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JoSeseSeko

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"Il ne faut jamais prendre les gens pour des cons, mais il ne faut pas oublier qu'ils le sont." Cette phrase résume une recherche de vérité, de développer de l'information sur une variété de sujets, notamment l'économie, la politique et l'histoire. Et ce, dans plusieurs pays du monde.


La famille Traoré, symbole de l'oppression politico-judiciaire

Publié par JoSeseSeko sur 24 Novembre 2016, 14:51pm

Catégories : #Europe, #France, #Police, #Justice, #Racisme, #Traoré

Photo: Idir Hocini/ Bondy Blog

Photo: Idir Hocini/ Bondy Blog

L'arrestation et la mise en détention provisoire de deux des frères d'Adama Traoré, mort en juillet 2016 après une interpellation par les gendarmes, suscite l'indignation de la part de Français non-blancs, à l'heure où l'État, les collectivités locales devraient faire profil bas, vu leur incapacité à être juste pour tous les citoyens.

"Tous les animaux sont égaux mais certains sont plus égaux que d'autres". Cette phrase de l'écrivain britannique George Orwell résume bien la situation de la famille Traoré, vivant à Beaumont-sur-Oise (Val-d'Oise), depuis l'été. Le 19 juillet 2016, Adama Traoré est retrouvé mort après une interpellation par la gendarmerie. S'en est suivi un développement politico-judiciaire, avec des déclarations du procureur de la République de Pontoise, Yves Jannier, indiquant qu'Adama Traoré serait mort suite à des problèmes de santé, et non par des coups portés par des forces de l'ordre. Or, les rapports d'autopsie mentionnent à chaque fois une asphyxie comme cause fatale pour Traoré, de même que les dépositions des gendarmes auprès des enquêteurs indiquent que le défunt avait le poids de trois hommes sur lui, l'empêchant ainsi de respirer, provoquant cette fameuse asphyxie.

Acharnement

Malgré cela, et des manifestations pour réclamer la vérité et la justice "pour Adama" Traoré, ça n'avance guère dans ce sens-là. Pis, l'acharnement politique vient s'en mêler. La maire UDI de Beaumont-sur-Oise, Nathalie Groux, porte plainte envers la famille Troré pour "diffamation", engageant les frais de justice sur le fonds municipal, au nom de la protection fonctionnelle (cf lien n°1). C'est donc le contribuable qui va payer la note au lieu de l'édile. Et ça se dit vouloir réduire les dépenses publiques! En outre, mardi 22 novembre, deux frères du défunt, Bagui et Youssouf Traoré, ont été interpellés en raison de heurts en marge du conseil municipal de mi-novembre. Accusés de violences et outrages contre des policiers, ils ont été placés en détention provisoire en attente de leur procès, qui aura lieu le 14 décembre prochain. Signe que la famille Traoré serait gênante, aux yeux d'Assa Traoré, sœur de la victime et des deux personnes incarcérées (cf lien n°2). Et ce, d'autant plus que la famille voulait tenir une conférence de presse le 22 novembre, pendant la séance du conseil municipal, mais ce dit conseil a été annulé.

Un symbole

Mais ce qui frappe l'esprit, c'est qu'une famille pourtant installée depuis des années, faisant son chemin, devient, par la tragédie, un symbole de ce que Stokely Carmichael appelait le "racisme institutionnel". C'est-à-dire un racisme qui s'exprime par les institutions et les personnes qui la représentent, abusant sournoisement de leur pouvoir, afin de maintenir un ordre social dans lequel la question pigmentaire se greffe sans aucune difficulté, pour mieux diviser les masses, les rendre irréconciliables. Et en France, ça donne l'impression d'un apartheid un poil plus subtil que celui qui fut officiellement en place en Afrique du Sud dans la seconde moitié du XXe siècle, mais le fond reste une domination des Français blancs sur les Français dits "racisés", en particulier avec la justice qui se transforme en "femme pleine de vices" envers les "non-blancs", mais épargne souvent les forces de l'ordre (social). Souvent, mais pas toujours car le 9 novembre dernier, la Cour de cassation condamne l'État pour contrôle au faciès. Ce qui est une première historique dans l'Hexagone (cf lien n°3), dans un contexte où des flics manifestaient en étant armés dans le pays.

Un soutien élargi?

Suite à l'arrestation des deux frères d'Adama Traoré, l'indignation s'est emparée des réseaux sociaux avec le hashtag #JeSoutiensLaFamilleTraoré, indiquant une certaine solidarité de la part de plusieurs personnes, se reconnaissant dans cette tragédie que vit cette famille.

Ces messages de soutien comportent également une critique politique de la situation, étant donné que la primaire de la droite va se terminer dimanche 27 novembre, avec un François Fillon ayant à gérer l'avance confortable qu'il a eue au premier tour, face à Alain Juppé. Notamment envers les électeurs de gauche qui se seraient mobilisés pour la primaire de la droite:

Et pour le coup, ça pose la problématique des relations entre la gauche, notamment sa version radicale, et l'antiracisme. Des rendez-vous manqués qui sont source de rancœurs de part et d'autre, malgré une certaine envie de parvenir à une "convergence des luttes", le slogan du mouvement Nuit Debout, au printemps dernier. Mais pour que cette dite convergence se fasse, il faudra que la gauche combatte le fraternalisme qui la ronge en son sein. Aimé Césaire, qui avait dénoncé ce phénomène il y a 60 ans, reste complètement d'actualité sur ce point.

D'ailleurs, c'est au poète Martiniquais que revient le mot de la fin, en écho à l'acharnement que subit la famille Traoré: "Le nègre vous emmerde".

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