À un an des Jeux olympiques de Paris, l'occasion est bonne pour certains de fanfaronner et de masquer certaines choses qui donneraient lieu à une critique ardue de l'événement de l'été 2024.
"Je ne suis pas très, je suis très très confiant". Ces mots de Thomas Bach, président du Comité international olympique (CIO), respirent la sérénité, à un an de la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques de Paris 2024 (cf lien n°1). Ce sentiment d'autosatisfaction à l'approche de l'événement dans la capitale, une première depuis... 1924, est bien présent au niveau du comité d'organisation, ou encore du côté de la présidence. Emmanuel Macron, actuellement en Kanaky - pardon, Nouvelle-Calédonie -, affirme que "la France sera prête à coup sûr" pour les JO de 2024. Pourtant, il y a bien des nuages pouvant être en mesure de gâcher la fête et de tourner à un gouffre collectif.
Travaux en tension
Dans un premier temps, la question des transports est loin d'être totalement réglée. Bien des travaux sur ce domaine ont un timing très serré pour espérer être terminés dans un an. Les chantiers autour de l'extension de la ligne 14 du métro, de l'extension du RER E sont dans le collimateur, sachant que les lignes 16 et 17 du métro, qui devaient être mises en place pour les JO, ne le seront pas (cf lien n°2). Et pour peu qu'il y ait un mouvement social au sein de la RATP, où le besoin de recrutement se fait sentir mais pas au prix de faibles salaires non plus, tout risque de grève fait peur au comité d'organisation des JO ou encore à la région Île-de-France, vu que transporter entre 600.000 et 800.000 personnes au quotidien durant cet événement implique de mener à bien ces travaux ou d'avoir un plan B en matière de transport de personnes (cf lien n°3).
En dehors du domaine des transports, le secteur du BTP est scruté. Si le pouvoir exécutif assure que les travaux dans le cadre des JO sont "cinq fois moins accidentogènes que la moyenne du BTP" (cf lien n°4), il n'en demeure pas moins dangereux, voire mortels. Comme du côté du bassin d'Austerlitz, où un ouvrier - Amara Dioumassy - est mort au travail d'assainissement de la Seine dans le cadre des JO de 2024 (cf lien n°5). Un décès dans l'indifférence, là où les décès pour les travaux de la Coupe du monde au Qatar l'an dernier suscitaient la polémique et la critique (justifiée).
Toujours est-il que l'ardoise budgétaire a, inévitablement, été revue à la hausse. Au moment de l'attribution des JO de 2024 à Paris, en septembre 2017, il était question d'un budget de 6,6 milliards d'euros. Aujourd'hui, l'estimation la plus répandue est celle de 8,8 milliards d'euros. Soit un budget en hausse de 33% (cf lien n°4)! Et il se pourrait bien que cela n'augmente encore à l'avenir et que des histoires de prises illégales d'intérêts, voire de corruption, soient constatées. Et ce, sachant que fin juin, des perquisitions eurent lieu au siège du comité d'organisation des JO sur ce point (cf lien n°5).
Immobilier spéculatif
Autre sujet en mesure de gâcher la fête, c'est l'immobilier. Certains propriétaires parisiens, qui ne seraient pas tentés de suivre de près l'atmosphère d'une ambiance olympique et préfèreraient en profiter pour partir en vacances, auraient une occasion en or de se faire du blé en louant leur appartement auprès de touristes étrangers, promis à venir massivement pour l'occasion. De quoi générer une bulle spéculative dans la location immobilière? C'est une hypothèse à ne pas écarter selon le média France info, où le risque serait que les propriétaires se professionnalisent pour faire uniquement dans la "location de meublés touristiques" (cf lien n°6).
Et si ajoute le fait que des étudiants seront obligés de céder leur logement pour les touristes au moment des JO, autant dire de suite que pour les touristes, c'est tapis rouge (cf lien n°7). De quoi accélérer, pour ne pas dire parachever une gentrification mortifère de Paris car la capitale se dépeuple. Mais bon, les étudiants, les sans-abri, c'est dehors! Et peut-être manu militari car il se pourrait bien que l'armée soit mobilisée auprès de la police.
Police à surveiller
Justement, parlons-en de la police. Indépendamment de la recherche d'impunité qu'elle veut obtenir à la moindre mise en cause de son travail ces derniers jours, la police française sera regardée avec détail. Le souvenir de la répression policière contre les banlieues, contre les opposants à la réforme des retraites, est vivace pour nous français. Mais pour les touristes étrangers, c'est la répression des supporters de Liverpool lors de la finale de la Ligue des champions en mai 2022, attestée par un rapport carabiné de l'UEFA en février dernier, qui a marqué leurs esprits. Ce qui amène à poser la question suivante: Peut-on estimer être protégé par des personnes violentes qui sont censées garantir notre protection?
Enfin, un arsenal de surveillance devrait être utilisé pour les JO. En l'occurrence, l'introduction de "caméras intelligentes" et de la vidéosurveillance algorithmique (cf liens n°8, n°9). Cette dernière sera même en place dès septembre prochain, en raison de la Coupe du monde de rugby qui se déroulera... en France. De quoi craindre une surveillance de masse, selon des associations de défense des libertés (cf lien n°10), et que cela ne soit en fait qu'une étape de franchie vers la reconnaissance faciale, officiellement interdite en France.
Au vu de ces différentes problématiques, il n'est pas étonnant que le soutien, encore majoritaire, des Français sur l'organisation des JO à Paris, s'érode quand même et tend à s'érode davantage à l'approche de l'événement (cf lien n°11), comme ce fut le cas du côté des Japonais par rapport aux JO de Tokyo en 2021, avec le contexte sanitaire que l'on a connu.
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https://www.usinenouvelle.com/editorial/la-videosurveillance-algorithmique-s-invite-aux-jo.N2128401
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