Les réactions ont plu suite aux attaques mortelles dans Paris, notamment dans la classe politique, où l'appel à l'union sacrée cache un opportunisme répugnant. Et sur les réseaux sociaux, une polémique sur le drapeau tricolore montre combien le fruit du totalitarisme est mûr en France.
"Paris outragé, Paris brisé, Paris martyrisé, mais Paris libéré!" déclarait Charles De Gaulle en 1944, à la Libération. En ce moment, on ne peut pas parler de libération, surtout au niveau mental. La suspicion mêlée à du racisme institutionnel font rage depuis l'attaque terroriste dans Paris, le 13 novembre. Et avec l'établissement de l'État d'urgence par le président François Hollande, les libertés individuelles passent au second plan car l'enjeu sécuritaire est mis en exergue par l'ensemble des politiciens, principal axe d'un appel à une réaction de la part de l'État face à l'État islamique (EI, appelé également Daech).
Intensification des frappes
La première des réactions utilisée est l'intensification des frappes dans les zones de contrôle de l'organisation terroriste en Irak et surtout en Syrie, autour de Raqqa, ville syrienne qui abriterait le siège de l'EI. Moins de 48h après les événements parisiens, l'armée de l'air française remet une couche dans ses bombardements, espérant ainsi affaiblir l'organisation et permettre aux forces rebelles au gouvernement de Bachar El-Assad de reprendre du terrain.
Encore faut-il qu'elles en soient capables. Ces forces, soutenues par la coalition internationale (États-Unis, France, Royaume-Uni, Qatar, Arabie Saoudite, etc.) ont en leur sein des organisations considérées comme terroristes (Front al-Nosra par exemple) et qu'elles s'opposent au gouvernement de Damas, soutenu par la Russie et l'Iran. Un beau bordel qui fait que personne de sensé n'y comprenne pas totalement la situation. Pourtant, face au péril d'EI, il faudra que les pays occidentaux (j'y inclus la Russie qui en est un parmi d'autres, quoiqu'on en dise), mettent en sourdine leurs querelles d'ego s'ils veulent en venir à bout de Daech. Seulement par des frappes aériennes? Aucune intervention au sol? Difficile à croire mais voilà à quoi ça mène de s'engluer dans un bourbier, comme en Afghanistan depuis 2001, en Irak depuis 2003 - bien que la France ait refusé l'intervention militaire -, ainsi qu'en Libye depuis 2011.
Renouveler la législation et la Constitution
Dans un Congrès tenu à Versailles, ce lundi 16 novembre (cf lien n°1), le président Hollande soutient l'idée gouvernementale de prolonger l'État d'urgence, passant de 12 jours à 3 mois. Donc, jusqu'à mi-janvier 2016. De même, il indique auprès des parlementaires vouloir une modification de la Constitution. En particulier l'article 36 (question de l'état de siège) et surtout l'article 16, donnant au président de la République les pleins pouvoirs en cas de crise "grave et immédiate". Tout porte à croire qu'il s'agit d'un prolongement de la durée des "pouvoirs exceptionnels" et de la période d'état de siège au-delà de ce qui est prévu depuis 1958. Aux antipodes des partisans d'une VIe République, qui veulent réduire la puissance du pouvoir exécutif, face au pouvoir législatif.
D'un autre côté, il souhaite que les parlementaires votent de nouvelles mesures de sécurité. Encore faut-il déjà que celles qui ont été votées soient pleinement appliquées et efficaces. Ce dont on peut en douter vu que la loi sur le renseignement, votée en mai dernier, à un moment qui fait suite aux attaques de janvier dernier (Charlie Hebdo + épicerie casher), correspond davantage aux "lois scélérates" votées contre les anarchistes à la fin du XIXe siècle et à un fichage de masse qu'à un affinement du service de renseignement dans son travail de traque d'éventuels terroristes.
Pro ou anti-drapeau?
Cette partie du billet de blog paraît futile, a priori, mais elle pose du fond historique. Durant le weekend qui a suivi les attaques, des photos de profil avec le drapeau français en arrière-plan ont fleuri sur Facebook. Le réseau social états-unien fait un geste (non fiscal. Pas de petits profits, y compris en matière d'image) envers la France, vu l'impact médiatique qu'a généré cet événement macabre. Et j'imagine que parmi vous, chers lecteurs, certains ont fait ce geste. Ce que je peux comprendre puisque j'en ai fait autant.
Si j'ai agi ainsi, et je m'en suis expliqué, c'est en référence à la Révolution française et à son tournant radical de 1793-1794. Néanmoins, je ne peux pas (et ne dois pas) oublier que ce drapeau signifie pour nombre de descendants d'esclaves et de colonisés, ce dont j'en fais partie également, la politique raciste et (néo)coloniale de la France depuis Napoleone Buonaparte (pardon, Napoléon Bonaparte), avec des arguments vaseux de "mission civilisatrice" envers des "races inférieures" (Jules Ferry, le Falloux laïc d'après l'historien Henri Guillemin). Et ça, j'ai essayé de le rappeler à certains amis non-racisés (blancs) sur Facebook, mais rien à faire. Pour eux, les anti-drapeau tricolore sont des mauvais français qui ne comprennent pas la charge symbolique (originelle seulement) du drapeau bleu-blanc-rouge. Mais eux aussi ne comprennent pas la charge de violence impérialiste qu'a généré depuis plus de deux siècles ce même drapeau (cf lien n°2). Et par leur comportement, ces pro-drapeau le sacralisent comme fut sacralisé Charlie Hebdo en janvier dernier. Et ça, c'est un aspect aliénant et donc dangereux. Pourquoi, me direz-vous? Car ça veut imposer un seul type de réaction face à une tragédie et ça a des accents totalitaires tels qu'une dictature peut voir le jour sans trop de souci, comme celle de Bonaparte, après avoir détruit le Directoire en novembre 1799.
P.S: J'ai mis cet extrait de l'émission Ce Soir ou jamais!, daté de septembre 2014, où l'ancien Premier ministre Dominique de Villepin explique à quel point la France est dans un cercle vicieux au sujet de la situation en Syrie. C'est terriblement lucide!
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