Samedi 22 novembre, en-dehors des manifestations au sujet du barrage de Sivens, il y eut lieu une manif à Paris, au sujet de la situation des femmes en République Démocratique du Congo, en particulier, celle des femmes de la province du Kivu, frontalière avec le Rwanda.
100 personnes minimum
J'ai suivi cette manif en raison de ces femmes violées dans l'indifférence générale, et qu'il s'agit d'un pays cher à mon cœur. Le cortège silencieux était composé d'une centaine de personnes, au minimum. En tout cas, ça n'allait pas au-delà de 200 manifestants, malheureusement. Ce n'est pas une manif comme celles organisées par des syndicats ou partis de gauche radicale, c'est sûr. Mais ça aurait pu (et dû) les intéresser, tout comme les féministes occidentales, pourtant si promptes à vouloir afficher la défense des femmes. À leur décharge, il y a eu asymétrie d'information (pour une définition pratique, cf l'histoire des hauts-fournaux Arcelor-Mittal de Florange), et ils n'auraient pas été de trop. L'occasion aussi de rappeler le courage des médecins qui s'occupent des femmes violées, notamment le docteur Denis Mukwege, gynécologue de son état à l'hôpital de Bukavu, et Prix Sakharov 2014, pour son action quotidienne.
Durant la marche, partie de la porte de Clichy jusqu'à la rue du faubourg Saint-Honoré, aux abords de l'Élysée, j'ai pu discuter avec un des manifestants, un ingénieur qui a tenu à participer pour montrer le silence assourdissant sur le sort réservé aux congo-zaïroises habitant le Kivu depuis plusieurs années, à savoir l'utilisation du viol comme arme de guerre par des soldats de l'armée congolaise, des rebelles, ou des troupes étrangères, rwandaises en particulier. Ce qui doit permettre de rappeler que c'est l'ex-Zaïre qui a le plus souffert de l'après-génocide d'il y a 20 ans au Rwanda.
Le départ de Kabila souhaité
Au vu de l'actualité continentale, avec les événements récents du Burkina Faso, les manifestants ont tenu à exiger le départ de Joseph Kabila de la présidence de la République, conformément à la Constitution de 2006, et vu qu'il a réalisé deux mandats présidentiels suite à l'élaboration de cette Constitution. En tout cas, pas question pour les manifestants de vouloir un Kabila ad vitam aeternam au pouvoir.
Cette manifestation a eu quand même le mérite de rappeler aussi que la région du Kivu est la région où se trouvent de multiples minerais, dont le coltan, utilisé comme composant pour la fabrication de smartphones ou d'ordinateurs; et dont les mineurs qui l'extraient sont rémunérés de manière dérisoire, au profit des grandes multinationales. D'ailleurs, le reportage de l'émission Cash: Investigation, sur France 2, au début du mois de novembre, a été bienvenu pour médiatiser cette partie du monde où des atrocités se font pour le bénéfice d'un petit nombre, pompant à l'envie le grand nombre.
Pour finir, je citerai volontiers une phrase de Karl Marx, issue de la Sainte famille: "Le degré de l'émancipation féminine est la mesure naturelle du degré de l'émancipation générale." Ce qui montre que c'est loin d'être gagné!