Royaume-Uni, le 8 septembre dernier, à l'âge de 96 ans, après 70 ans de règne, et sa succession par le désormais roi Charles III, montant (enfin) sur le trône à 73 ans et dirigeant en plus du Royaume-Uni plusieurs pays du Commonwealth (Australie, Nouvelle-Zélande, Canada, Jamaïque, Bahamas, etc.).

Répit de court terme

Il est bon de rappeler que la mort d'Elizabeth II offre un moment de répit et d'unité important pour le gouvernement conservateur de Liz Truss, qui fut instauré deux jours avant le décès de la reine. Pourquoi? Parce que le Royaume-Uni vivait sous le rythme de grèves massives, notamment dans le secteur des transports, d'une ampleur inédite depuis 1989, quand la conservatrice Margaret Thatcher était Première ministre. Ces grèves s'inscrivent dans le contexte de la spirale inflationniste importante outre-Manche ces derniers mois, en lien avec l'évolution de la guerre russo-ukrainienne, rendant difficile la possibilité d'acheter des biens et services suffisants pour vivre correctement pour la classe laborieuse, qui subit de plein fouet l'inflation, via notamment le secteur de l'énergie. Au point qu'un mouvement appelant à ne plus payer les factures d'électricité et de gaz s'était rapidement développé chez Albion et inquiétait le pouvoir politique et la classe dominante (cf lien). Sans oublier le fait que Liz Truss succède à Boris Johnson au 10 Downing street, tant le discrédit auprès de l'ancien Premier ministre était généralisé au Royaume-Uni.

Mais la mort de la reine a cette faculté (magique) pour les capitalistes de gagner du temps et de la tranquillité, grâce à l'attitude des grévistes. Par exemple, dès le soir de la mort d'Elizabeth II, le syndicat des transports RMT a annulé toutes ses actions prévues la semaine suivante, le temps d'honorer le deuil national. Ce faisant, ce geste contribue à anesthésier l'atmosphère bouillonnante face à une dégradation des conditions d'existence des dominés britanniques, et in fine, rendre service au capital, qui doit encore plus boire à la santé de feu Elizabeth II.

Une unité de façade

Mais les affairistes britanniques savent bien que tôt ou tard, l'effet anesthésiant du trépas de la reine va s'estomper, tandis que les problèmes économiques et sociaux vont reprendre de plus belle. Après tout, le taux d'inflation était de 8,6% en août selon l'Office for national statistics - équivalent britannique de l'Insee -, obligeant la Banque d'Angleterre à relever son taux directeur pour enrayer l'inflation. Mais cela n'empêche pas une dépréciation de la livre sterling par rapport au dollar étasunien alors que le taux d'inflation est similaire outre-Atlantique, selon les données collectées par l'OCDE. Par conséquent, Charles III et (surtout) la Première ministre Truss sont attendus au tournant sur ces sujets économiques et sociaux.

À plus long terme, l'unité du Royaume-Uni va se poser sous le règne de Charles III. Le Brexit, voté en juin 2016, a montré une fracture très nette au sein du royaume entre l'Angleterre et le Pays de Galles, qui ont voté pour la sortie de l'Union européenne, tandis que l'Écosse et l'Irlande du Nord ont voté, au contraire, pour le maintien dans l'UE. Et le cas nord-irlandais a pesé le plus de problèmes sur l'application du Brexit car la question d'une remise en cause de l'accord du Vendredi saint 1998, mettant fin à la période des Troubles, s'était posée. La mort d'Elizabeth II a des chances de faire taire les derniers scrupules de citoyens écossais et nord-irlandais pour permettre, dans le premier cas, l'indépendance de l'Écosse après un refus par référendum en 2014; puis dans le second cas, la réunification irlandaise sous la bannière de la république d'Irlande, réclamée depuis plus d'un siècle par les militants du Sinn Féin, parti de gauche radicale qui a le vent en poupe ces dernières années des deux côtés de l'île d'Irlande.

Enfin, les pays du Commonwealth ayant comme chef d'État le/la roi/reine du Royaume-Uni pourraient avoir moins de scrupules à se transformer en républiques. D'ailleurs, fin 2021, la Barbade, une île des Caraïbes, a proclamé l'instauration d'une république à la place d'une monarchie du Commonwealth, ne voulant plus d'Elizabeth II comme reine. D'autres pays (Jamaïque, Nouvelle-Zélande, etc.) pourraient emboîter le pas tant Charles III ne semble guère inspirer confiance. Et même si c'est plus symbolique qu'autre chose, cela marque le recul du Royaume-Uni en tant que puissance mondiale et la montée de l'esprit critique envers Albion dans ses anciennes colonies. D'ailleurs, sur les réseaux sociaux, nombre d'africains anglophones et d'irlandais ont exprimé un regard critique sur le règne d'Elizabeth II, ne participant pas au concert de louanges dressé dans les mass media depuis plus d'une semaine et déployé par une partie de la gauche française (coucou les communistes pro-Roussel).

Que les hommes fracturent la Grande-Bretagne!

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