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JoSeseSeko

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"Il ne faut jamais prendre les gens pour des cons, mais il ne faut pas oublier qu'ils le sont." Cette phrase résume une recherche de vérité, de développer de l'information sur une variété de sujets, notamment l'économie, la politique et l'histoire. Et ce, dans plusieurs pays du monde.


Richard Thaler, "prix Nobel" d'économie

Publié par JoSeseSeko sur 9 Octobre 2017, 12:47pm

Catégories : #Économie, #Prix Nobel, #Thaler, #Rationalité limitée

Photo: MTA Kommunikáció

Photo: MTA Kommunikáció

L'économiste états-unien, professeur à l'université de Chicago, est récompensé par le comité Nobel pour ses travaux sur la finance comportementale, notamment sur la question de la rationalité limitée et les préférences sociales, qui "affectent systématiquement les décisions individuelles et les orientations des marchés".

Comme il est de coutume en ce mois d'octobre, c'est la saison des prix Nobel. Et notamment depuis 1969, cette période se clôture par l'attribution du prix de la Banque de Suède en sciences économiques en mémoire d'Alfred Nobel, appelé abusivement "prix Nobel d'économie". Pour l'édition 2017, le comité a désigné, ce lundi 9 octobre, l'économiste états-unien Richard Thaler (72 ans), en raison de ses travaux sur la rationalité limitée et les préférences sociales. Il succède ainsi aux économistes Oliver Hart (États-Unis) et Bengt Holström (Finlande), récompensés en 2016 pour leurs travaux sur la théorie des firmes, la théorie des contrats.

Rationalité limitée

Le comité Nobel a justifié son choix sur le fait que les travaux de Thaler sur l'économie comportementale, notamment au niveau de la finance, montrent combien les choix des individus limitent les possibilités des entreprises et influent sur les marchés financiers (cf lien). Et tout cela est lié à la rationalité limitée des individus. Késaco? Dans la théorie économique dominante, l'hypothèse phare est que les agents économiques, notamment les individus - aucun raisonnement en termes de classes sociales ici -, seraient totalement rationnels et feraient leurs choix en connaissant tout ce qu'il faut savoir. Une hypothèse mise en doute par plusieurs économistes, tels Herbert Simon ou Robert Shiller - tous deux "prix Nobel" d'économie, respectivement en 1978 et 2013 -, prétextant que les individus auraient une rationalité limitée, pour diverses raisons - manque d'information, environnement économique et social, etc. -, rendant ainsi les choix de chacun liés à des habitudes, des comportements sociaux, et non ce que le marché pourrait offrir de mieux.

Thaler s'inscrit dans cette démarche-là, avec un angle parfois emprunté à la psychologie pour comprendre des comportements individuels. Le comité Nobel salue, par exemple, le travail de l'économiste sur le manque de contrôle de soi en fabriquant un modèle plan-faisabilité, utilisé pour "décrire la tension interne entre le plan de long-terme et la faisabilité à court-terme". Et donc "succomber à la tentation du court-terme est une raison importante pour laquelle nos plans d'épargne pour la vieillesse, ou de choix de style de vie plus sains, échouent souvent". Ça montre combien le court-termisme est un danger pour l'économie, dans son ensemble.

Biais de récompense

Le travail de Thaler sur la rationalité limitée vise à montrer combien des biais influent sur les décisions économiques. Si on est un poil critique, on pourrait également parler de biais au sujet des récompenses données par le comité Nobel en économie. En effet, Thaler est un économiste qui enseigne à l'université de Chicago. Or, l'université de Chicago est connue pour être le lieu phare de la contre-révolution libérale depuis les années 1970, avec l'économiste Milton Friedman comme figure de proue, puis certains de ses disciples tels Gary Becker par exemple. Ce qui prouve aussi combien la pensée mainstream ingurgite la moindre critique pour mieux asseoir son assise dans le débat universitaire et dans l'espace médiatique.

Ensuite, le comité Nobel axe depuis plusieurs années ses récompenses à destination de l'économie comportementale, de l'économie expérimentale, qui sont en fait des branches de la microéconomie. Ce qui signifie que toute recherche en macroéconomie semble être mal partie pour être récompensée et qu'un.e. économiste désireu.se.x de gagner un prix comme le prix de la Banque de Suède en sciences économiques en mémoire d'Alfred Nobel ferait bien de se tourner vers la micro, tant les probabilités de récompense sont plus importantes ces dernières années. Enfin, il y a un certain conservatisme dans l'attribution des récompenses. Le cliché de l'économiste récompensé par le comité Nobel est le combo du vieux, mâle, blanc et anglophone. Depuis 1969, une seule femme - Elinor Ostrom en 2009 -, a reçu le "prix Nobel" d'économie. Rares sont les prix Nobel à avoir été récompensés avant leurs 60 ans. Les économistes Arthur Lewis et Amartya Sen sont les rares non-blancs à avoir eu ce Nobel et parmi les rares non-anglophones récompensés, on peut citer Holström, Jan Tinbergen (1969), Wassily Leontieff (1973), Gunnar Myrdal (1974), Franco Modigliani (1985), Maurice Allais (1988), John Harsanyi (1994), Christopher Pissarides (2010) ou encore Jean Tirole (2014).

C'est dire si la rationalité est limitée un peu partout.

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