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JoSeseSeko

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"Il ne faut jamais prendre les gens pour des cons, mais il ne faut pas oublier qu'ils le sont." Cette phrase résume une recherche de vérité, de développer de l'information sur une variété de sujets, notamment l'économie, la politique et l'histoire. Et ce, dans plusieurs pays du monde.


La Commune refleurira!

Publié par JoSeseSeko sur 29 Mai 2021, 19:11pm

Catégories : #Histoire, #France, #IIIe République, #Socialisme, #Anarchisme, #La Commune, #Lutte des classes, #Démocratie

Photo: JoSeseSeko

Photo: JoSeseSeko

Si la Commune de Paris a été finalement écrasée par la réaction versaillaise, il y a 150 ans, cette brève expérience révolutionnaire a gardé une profonde influence depuis, que ce soit pour sa défense ou pour sa critique, dans les idées ou dans la construction matérielle.

"Oui mais!/Ça branle dans le manche/Les mauvais jours finiront/Et gare! à la revanche/Quand tous les pauvres s'y mettront (x2)". Le refrain de la chanson Semaine sanglante du communard Jean-Baptiste Clément, auteur également du Temps des cerises, marque l'espoir encore intact malgré la défaite finale face à la réaction versaillaise, le 28 mai 1871, point final d'une semaine de massacres dans Paris et d'une expérience révolutionnaire lancée le 18 mars 1871 à la surprise générale de la bourgeoisie parisienne, dans un contexte de guerre avec la Prusse, où la France perdit l'Alsace et la Moselle, causant des disparités administratives qui perdurent encore aujourd'hui, même si depuis 1919, ces territoires sont redevenus français.

Trop en avance?

150 ans après, quelle trace laisse la Commune? Si on se réfère aux mass media, pas grand-chose, vu qu'ils ont préféré pavoiser sur le bicentenaire de la mort de Napoleone Buonaparte - pardon, Napoléon Bonaparte - et lui rendre hommage, alors que le meilleur hommage qui rendu au caïd d'Ajaccio fut celui de la Commune en détruisant la colonne Vendôme, le 16 mai 1871. Peut-être qu'il faut considérer que les mass media s'inscrivent dans la tradition de la presse versaillaise, qui vociférait contre la Commune à longueur de journée et certains, comme le Figaro, toujours aussi nocif aujourd'hui, exultaient au moment de la Semaine sanglante et des crimes de guerre commis par Versailles envers Paris. D'ailleurs, il faut noter que des espaces, des rues, des monuments rendant hommage à la Commune, il n'y en a pas (ou très peu) dans Paris de nos jours, cherchant à effacer de la mémoire des personnages comme Charles Delescluze, Louis Rossel, Édouard Vaillant, Léo Frankel, Eugène Varlin, Jules Vallès, Benoît Malon, Élisée Reclus, Louise Michel, Élisabeth Dmitrieff, Nathalie Lemel, André Léo, Marguerite Lachaise, etc. Par contre, des traces de la victoire de Versailles sont visibles, notamment la colonne Vendôme reconstruite et surtout la basilique du Sacré-cœur, au sommet de la butte Montmartre, où le soulèvement a commencé le 18 mars 1871, monument "expiatoire" envers les péchés de la Commune, notamment celui d'avoir tué l'archevêque de Paris, Mgr Darboy, durant la Semaine sanglante. En vérité, le Sacré-cœur est un monument qui chie sur l'histoire de la Commune et symbolise l'opium du peuple au service (éternel) du Capital.

Finalement, peut-on se dire si la Commune de Paris était trop avant-gardiste? C'est une question qui mérite d'être posée car la Commune de Paris était une parmi d'autres qui s'organisèrent de manière similaire en France - commune de Lyon, de Marseille, de Toulouse, de Saint-Étienne, etc. -, mais ce fut celle qui dura le plus longtemps, se retrouvant d'ailleurs très isolée au fur et à mesure. Mais plusieurs décisions prises par la Commune furent reprises bien plus tard par la IIIe République, quand celle-ci s'affirma profondément. Par exemple l'école laïque, publique. Si Jules Ferry l'organisa avec ses lois scolaires de 1881-1882, la Commune l'instaura 10 ans plus tôt et de manière plus radicale que ce que Ferry mit en place ensuite. Autre célèbre l'exemple, en lien avec le précédent, c'est la Séparation des Églises et de l'État. La Commune l'instaura en avril 1871, notamment par rapport à l'Église catholique. La IIIe République reprendra cela en décembre 1905, sachant qu'il figure des exceptions comme l'Alsace-Moselle qui restent sous le format du Concordat de 1801. De même que la Commune encouragea, incita le développement de coopératives ouvrières, notamment des coopératives ouvrières féminines, vu que le patronat avait filé à Versailles en mettant la clé sous la porte. Néanmoins, la Commune resta très frileuse sur certains domaines. Pas de réduction de la journée de travail, en dépit de l'interdiction du travail de nuit. Et pas de réquisition de la Banque de France, banque privée depuis sa fondation (1800) et "enclave versaillaise dans Paris, ainsi que la Caisse des dépôts et consignations et que la Bourse" comme l'écrivit l'historien marxiste Henri Lefebvre, pour qui c'est "c’est un étonnement pour l’historien et un scandale". D'ailleurs, les dividendes de la Banque de France étaient de 80 francs en 1870, puis s'élevaient à... 300 francs en 1871 (cf liens n°1, n°2). C'est dire si la classe dominante française tenait surtout à éviter à perdre son pouvoir, acceptant de perdre du territoire.

Un héritage global

Malgré tout, la Commune laisse un grand héritage au sein de la gauche, dans le monde entier. Au surlendemain de la fin de la Semaine sanglante, Karl Marx, qui suivait régulièrement ce qui se passait dans Paris grâce à la correspondance de Dmitrieff ou de Frankel, rédigea auprès de l'Association internationale des travailleurs, la 1ère Internationale, un texte connu ensuite sous le nom de La guerre civile en France, l'obligeant à revoir son analyse du pouvoir tel qu'il l'avait pensé dans Le Manifeste du parti communiste de 1848, notamment dans l'idée que le prolétariat n'ait pas seulement à s'emparer du pouvoir, mais aussi de le transformer, voire de le détruire. De même que les réticences de nombre de communards envers la Banque de France illustraient l'influence de la pensée de Pierre-Joseph Proudhon dans le prolétariat français et que la défaite de celui-ci mena à privilégier les approches de Marx ou bien de Mikhaïl Bakounine, bien plus déterminé à supprimer toute forme d'État. Ce qui provoqua d'ailleurs une séparation au sein de l'Internationale entre marxistes (communistes) et bakouninistes (anarchistes).

Mais la Commune est restée avec le temps une référence à gauche, en France comme ailleurs dans le monde. Lénine, qui se référa beaucoup, y compris de manière critique, à la Commune, eut un drapeau rouge des fédérés dans son mausolée à Moscou. Les anarchistes espagnols s'y référèrent au moment de la guerre d'Espagne (1936-1939). Sans oublier que le communard Eugène Pottier rédigea peu après la Semaine sanglante l'Internationale, devenue l'hymne du mouvement ouvrier international, reprise dans plusieurs langues. Enfin, la pensée écologique trouve quelques racines dans la Commune car Reclus ou Michel avaient déjà fait le lien entre la dégradation de la nature par le développement du capitalisme et que la destruction du capitalisme permettra un équilibre durable entre l'espèce humaine et la nature (cf lien n°3). Ce qui renforce l'idée que le "capitalisme vert" est un oxymore, à leurs yeux.

En tout cas, la Commune a de quoi encore fournir la réflexion dans les forces socialistes, communistes, anarchistes, écologistes.

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