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JoSeseSeko

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"Il ne faut jamais prendre les gens pour des cons, mais il ne faut pas oublier qu'ils le sont." Cette phrase résume une recherche de vérité, de développer de l'information sur une variété de sujets, notamment l'économie, la politique et l'histoire. Et ce, dans plusieurs pays du monde.


France insoumise: un chemin rassembleur ou sectaire?

Publié par JoSeseSeko sur 1 Février 2018, 12:36pm

Catégories : #Politique, #Europe, #France, #FI, #Mélenchon, #Élections, #Socialisme, #Histoire, #Jaurès

Photo: Alain Robin

Photo: Alain Robin

La France insoumise tient à renforcer ses bases, à travers son école de formation pour ses militants, s'inscrivant ainsi dans une tradition ancrée à gauche sur l'éducation populaire et militante, comme le fit naguère le Parti communiste. Mais sa grande figure, Jean-Luc Mélenchon, ne souhaite plus d'alliances avec d'autres partis de gauche, vu les législatives partielles. Une attitude jugée sectaire par certains militants, souhaitable pour d'autres. Signe que le sujet est sensible.

Plusieurs médias écrivent, avec une certaine curiosité doublée d'un esprit un tant soit peu goguenard, quelques articles sur le projet d'école militante du côté de la France insoumise (FI), ces derniers jours (cf liens n°1 et 2). Mené par Manon Le Bretton, ex-candidate FI aux législatives de juin dernier dans 3e circonscription de l'Aude, et Thomas Guénolé, politologue, ce projet repose sur le principe de fournir une formation militante, pédagogique, en libre accès sur le web, y compris à des personnes qui n'auraient pas, dans un premier temps, été adhérentes au mouvement lancé par Jean-Luc Mélenchon en 2016, pour sa candidature à l'élection présidentielle de 2017. De quoi inciter certains médias à penser que la FI, et tout particulièrement Mélenchon, tisserait sa toile sur la toile, vu le succès du député des Bouches-du-Rhône avec sa chaine Youtube puis le lancement du journal Le Média, le 15 janvier, qui est estampillé FI selon les observateurs.

Tradition

Cette démarche se veut être dans la continuité du travail fourni par la base du mouvement au moment de la rédaction du programme présidentiel, l'Avenir en commun, afin de fournir un contenu compréhensible, avec une explication de la "philosophie insoumise", tout en prenant soin d'éviter le formatage, voire le bourrage de crâne. Ce dont se défendent Le Bretton et Guénolé à travers les réponses qu'ils ont pu donner aux journalistes sur ce sujet. Et s'il y a une "philosophie insoumise", il y a forcément des références intellectuelles qui la composent. Si on devait faire quelques suppositions, ce serait un peu de références aux travaux de Karl Marx sur sa critique du capitalisme, de l'économie politique; ceux d'Antonio Gramsci sur l'hégémonie culturelle; ou encore des références sur le populisme, avec notamment Chantal Mouffe, qui inspire beaucoup Mélenchon ces dernières années. Mais chez les coordinateurs du projet, l'eFI - nom de code pour l'école de la France insoumise - doit jongler avec l'actualité pour apporter des éléments intellectuels.

Après, cette école s'inscrit dans une tradition qu'est l'éducation populaire, qui trouverait ses racines durant l'affaire Dreyfus, à la fin du XIXe siècle, afin d'insuffler un message humaniste. Donc, l'idée d'une formation militante n'est pas tellement nouvelle en soi. Après tout, le Parti communiste (PC) avait fortement développé une politique de formation de ses militants, afin de leur fournir des connaissances sur la pensée communiste, principalement Marx et les marxistes, du temps où son poids électoral correspondait à environ 20%. Depuis la fin de l'URSS, c'est plus compliqué, signe que le parti politique classique n'attire plus tellement des citoyens.

Mélenchon, l'anti-Jaurès

Mais il n'y a pas que la question de la formation militante qui met la FI sous les projecteurs en ce début 2018. Il y a aussi son membre le plus charismatique, Mélenchon, qui tient à être expressif. Dans un billet blog consacré aux législatives partielles du dimanche 28 janvier dans le territoire de Belfort et le Val-d'Oise, le président du groupe parlementaire FI à l'Assemblée nationale revient sur la performance électorale de ses camarades candidates dans ces deux circonscriptions, tout en prenant soin de faire une distinction. Du côté de Belfort, la FI avait reçu le soutien du PC et du Mouvement républicain et citoyen, face à Europe écologie-les Verts (EELV) et le Parti socialiste (PS). Dans le Val-d'Oise, la FI devait se démerder face au PS, à EELV et au PC. Il en ressort à chaque fois que la FI est la première force de gauche (11,6% à Belfort; 11,5% dans le Val-d'Oise), mais Mélenchon insiste surtout sur le dernier score car pour lui, il y aurait une progression du vote insoumis par rapport au mois de juin dans la circonscription en raison de cette autonomie et de la concurrence envers les autres partis, tandis que ça stagne à Belfort, sanctionnant ainsi, à ses yeux, la "tambouille" électorale organisée au niveau local avec le PC et le MRC (cf lien n°3). Il faut dire, pour comprendre son argumentaire, que le PC, le MRC ou EELV ont souvent organisé des alliances avec le PS, du temps où ce parti était dominateur dans la gauche française. Or, le quinquennat de François Hollande a marginalisé le PS et les électeurs ne risquent pas de l'oublier de sitôt.

Toujours est-il que cette lecture est mauvaise, à deux points de vue. D'abord, et pourtant Mélenchon l'avoue dans son billet de blog, le dégagisme, terme qu'il affectionne, s'exprime "sous la forme de l'abstention". Et cette dernière a été encore plus forte qu'en juin dernier, surtout dans le Val-d'Oise. Donc, de facto, la FI est affaiblie, tout comme l'ensemble de la classe politique. Donc, la petite fanfaronnade se heurte à la désertion électorale, au "cens caché". Ensuite, le propos de Mélenchon, en principe basé sur de l'intransigeance envers les autres partis de gauche qui ont des points de désaccord avec la FI, peut être interprété comme du sectarisme absolu, où toute initiative d'union des forces de gauche serait automatiquement mal vue de sa part. Et de la part d'une personne qui a pour référence politique Jean Jaurès - et d'autres personnages comme Maximilien Robespierre -, il y a de quoi dire que Mélenchon se montre être l'anti-Jaurès. Pourquoi affirmer cela? Jaurès combattait le sectarisme des forces de gauche, dont le fond politique, intellectuel se rejoignait, à savoir le socialisme, mais dont les leaders charismatiques s'étripaient les uns envers les autres, à la fin du XIXe siècle. Et Jaurès mena une lutte pour rassembler les socialistes dans un seul parti et y parvint, avec l'aide d'autres personnalités telles Jules Guesde, Jean Allemane, Édouard Vaillant, Paul Lafargue, Jean Longuet, avec la fondation de la Section française de l'Internationale ouvrière, ancêtre du PS, en 1905. Et là, Mélenchon considère comme "tambouille", tout rapprochement avec d'autres partis dont les idées peuvent être des nuances par rapport à celles développées par la FI. Ce qui ne peut que freiner une dynamique favorable à une expression critique envers le pouvoir actuel et son orientation libérale.

Bref, on est en mode "retour vers le futur" à gauche en France, où l'héritage politique de Jaurès est enterré.

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