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JoSeseSeko

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"Il ne faut jamais prendre les gens pour des cons, mais il ne faut pas oublier qu'ils le sont." Cette phrase résume une recherche de vérité, de développer de l'information sur une variété de sujets, notamment l'économie, la politique et l'histoire. Et ce, dans plusieurs pays du monde.


Un Brexit salutaire pour l'Europe

Publié par JoSeseSeko sur 24 Juin 2016, 09:22am

Catégories : #Politique, #Économie, #Europe, #Royaume-Uni, #Référendum, #Brexit, #Cameron, #Sport, #Premier League, #Football

Photo: GEOFF CADDICK / AFP

Photo: GEOFF CADDICK / AFP

Les résultats du référendum indiquent une envie de sortie de l'Union européenne majoritaire chez les britanniques. Une crise imminente va devoir pousser les européens à se remettre en cause, tandis que Londres risque de s'affaiblir durablement, vu que les mouvements indépendantistes reprendront du poil de la bête.

Le 23 juin 2016 va marquer les esprits dans différents endroits. Entre un accord de paix entre le gouvernement colombien et les FARC puis une manif assez ridicule en France, le référendum sur l'avenir du Royaume-Uni dans l'Union européenne (UE) a livré son verdict. 51,9% des électeurs britanniques ont voté pour la sortie de l'Union européenne - le fameux Brexit -, le tout avec une participation très élevée pour un référendum (72,2% selon les données officielles) qui rend le résultat encore plus solide. Et la mort de la députée travailliste pro-européenne Jo Cox, le 16 juin dernier, n'a guère pesée sur l'issue du vote.

Une défaite du pouvoir

À la question "Should I stay or should I go?", les Britanniques ont répondu "I go". Ce choix du Brexit par les citoyens d'Albion est un camouflet historique pour le pouvoir conservateur. Le Premier ministre David Cameron, qui a initié ce référendum, ressort très affaibli car il pensait que ce serait seulement une menace à agiter auprès des ses partenaires européens, afin d'obtenir - ce qui fut le cas -, de nouveaux accords spéciaux et avantageux pour Londres par rapport au reste de l'UE. Il va devoir appliquer un plan de sortie officielle de l'UE, avec l'utilisation de l'article 50 du traité de Lisbonne, relatif à la sortie de l'UE d'un de ses membres et des dispositifs à mettre en place pour y arriver. C'est également une défaite pour la reine Elizabeth II, dans le sens où maintenant, le Royaume-Uni peut-être menacé de désintégration interne en fonction des régions qui la composent (Angleterre, Pays de Galles, Écosse, Irlande du Nord).

Une fracture politique, sociale, régionale

Si le Brexit l'a emporté, c'est surtout par rapport au comportement des électeurs travaillistes dans le nord et le nord-est de l'Angleterre. Plusieurs enquêtes d'opinion ont indiqué que plus d'un tiers de l'électorat travailliste était tenté par le Brexit. Or, le Labour est traditionnellement un parti pro-européen, qui n'a pas cessé d'être tiraillé ces derniers mois car Jeremy Corbyn, leader du parti, connu pour son euroscepticisme de gauche, a timidement pris position pour le "remain", sous un angle alter-européiste, à l'instar d'une grande partie de la gauche européenne, notamment en France. Il se trouve ainsi en porte-à-faux avec une partie de ses électeurs. Du côté des Tories au pouvoir, c'est pire! L'actuel Premier ministre a du faire face à une opposition dans son parti, pro-Brexit, menée par l'ancien maire de Londres, Boris Johnson. Et la victoire du Brexit motivera volontiers ce dernier à devenir un futur locataire du 10 Downing street, étant donné que M. Cameron vient de donner sa démission.

D'ici là, des bouleversements sociaux sont à prévoir. La société britannique affiche ses fractures à la face du monde. Les jeunes, les cadres et la finance ont défendu le "remain", tandis que les vieux, les ouvriers et l'industrie manufacturière ont été plus sensibles au Brexit. Au niveau régional, ce qui inquiètera volontiers la reine, c'est que l'Angleterre a voté massivement pour le Brexit, tandis que l'Écosse et l'Irlande du Nord affichent une europhilie minoritaire. Ce qui peut réveiller la volonté de faire un nouveau référendum pour l'indépendance de l'Écosse, qui sait maintenant à quoi s'en tenir, de même qu'en Irlande du Nord, certains pourraient être tentés de proposer la réunification avec la république d'Irlande, mettant fin à une séparation actée depuis le traité de Londres en 1921, statuant sur l'indépendance du sud de l'Irlande. Le grand rêve du Sinn Féin, parti de gauche radicale présent à Belfast et devenu troisième force politique à Dublin, pourrait devenir réalité.

Une crise inévitable

L'officialisation des résultats du référendum conduit à une crise politique, sociale, mais aussi financière. La livre sterling subit une chute historique sur le marché des changes (cf lien n°1), prouvant combien la City avait ouvertement tenu à ce qu'Albion reste dans l'espace communautaire. Une vague spéculative va s'exprimer dans les places boursières, qui vont voir leurs cours à la baisse, signe que la finance et la démocratie ne font pas bon ménage, semble-t-il.

Mais cette crise est également européenne. C'est l'aveu que l'UE libérale, qui chie - pardon du terme - sur ses peuples, ne peut plus recevoir de la bienveillance de leur part, quand bien même elle se présente comme un processus "irréversible" (cf lien n°2), semblable à la thèse de la "fin de l'histoire", chère au philosophe états-unien Francis Fukuyama. Cette a-démocratie européenne a reçu sa plus grosse gifle depuis les "non" français et néerlandais au sujet du traité constitutionnel européen en 2005. Et comme le "cheval de Troie des États-Unis" était un ardent défenseur du TAFTA, les négociations autour de ce traité transatlantique prennent un coup d'arrêt massif, presque irrémédiable!

Une épine pour les clubs anglais

L'une des conséquences les plus inattendues du Brexit pourrait s'exprimer dans le monde du football. Le quotidien sportif l'Équipe, dans son édition du 23 juin, indiquait qu'avec le Brexit, les footballeurs issus des pays de l'UE et jouant dans des clubs anglais devront avoir un contrat de travail et ne sont plus libres de venir chez Albion. Ce qui est une rupture avec l'arrêt Bosman, en place depuis 20 ans, et qui a d'ailleurs largement profité à l'Angleterre puisque les clubs anglais se sont enrichis et endettés dans l'intervalle - ce n'est pas contradictoire pour eux! -, concentrant une grande partie des meilleurs joueurs du monde, en raison de leur capital immense, avec des droits télés colossaux, y compris de la part de chaînes étrangères.

Le Brexit peut-être une excellente nouvelle pour d'autres championnats, et tout particulièrement en France, car les clubs hexagonaux auraient une justification toute trouvée pour retenir leurs (rares) meilleurs joueurs dans la tentation de traverser la Manche. En tout cas, pour des joueurs français installés chez Albion tels N'Golo Kanté (Leicester) ou Morgan Schneiderlin (Manchester United), comme ils ont joué moins de 45% des matchs de l'équipe de France sur les deux dernières années (30% si les bleus étaient parmi les 10 meilleures nations dans le classement FIFA), il faudrait songer à préparer la valise pour aller dans d'autres pays étrangers ou se rapatrier en France.

Bref, le Brexit a de quoi faire réjouir nombre de personnes. Et il n'y aura plus "I want my money back" de la part d'Albion!

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