Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

JoSeseSeko

JoSeseSeko

"Il ne faut jamais prendre les gens pour des cons, mais il ne faut pas oublier qu'ils le sont." Cette phrase résume une recherche de vérité, de développer de l'information sur une variété de sujets, notamment l'économie, la politique et l'histoire. Et ce, dans plusieurs pays du monde.


Liberté de la presse en fonction du capital

Publié par JoSeseSeko sur 3 Octobre 2023, 17:09pm

Catégories : #Médias, #Presse, #Économie, #Capitalisme, #Arnault, #Bolloré, #France, #Europe

Photo: Flickr/Philippe Evezard

Photo: Flickr/Philippe Evezard

L'ouverture des états généraux de l'information, dans un contexte de renforcement de la concentration de mass media aux mains d'affairistes milliardaires à l'agenda idéologique affirmé et de verrouillage du travail de journalistes indépendants, donne l'occasion de voir combien la liberté de la presse tend à s'effriter en France.

"La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l'Homme : tout Citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l'abus de cette liberté dans les cas déterminés par la Loi." L'article 11 de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789, en plus de la loi du 29 juillet 1881, détermine le cadre de la liberté de la presse en France. Un cadre qui serait bon à pouvoir réaffirmer à l'issue des états généraux de l'information, qui sont lancés ce mardi 3 octobre, tant les évolutions de ces dernières années, et de dernières actualités chaudes soulignent la fragilité de cette liberté tant proclamée depuis la Révolution française (cf lien n°1).

Le capital au pouvoir

L'une des premières menaces pesant sur la liberté de la presse est la concentration de journaux aux mains d'un petit nombre d'affairistes. Ces derniers, en l'occurrence Bernard Arnault, Vincent Bolloré, Patrick Drahi, Matthieu Pigasse, Daniel Kretínsky, Xavier Niel, Rodolphe Saadé, détiennent des médias pour plusieurs raisons: s'assurer qu'ils soient un relais efficace auprès du pouvoir exécutif ou de faire pression auprès de ce dernier en cas de brouille sur une affaire (marchés publics, par exemple); ne pas se retrouver enquêté par la rédaction désormais sous contrôle, mais ne pas s'interdire d'enquêter sur un affairiste concurrent; avoir un levier d'opinion pour mieux aliéner cette dernière et l'empêcher de penser à des alternatives grâce à des chiens de garde fort zélés - Cyril Hanouna par exemple -.

Certes, il y a des nuances entre tous ces affairistes qui contrôlent 90% de la presse française, mais les raisons évoquées ci-dessus suivent une idée communément partagée chez eux. C'est la défense mordicus du capitalisme, quand bien même ce mode de production est malade, rend malade tout ce qui l'entoure. Ce qui le rend encore plus dangereux, d'ailleurs. Et les mass media contrôlés par ces capitalistes jouent leur partition, avec même une tendance à conduire à une extrême-droitisation du débat public, symbolisée par exemple sur le traitement médiatique des "vagues migratoires" vers l'Europe - qui sont minoritaires à l'échelle globale, soit dit en passant -, ou sur les violences policières, constamment niées alors qu'elles sautent de plus en plus aux yeux de tous.

Verouillage en cascade

Autre menace, c'est la judiciarisation des procédures à l'encontre des médias. Au-delà des procédures bâillons, dont Bolloré en est un utilisateur coutumier quand une enquête journalistique le dérange, il y a des perquisitions lancées par la justice ou sur demande des services de renseignement qui inquiètent. Le quotidien en ligne Mediapart a vu une tentative de perquisition dans ses locaux en février 2019, suite à une enquête journalistique sur l'affaire Benalla et que fin novembre 2022, un article fut un temps censuré par la justice au sujet d'une affaire de chantage sexuel de la part du maire de Saint-Étienne Chistian Perdriau. Le média Disclose est dans le collimateur de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) depuis quelques années, avec le journaliste Michel Despratx interrogé en 2019 au sujet de son enquête sur l'utilisation d'armes françaises vendues à l'Arabie Saoudite dans la guerre au Yémen, ou bien fin septembre, la perquisition et le placement en garde à vue de la journaliste Ariane Lavrilleux par rapport à son enquête sur la répression menée en Égypte grâce à l'utilisation d'informations fournies par les services de renseignement... français et la recherche par la DGSI de lui soutirer sa (ou ses) source(s). Ce qui est contraire à l'article 2 de la loi de 1881 sur la liberté de la presse

N'oublions pas aussi que depuis l'arrivée d'Emmanuel Macron au pouvoir, bien chouchouté par les mass media contrôlés par les milliardaires évoqués ci-haut, la législation se montre de plus en plus restrictive à l'égard des journalistes. La loi sur le secret des affaires en 2018 en est une première illustration, afin de limiter les journalistes sur des enquêtes concernant des sociétés ou des affairistes faisant du détournement d'argent public, de l'évasion fiscale, de l'espionnage, de protéger les sources de ces enquête ou de permettre à des lanceurs d'alerte d'envoyer un signal sur un problème. La loi Sécurité globale, fin 2020, voulant empêcher aux journalistes - et aux citoyens - de filmer des policiers en pleine action de violences policières, suit cette ligne de verrouillage de l'information par le pouvoir. De quoi être tenté d'entonner la marche funèbre du journalisme en France, tant la méfiance des citoyen(ne)s envers la presse est profonde, grandement exprimée durant les Gilets jaunes.

Toujours est-il que nous devons garder en mémoire ces mots de l'économiste Francis Delaisi dans La Guerre qui vient (1911).

  • "En dépit des apparences démocratiques [en France], le peuple, on le sait, ne gouverne plus et ne contrôle plus ses gouvernants. Une petite bande de capitalistes se sont emparés des Conseils d'administration des grandes Sociétés financières; ils tiennent en leurs mains les banques, mines, chemins de fer, compagnies de navigation, d'eau, de gaz, d'électricité, bref tout l'outillage économique de la France [...] ils dominent le Parlement, disposent des ministres et prennent à leur solde la grande presse qui fait l'opinion publique. Habilement cachés derrière le paravent démocratique, ils sont en réalité les maîtres des destinées du pays."
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article

Archives

Nous sommes sociaux !

Articles récents