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JoSeseSeko

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"Il ne faut jamais prendre les gens pour des cons, mais il ne faut pas oublier qu'ils le sont." Cette phrase résume une recherche de vérité, de développer de l'information sur une variété de sujets, notamment l'économie, la politique et l'histoire. Et ce, dans plusieurs pays du monde.


La convergence se construit pas à pas

Publié par JoSeseSeko sur 16 Mars 2016, 19:02pm

Catégories : #Europe, #France, #Inégalités, #Racisme, #Écologie, #Socialisme, #Lutte des classes, #Syndicalisme, #Politique, #Économie

La convergence se construit pas à pas

Face à une répression déployée à grande échelle et sur de multiples axes, certains esprits à gauche réfléchissent à comment mettre en commun leurs luttes pour n'en faire qu'une. Le tout, sans qu'il y ait une récupération de la part d'un individu, comme la Ve République le permet actuellement.

Une conférence où des personnalités médiatiques, politiques ou syndicales, essaient de mettre en place un socle commun, dans l'esprit du proverbe "l'union fait la force", ça ne peut qu'être intéressant. Et ce fut le cas, mardi 15 mars, à Aubervilliers, où la revue Ballast organisa une conférence intitulée "Faire l'Union", avec comme invités, Almamy Kanouté militant associatif et porte-parole du mouvement Émergence; Karine Monségu, syndicaliste CGT à Air France; puis Edwy Plenel, journaliste, fondateur du site Mediapart.

Sortir de la torpeur

L'un des axes mentionnés par les intervenants, notamment M. Plenel, est faire mouvement face à un pouvoir qui tétanise les esprits. En particulier depuis l'instauration de l'État d'urgence, en novembre 2015, qui fait dans l'arrestation ou l'assignation à résidence de masse, à l'instar de la loi des suspects de 1793, sans convaincre de son efficacité. En effet, des Français soit de confession musulmane, soit de sensibilité écologiste, ont été majoritairement pris pour cible par les forces de l'ordre ces derniers mois, alors que leurs liens avec des organisations terroristes ne sont pas prouvés dans leurs cas, en général. De même que la justice, aux yeux de certains, peut laisser l'idée d'être une justice de classe, avec l'exemple des condamnations des syndicalistes de Goodyear à de la prison ferme, et d'autres d'Air France qui pourraient subir le même sort après l'histoire de la "chemise arrachée", comme l'a rappelé Mme Monségu dans son intervention. Dans cette situation, où un gouvernement dit de gauche est au pouvoir mais qu'il fait la politique du pire, ça conduit selon le journaliste à une paralysie de la population, dans laquelle la seule émergence possible ne pourrait venir que de l'extrême-droite.

Mais quelque part, cette torpeur, provoquée par l'État d'urgence, a muté en rage pour beaucoup de citoyens engagés à gauche, car la surenchère gouvernementale y est pour beaucoup. D'abord, l'extension de la déchéance de nationalité a sonné un réveil douloureux face à des gouvernants qui montrent une méconnaissance historique grave, se montrant bien plus à droite que les Ultras de 1816, quand ces derniers ciblèrent les régicides de 1793 ayant collaboré avec Napoleone Buonaparte (pardon, Napoléon Bonaparte). Ensuite, le projet de loi sur le Code du travail est devenu la goutte d'eau qui fait déborder le vase car pour nombre d'opposants à ce projet, c'est une volonté pour l'exécutif de servir la classe dominante ("les cols-blancs" pour M. Kanouté) en flexibilisant un marché du travail déjà bien flexible en France, contrairement à ce que les bien-pensants bassinent depuis des années, que ce soit dans les établissements d'enseignement supérieurs (Université, Grande École) ou dans les médias "mainstream". Et la manif du 9 mars 2015 a montré, de manière modeste, que le mouvement social, poussé à bout, dos au mur, a repris du poil de la bête et ne compte rien lâcher.

Un mouvement avec qui?

L'épineuse question posée durant cette conférence a été la suivante: "faire un mouvement commun, oui. Mais avec qui?" À cela, des réponses peuvent vite fuser. Pour M. Kanouté, faire mouvement avec des partis politiques serait une erreur car à ses yeux, les partis politiques actuels "ne sont pas représentatifs", notamment au sujet de la banlieue populaire. Et force est de constater qu'il n'a pas tort car malgré l'envie de participer à des débats sur une thématique telle l'austérité, les partis laissent de côté des sujets tels le racisme (institutionnel) ou le néocolonialisme, ne pouvant ainsi convaincre le prolétariat "non-blanc" de voter et de le détourner de l'abstention, symbolisant combien le vote est un "cens caché". De même que nombre de militants et sympathisants de gauche "classique" affichent un "fraternalisme" condescendant à l'égard des minorités, comme au sujet de la Marche de la dignité du 31 octobre 2015 par exemple.

Pour Mme Monségu, comme pour M. Plenel, le mouvement commun à bâtir doit être le plus large possible. Et ce, d'autant plus qu'avec la révolution numérique, le virtuel peut avoir une implication réelle. L'exemple de l'opposition au projet de loi travail, concrétisé par la manif du 9 mars, est dans les mémoires. Et avec ce front commun, c'est la volonté d'imposer son agenda dans la vie de la cité, et non celui du Front national, qui a été mis au centre ces dernières années. Mais attention, comme l'élection présidentielle approche, le piège de la personnalisation du mouvement est tout tendu par ce scrutin spécifique de la Ve République depuis 1962 et la décision d'organiser l'élection présidentielle au suffrage universel. Par conséquent, comment contrecarrer l'idée du sauveur suprême, véhiculée par l'élection présidentielle? Ce serait, selon le fondateur de Mediapart, l'organisation de listes citoyennes aux élections législatives. Problème, comme elles sont organisés un mois après l'élection présidentielle, c'est un biais favorable à la majorité présidentielle.

Des références à mobiliser

L'un des problèmes évoqué par chacun des orateurs est de pouvoir cristalliser les luttes en cours, pour qu'elles avancent d'un même pas ferme et décidé. Dans ce genre de situation, les clichés ne sont guère loin. M. Kanouté en fait part car ayant grandi dans la banlieue parisienne, il a subi, comme beaucoup d'autres, l'apartheid social made in France, dont on parle peu mais dont on pense tout le temps. Pareil pour M. Plenel, regardé comme quelqu'un qui ne fait que prêcher pour sa paroisse, ou pour Mme Monségu, en raison de son engagement syndical à la CGT et tout ce que ça comporte comme vision caricaturale du syndicalisme français.

Dans ce tableau assez gris, des notes de couleur apparaissent. Des références sont mobilisées, telles le poète et politicien Aimé Césaire, avec sa lettre à Maurice Thorez, le film Merci Patron! de François Ruffin, démontrant la crainte que peut avoir la 1ère fortune d'Europe, le français Bernard Arnault, face à un couple au chômage. Pour ma part, ça reste franco-français et il faudrait, si on s'affirme internationaliste, regarder en-dehors de l'Hexagone. Le travail de l'intellectuel trinidadien C.L.R James sur l'articulation entre les luttes noires et la lutte des classes est une source à puiser pour une gauche dans le flou. De même que certains pourraient s'inspirer de l'attitude honorable du Dr Denis Mukwege dans la reconstruction physique et sociale des femmes violées par des militaires, dans l'Est du Congo-Zaïre, mis en image par Thierry Michel dans le film l'Homme qui répare les femmes. Puis, remettre davantage en question la nécessité de la croissance pour le bien de tous, comme le font des penseurs décroissants depuis quelques années maintenant.

En vérité, ce front commun est possible car différents outils existent pour son développement. Le tout est de ne pas se marcher dessus et d'être constamment en vigilance.

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