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JoSeseSeko

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"Il ne faut jamais prendre les gens pour des cons, mais il ne faut pas oublier qu'ils le sont." Cette phrase résume une recherche de vérité, de développer de l'information sur une variété de sujets, notamment l'économie, la politique et l'histoire. Et ce, dans plusieurs pays du monde.


Cercle vicieux entre une partie de la jeunesse et de la police

Publié par JoSeseSeko sur 3 Janvier 2018, 16:44pm

Catégories : #Économie, #Politique, #Europe, #France, #Police, #État, #Capitalisme, #Faits Divers

Photo: AFP

Photo: AFP

L'agression de deux policiers à Champigny-sur-Marne au soir du réveillon de l'an, filmée et diffusée sur les réseaux sociaux, a suscité de vives réactions de soutien, notamment pour la policière attaquée, mais surtout des commentaires haineux à l'égard de la vingtaine de crétins qui s'en sont pris à ces agents de police. De quoi hurler au laxisme au sujet de la violence envers les policiers, tout en voulant nier les violences policières. Or, ces violences se nourrissent mutuellement, dans le cadre du mode de production capitaliste.

Pour ce premier article de l'année 2018, je compte écrire un tant soit peu sur l'agression dont ont été victimes deux policiers à Champigny-sur-Marne (Val-de-Marne), la nuit du réveillon de l'an. Ces deux policiers se sont retrouvés face à une vingtaine de jeunes qui, voyant leurs uniformes, se sont jetés sur eux, les ruant de coups, même quand ces fonctionnaires furent par terre, notamment envers la policière, selon le témoignage d'Ali, venu au secours de la policière (cf lien n°1). Les policiers vont avoir sept à huit jours d'interruption temporaire de travail, suite aux coups reçus. Le parquet de Créteil a lancé une enquête pour "mise en danger de la vie d'autrui" et "ouverture d'un établissement sans autorisation" (cf lien n°2).

Une soirée mal gérée

En effet, le lieu de la soirée, organisée par une église évangélique (christianisme), n'offrait pas de garanties de sécurité quant à l'accueil de personnes à l'occasion du passage à 2018. Comme l'indique Ali dans son témoignage, il y avait "deux vigies pour 800 personnes". De quoi se laisser déborder. Et ce, d'autant plus qu'après minuit, le tarif d'entrée passait de 15 à 20€, poussant plusieurs personnes à créer de la cohue dans une foule qui patientait dehors. Et face à cette dite cohue, où les gens se marchaient dessus et où un muret a cédé face à la présence de la foule, l'organisateur de la soirée a prévenu la police, afin de sécuriser l'accès à la salle. Or, selon Ali, du gaz lacrymogène et des tirs de flash-ball ont été utilisés par plusieurs policiers, une fois arrivés sur les lieux, afin de libérer de l'espace. Une version confirmée par un syndicaliste policier auprès du journal Le Monde au sujet des gaz lacrymogène (cf lien n°3). Et c'est à partir de ce moment-là que des jeunes frustrés d'être repoussés, retournent une voitures, puis tombent sur deux autres policiers arrivés en renfort et que certains d'entre eux - garçons et filles confondues selon Ali -, se défoulent sur ces flics en raison de leur uniforme, ces derniers tombant au mauvais endroit, au mauvais moment, risquant de se faire lyncher.

Il n'y a pas de quoi excuser ce défouloir de violence envers deux fonctionnaires de police. Et vivement que l'enquête en cours puisse retrouver les auteur(e)s de ces violences envers des policiers. Ce qui devrait potentiellement se faire vu les vidéos prises et diffusées sur les réseaux sociaux. Mais il est clair que l'organisateur de la soirée, qui a été mal gérée - un euphémisme! -, devra en rendre compte, vu la tournure des événements et étant donné combien la gestion des invitations a été défaillante.

Dégradation continue

Cette histoire, qui aurait pu être tragique, illustre la dégradation dans les relation entre une partie de la jeunesse vivant en banlieue et la police. De même que ça illustre une certaine vision qu'ont nombre de citoyens envers les jeunes banlieusards. À première vue, on serait tenté de dire que la jeunesse déteste tout ce qui peut être relatif à l'autorité, la police en étant un symbole parmi d'autres, et qu'il s'agirait de crétins, de connards, ou de nihilistes n'ayant pas grand-chose en commun avec le nihilisme de jadis. D'autant plus que, selon certains, ils jouiraient d'une grande impunité de la part de la justice, relâchant les délinquants très rapidement. Mais si on partait dans l'explication, la recherche de compréhension, d'autres choses apparaitraient. Mais "expliquer, c'est excuser" parait-il. Tant pis pour celles et ceux qui croient en ce non-sens intellectuel, mais il est nécessaire de chercher des explications.

D'abord, s'il existe un sentiment de laxisme envers les violences envers des policiers aux yeux des bien-pensants et des policiers eux-mêmes, avec l'exemple de l'agression de plusieurs policiers à Viry-Châtillon (Essonne) en octobre 2016, il existe un sentiment d'impunité au sujet des violences policières, aux yeux des habitants des quartiers populaires, notamment pour plusieurs jeunes. La mort d'Adama Traoré à Beaumont-sur-Oise (Val-d'Oise), le 19 juillet 2016; le viol de Théo Luhaka le 2 février 2017 à Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) ou encore la mort de Liu Shaoyao dans le 19e arrondissement de Paris, le 26 mars 2017, sont des exemples qui ont marqué les esprits et accentué la méfiance de la population envers la police. Sans compter la répression des manifestations contre la Loi travail au printemps 2016 ou encore le renforcement du cadre de la légitime défense voté par l'Assemblée nationale en février 2017, qui illustre une américanisation de la France.

Capitalisme et racisme

Cette américanisation est souhaitée par certains sur les réseaux sociaux, croyant que les policiers US, usant de leur arme tous azimuts, se font respecter. Mais ces ignares omettent de prendre en compte le racisme institutionnel dans la police états-unienne, pourtant visible ces dernières années, affichant une constante macabre assez incroyable quand on y songe. Mais ce racisme institutionnel est en lien avec le capitalisme. En effet, ce mode de production tend à vouloir retrouver la forme qu'il avait au 19e siècle, avec un État qui soit à son service exclusif, et non au service du plus grand nombre. D'où l'insistance à une série de coupes budgétaires, souvent imposées par la pression de la classe dominante qui menace d'exil fiscal, puis des partenaires européens. Y compris pour la police, et tout particulièrement la police présente en banlieue, qui pourtant ne cesse de rapporter que ses moyens se dégradent d'année en année et qu'ils sont insuffisants pour garantir la sécurité des habitants des quartiers populaires. En outre, les moyens mis pour la police dans le tout-répressif contre le trafic de cannabis sont largement contre-productifs car la part de Français consommant cette drogue a presque quadruplé sur les 25 dernières années.

Par contre, pour ce qui est de faire de la répression envers les mouvements susceptibles de remettre en cause le capitalisme et sa violence intrinsèque, à travers le chômage par exemple, la classe dominante peut compter sur cette force de l'État. Ce qui signifie que les coupes budgétaires envers la police vont jusqu'à un certain point. Et puis, élément important, c'est que le vote des policiers se tourne de plus en plus vers le Front national, à travers l'angle raciste, passéiste développé par le parti d'extrême-droite, qui séduit les policiers. Et comme beaucoup de personnes "issues de l'immigration" sont des prolétaires vivant en banlieue et fortement exposées au chômage de masse, ça permet à la bourgeoisie - y compris sa (rare) partie non-blanche - de taper sur le prolétariat et de le diviser sur la question pigmentaire avec un paternalisme qui séduit les personnes défendant pourtant le socialisme, le communisme, l'anarchisme, affichant un fraternalisme qui les distancie des quartiers. Du coup, pas étonnant que le militantisme politique a du plomb dans l'aile et que l'abstention atteigne des records (ou presque) lors de l'élection présidentielle et des élections législatives de l'année dernière.

Mais ce cercle vicieux dans lequel on se trouve ne présage rien de bon pour la suite, en l'absence de remise en question générale.

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